Alors que le Kenya traverse une période économique difficile, les rues de Nairobi ont été le théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Des milliers de jeunes Kenyans sont descendus dans la rue pour protester contre la hausse des taxes sur les produits de première nécessité, une mesure controversée adoptée par le gouvernement pour renflouer les caisses de l’État. Mais la répression policière a été brutale, faisant plusieurs victimes et soulevant l’indignation de la population.
Une Jeunesse en Colère Face à la Crise
Brandissant des pancartes et scandant des slogans hostiles au président William Ruto, les manifestants ont exprimé leur ras-le-bol face à la dégradation de leurs conditions de vie. Avec un taux de chômage de plus de 30% chez les jeunes, cette frange de la population est particulièrement touchée par la crise économique qui secoue le pays.
Ruto doit partir, j’ai voté pour lui mais il nous a trahis. Nous ne voulons pas de sa loi ni de son gouvernement.
James, étudiant de 22 ans
Le mouvement de contestation, baptisé “Occupy Parliament”, s’est rapidement structuré sur les réseaux sociaux. Contrairement aux manifestations habituelles menées par l’opposition, celle-ci se distingue par son caractère apolitique et pacifique, du moins jusqu’aux récents débordements.
Le Parlement Envahi, la Violence s’Intensifie
La situation a dégénéré lorsqu’une partie des manifestants a réussi à pénétrer dans l’enceinte du Parlement, saccageant et incendiant une partie des locaux. En réponse, la répression policière s’est durcie, faisant usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau et tirant à balles réelles. Le bilan provisoire fait état d’au moins cinq morts et des centaines de blessés.
Des associations de défense des droits humains dénoncent également l’arrestation arbitraire d’une cinquantaine de manifestants et la disparition d’une vingtaine de leaders présumés du mouvement. Face à l’ampleur de la contestation, l’armée a été déployée tandis que le président Ruto promet de réprimer fermement “l’anarchie”.
Un Budget Sous Pression, le Kenya Dos au Mur
Si ces mesures fiscales impopulaires ont mis le feu aux poudres, elles s’inscrivent dans un contexte budgétaire tendu pour le Kenya. Avec une dette publique colossale qui atteint 76 milliards d’euros, soit 70% du PIB, le pays peine à boucler son budget sans recourir à l’emprunt.
Sous la pression du FMI qui conditionne son aide à une augmentation des recettes fiscales, le gouvernement espérait lever plus de 2 milliards d’euros supplémentaires grâce à cette loi de finances. Mais les manifestants se montrent peu sensibles à ces arguments, pointant du doigt la gabegie de l’État et la corruption endémique qui gangrène le pays.
Nous ne sommes pas les rats de laboratoire du FMI !
Slogan des manifestants
Malgré les appels au calme de la communauté internationale, la situation reste explosive au Kenya. Le président Ruto parviendra-t-il à apaiser la colère de la rue tout en redressant les comptes publics du pays ? L’équation s’annonce compliquée pour celui qui avait promis de venir en aide aux plus modestes lors de son élection en 2022. Une chose est sûre, la jeunesse kenyane ne compte pas se laisser faire et entend bien faire entendre sa voix, quitte à en payer le prix du sang.