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Manifestations au Pakistan : Islamabad Sous Tension, Washington Implore le Calme

Au Pakistan, des milliers de partisans de l'ex-Premier ministre Imran Khan défient les autorités aux portes d'Islamabad. La police réprime les manifestants alors que les États-Unis...

Aux premières lueurs de l’aube ce mardi, une marée humaine déferle aux abords d’Islamabad. Des milliers de partisans de l’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan, déterminés à obtenir sa libération, font face aux forces de l’ordre lourdement déployées. Malgré les tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, la foule ne semble pas vouloir reculer. Dans ce face-à-face tendu, un policier aurait perdu la vie et neuf autres seraient dans un état critique, selon des sources officielles qui restent avares de détails sur les circonstances exactes.

Le week-end dernier déjà, Imran Khan, figure emblématique de l’opposition, avait appelé ses soutiens à converger vers la capitale pour réclamer sa remise en liberté. Depuis les provinces voisines du Pendjab et de Khyber Pakhtunkhwa, bastion de son parti le Tehreek-e-Insaf (PTI), des cortèges de manifestants ont pris la route, bravant les interdictions de rassemblement décrétées par les autorités.

Une capitale sous haute surveillance

Face à cette démonstration de force, Islamabad s’est transformée en camp retranché. Plus de 20 000 membres des forces de sécurité quadrillent la ville, bloquant les principaux axes d’accès avec des containers. « Ceux qui viendront ici seront arrêtés », a prévenu le ministre de l’Intérieur Mohsin Naqvi, déterminé à empêcher tout rassemblement au cœur de la capitale.

Malgré les menaces, les partisans d’Imran Khan restent inflexibles. « Nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour lui », martèle Kalat Khan, 56 ans, qui se définit comme « un soldat d’Imran Khan ». Le chef du gouvernement de Khyber Pakhtunkhwa, Ali Amin Gandapur, a même lancé un ultimatum aux autorités :

Vous pouvez nous tirer dessus, nous bombarder et bloquer les routes avec vos containers. Si ça dégénère, vous serez responsables.

Ali Amin Gandapur, chef du gouvernement de Khyber Pakhtunkhwa

L’ombre des poursuites judiciaires

Ancien héros du cricket devenu homme politique, Imran Khan est poursuivi dans une centaine d’affaires, principalement pour corruption ou incitation à des manifestations violentes. En juillet dernier, un panel d’experts de l’ONU avait jugé sa détention « arbitraire » et réclamé sa libération immédiate.

Malgré sa chute du pouvoir en avril 2022, le charismatique leader conserve une forte popularité, comme en témoignent les mobilisations massives de ses sympathisants lors de son arrestation il y a plus d’un an. Récemment encore, une dizaine de députés du PTI ont été interpellés quelques jours après le vote d’une loi encadrant les rassemblements dans la capitale.

Washington appelle à la retenue

Face à ce regain de tensions, les États-Unis ont appelé toutes les parties à faire preuve de retenue. Dans un contexte régional explosif, Washington craint qu’une escalade ne déstabilise un peu plus ce pays doté de l’arme nucléaire, déjà fragilisé par une grave crise économique et des violences récurrentes entre sunnites et chiites.

Alors que l’étau se resserre autour d’Islamabad, nul ne peut prédire l’issue de ce bras de fer à haut risque entre un pouvoir déterminé à en découdre et une opposition qui semble prête à aller jusqu’au bout. Une chose est sûre : le Pakistan, miné par des décennies d’instabilité politique, joue une fois de plus son avenir dans les rues de sa capitale.

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