Imaginez une ville déchirée par des mois de guerre, où soudain, la colère se retourne contre ceux qui prétendent la diriger. À Gaza, ce scénario se déroule sous nos yeux : des centaines de personnes, réunies dans les rues poussiéreuses de Gaza-ville, ont crié leur ras-le-bol mercredi dernier. Leurs mots, simples mais puissants, résonnent comme un défi : « Hamas dehors ! » Un jour plus tôt, à Beit Lahia, une foule encore plus imposante avait déjà donné le ton. Que se passe-t-il dans cet enclave ravagée ?
Une Révolte Inédite dans un Contexte Explosif
Ce n’est pas une simple manifestation. C’est un cri qui déchire le silence d’une population épuisée par plus de 17 mois de conflit. À Gaza-ville, des témoins racontent une scène saisissante : des hommes et des femmes, rassemblés autour d’un drapeau palestinien, scandant à l’unisson leur rejet du mouvement qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. La veille, dans le nord, à Beit Lahia, un rassemblement similaire avait marqué les esprits par son ampleur, le plus grand depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.
Pourquoi Maintenant ?
Le timing de ces manifestations n’est pas anodin. Après une trêve fragile de près de deux mois, les bombardements israéliens ont repris de plus belle le 18 mars, plongeant à nouveau Gaza dans le chaos. La population, déjà à bout, semble pointer du doigt ceux qu’elle juge responsables de cette spirale de destruction. « Hamas terroriste », ont crié certains à Beit Lahia, un slogan qui traduit une frustration accumulée face à une situation humanitaire devenue insoutenable.
De plus en plus de gens ici réalisent que ce mouvement ne leur apporte que ruine et désolation.
– D’après une source proche des événements
Depuis le 2 mars, les points de passage pour l’aide humanitaire sont fermés, une décision israélienne visant à faire plier le Hamas pour libérer les otages enlevés il y a plus d’un an. Mais pour les habitants, ce blocus ne fait qu’aggraver une crise déjà dramatique : famine, pénurie de médicaments, infrastructures en ruines. Dans ce contexte, la colère monte, et elle se dirige désormais vers l’intérieur.
Un Mouvement qui Prend de l’Ampleur
Les appels à manifester ne se sont pas arrêtés là. Dès mardi soir, des messages anonymes ont circulé sur Telegram, invitant les Gazaouis à se rassembler dans neuf points différents de l’enclave. Si l’origine de ces appels reste floue, leur écho est indéniable. Les slogans, eux, restent constants : « Dehors, dehors, dehors ! » Une répétition qui sonne comme un ultimatum adressé au Hamas.
- À Gaza-ville, un drapeau palestinien devient le symbole de l’unité contre le mouvement.
- À Beit Lahia, la foule dénonce des années de gestion chaotique.
- Partout, un même refrain : le rejet d’un pouvoir jugé destructeur.
Ces rassemblements ne sont pas sans risque. Dans une zone sous haute tension, où les frappes israéliennes peuvent reprendre à tout moment, descendre dans la rue est un acte de courage autant qu’un signe de désespoir. Pourtant, les Gazaouis semblent prêts à braver ces dangers pour faire entendre leur voix.
La Réaction Israélienne : Une Opportunité Saisit
À des centaines de kilomètres de là, à Jérusalem, ces événements n’ont pas échappé aux autorités israéliennes. Mercredi, le Premier ministre israélien a salué ces manifestations devant les députés, y voyant une validation de sa stratégie. Pour lui, cette révolte interne prouve que la pression exercée sur le Hamas porte ses fruits. « Ils comprennent enfin », a-t-il déclaré, laissant entendre que ces soulèvements pourraient affaiblir davantage son adversaire.
Mais cette analyse est-elle trop optimiste ? Si les Gazaouis rejettent le Hamas, rien n’indique qu’ils soutiennent pour autant la politique israélienne. Entre bombardements et blocus, la population se retrouve prise en étau, sans issue claire.
Retour sur le Conflit : Un Bilan Lourd
Pour comprendre cette révolte, il faut remonter à l’origine du conflit actuel. Le 7 octobre 2023, une attaque sans précédent du Hamas en Israël a déclenché une guerre qui a tout bouleversé. Ce jour-là, 1 218 personnes, principalement des civils, ont perdu la vie côté israélien. En réponse, l’offensive militaire israélienne a fait des ravages à Gaza, avec un bilan humain terrifiant : au moins 50 183 morts, majoritairement des civils, selon les chiffres officiels du ministère de la Santé local.
Événement | Date | Conséquences |
Attaque du Hamas | 7 octobre 2023 | 1 218 morts en Israël |
Reprise des bombardements | 18 mars 2025 | 50 183 morts à Gaza |
À cela s’ajoutent les otages : sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque initiale, 58 sont encore retenues à Gaza, dont 34 seraient décédées, selon l’armée israélienne. Ce drame continue de hanter les deux camps, alimentant un cycle de violence qui semble sans fin.
Une Population au Bord du Gouffre
La bande de Gaza, minuscule territoire de 360 km², est aujourd’hui un champ de ruines. Après plus d’un an et demi de guerre, les immeubles sont éventrés, les routes impraticables, et l’accès aux besoins de base – eau, nourriture, électricité – est quasi inexistant. La fermeture des points de passage humanitaires depuis début mars n’a fait qu’empirer les choses, transformant une crise en catastrophe.
Dans ce décor apocalyptique, les manifestations anti-Hamas prennent une dimension presque tragique. Elles sont à la fois un sursaut de vie et un aveu d’impuissance. Car si les habitants rejettent leurs dirigeants, ils n’ont aucun contrôle sur les frappes qui continuent de pleuvoir.
Que Peut-on Attendre de la Suite ?
Difficile de prédire l’avenir dans une région aussi instable. Ces manifestations pourraient-elles marquer un tournant ? Certains y voient le début d’un soulèvement populaire capable de changer la donne. D’autres craignent qu’elles ne servent qu’à justifier une intensification des opérations israéliennes, au détriment d’une population déjà exsangue.
Un peuple qui se lève, mais à quel prix ? L’histoire nous dira si ce cri était celui de la liberté ou celui d’un dernier souffle.
Une chose est sûre : à Gaza, le statu quo n’est plus tenable. Entre la pression extérieure et la révolte intérieure, le Hamas se retrouve dans une position fragile. Mais pour les habitants, la vraie question reste sans réponse : quand viendra la paix ?