Ce vendredi, les rues d’Avignon ont vibré au rythme d’une manifestation féministe d’ampleur. Plusieurs centaines de personnes, en majorité des femmes venues d’Espagne, se sont rassemblées devant le palais de justice de la ville pour exprimer leur solidarité envers Gisèle Pelicot, au lendemain du procès retentissant des viols de Mazan.
Brandissant des portraits de Gisèle Pelicot et des pancartes aux messages forts tels que « En France, le violeur est roi » ou « Merci Gisèle », les manifestantes ont scandé d’une seule voix des slogans comme « Gisèle, nous sommes avec toi » ou « Abolition de la pornographie », aussi bien en français qu’en espagnol. Une banderole proclamant « Merci Gisèle » flottait face au palais de justice, témoignant de la reconnaissance de toutes envers cette femme courageuse.
Un devoir de poursuivre le combat de Gisèle
Blandine Deverlanges, fondatrice du collectif Les Amazones d’Avignon, a pris la parole lors du rassemblement. Selon elle, Gisèle Pelicot a permis que tout soit rendu public dans cette affaire, et il est maintenant du devoir des féministes de faire en sorte que ce sacrifice ne soit pas vain :
« En tant que féministe, on a le devoir d’être à la hauteur de l’héritage de Gisèle. Seule la mobilisation féministe permettra de continuer à faire bouger les lignes. Nous sommes présentes, nous sommes solidaires, nous continuerons à nous battre, à dénoncer les violences masculines. »
Des peines insuffisantes et un manque d’éducation
Pilar Aguilar, présidente du parti espagnol Feministas al Congreso, a également pris la parole pour dénoncer la légèreté des peines prononcées lors du procès. Elle a souligné la différence entre le viol et un simple vol de voiture :
« Notre corps, c’est nous. Le violer, c’est mépriser entièrement notre humanité. Les peines ne sont pas assez fortes. »
Mme Aguilar a également interpellé les gouvernements français et espagnol sur la nécessité de mettre en place de véritables politiques d’éducation concernant l’égalité et le respect.
Une mobilisation internationale
Cette manifestation a rassemblé des féministes venues de toute l’Espagne, répondant à l’appel de plusieurs associations comme le Forum de Politica Feminista ou la Coordinadora Feminista de Valence. Environ 200 Espagnoles ont fait le déplacement en car, en voiture et même en avion depuis les îles Canaries, démontrant l’ampleur de la solidarité internationale dans ce combat.
Le refus du huis clos, une décision courageuse
Le procès de Mazan, qui s’est achevé après quatre mois d’audience, restera dans les annales notamment grâce à la décision courageuse de Gisèle Pelicot de refuser le huis clos auquel elle avait droit. En ouvrant ainsi l’audience au public et à la presse, elle a permis d’initier un large débat de société sur les violences faites aux femmes.
Un procès hors norme
Ce procès s’est terminé par la condamnation de Dominique Pelicot, l’ex-époux de Gisèle, à 20 ans de réclusion pour avoir drogué sa femme afin de la violer et de la livrer à des inconnus recrutés sur internet. Les 50 hommes jugés à ses côtés ont tous été reconnus coupables, écopant de peines allant de 3 ans de prison avec sursis à 15 ans ferme.
Cette mobilisation à Avignon, au lendemain du verdict, montre que le combat féministe est plus que jamais d’actualité. Gisèle Pelicot est devenue malgré elle un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes, et son courage inspire aujourd’hui des féministes bien au-delà des frontières françaises. La route est encore longue, mais la détermination des manifestantes ce vendredi à Avignon laisse espérer que les choses finiront par changer.