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Manifestation pro-européenne massive en Géorgie avant les élections législatives

Des dizaines de milliers de Géorgiens ont manifesté dimanche à Tbilissi pour soutenir l'adhésion à l'UE, à une semaine d'élections législatives décisives pour l'avenir démocratique du pays, perçues comme un "référendum" entre l'Europe et la Russie. L'enjeu du scrutin est de taille et les tensions sont palpables...

C’est une véritable marée humaine qui a déferlé dimanche soir dans les rues de Tbilissi, la capitale géorgienne. Des dizaines de milliers de manifestants pro-européens se sont rassemblés à l’appel de plusieurs ONG pour “montrer leur détermination à poursuivre le chemin de l’adhésion” à l’Union européenne. Un enjeu crucial à une semaine d’élections législatives qui font office de “quasi-référendum” sur le choix entre un avenir européen ou un retour vers la sphère d’influence russe, selon la présidente Salomé Zourabichvili.

L’opposition pro-UE face au parti au pouvoir prorusse

Sur la place de la Liberté, épicentre de la contestation, les drapeaux géorgiens côtoient ceux de l’Union européenne. “La Géorgie choisit l’UE”, peut-on lire sur les pancartes brandies par la foule. Car l’enjeu est de taille. Samedi prochain, les quatre principales alliances de l’opposition pro-européenne affrontent le parti conservateur au pouvoir, le Rêve géorgien. Celui-ci est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire prorusse et de faire dérailler le projet d’adhésion de Tbilissi à l’UE, pourtant inscrit dans la Constitution.

En face, le richissime oligarque et ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili, 68 ans, tire les ficelles du pouvoir depuis une décennie dans l’ombre. Tout en critiquant régulièrement l’Occident, il a appelé à voter pour son parti afin de “choisir entre l’esclavage et la liberté, la soumission aux puissances étrangères et la souveraineté, la guerre et la paix”. Le gouvernement a même brandi la menace d’interdire les partis d’opposition pro-occidentaux en cas de large victoire du Rêve géorgien.

Une jeunesse avide de changement

Face à cette rhétorique, la jeunesse géorgienne, fer de lance de la contestation, ne cache pas son ras-le-bol. En mai dernier, des manifestations monstres avaient éclaté contre un projet de loi sur “l’influence étrangère”, dénoncé comme une réplique de la législation liberticide russe sur les “agents de l’étranger”. Sous la pression de la rue, le pouvoir avait dû reculer. Mais Bruxelles a gelé dans la foulée le processus d’adhésion et Washington a sanctionné des responsables géorgiens pour “répression brutale”.

Nous voulons un avenir européen, démocratique et libre. Pas un retour en arrière vers un passé russe incertain.

Un jeune manifestant à Tbilissi

L’UE s’inquiète d’une “dérive autoritaire”

À Bruxelles, l’inquiétude est palpable. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a récemment dénoncé le “glissement de la Géorgie vers l’autoritarisme”, qualifiant le scrutin de “test crucial”. Car la Russie, puissance historiquement influente dans le Caucase, partage près de 1000 km de frontière avec ce petit pays où l’oligarque Ivanichvili a bâti sa fortune après la chute de l’URSS, avant de revenir au pays au début des années 2000.

Le Kremlin a d’ailleurs accusé les Occidentaux “d’ingérence non-dissimulée” à l’approche des élections. De leur côté, des observateurs mettent en garde contre un risque de troubles, voire de fraudes, si le Rêve géorgien tente de s’accrocher coûte que coûte au pouvoir, alors que les derniers sondages donnent l’opposition gagnante.

Un référendum Europe-Russie

Pour la présidente pro-européenne Zourabichvili, dont les pouvoirs sont limités face au gouvernement, l’enjeu est limpide. C’est ni plus ni moins qu’un “quasi-référendum” entre deux voies radicalement opposées pour le pays:

  • Poursuivre le chemin de l’intégration européenne et des réformes démocratiques
  • Renouer avec un “passé incertain” dans le giron de Moscou

À une semaine du scrutin, les Géorgiens semblent avoir choisi leur camp. Reste à savoir si leur voix sera entendue dans les urnes et respectée, alors que plane le spectre de l’ombre russe sur ce pays du Caucase qui rêve d’Europe. Les prochains jours s’annoncent décisifs.

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