Ce mardi, une centaine de personnes se sont rassemblées devant l’ambassade américaine à Panama City pour manifester leur opposition aux récentes déclarations de Donald Trump. Le président élu des États-Unis a en effet menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama si l’autorité gérant l’ouvrage ne réduisait pas les tarifs des péages pour les navires battant pavillon américain.
Des slogans hostiles à Trump et aux ingérences américaines
Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Donald Trump, ennemi public du Panama » ou encore « Pas touche au canal », les manifestants ont exprimé avec force leur rejet de ce qu’ils considèrent comme une atteinte inacceptable à la souveraineté de leur pays. Dans un concert de sifflets et de huées, certains sont même allés jusqu’à brûler un portrait du milliardaire républicain.
« Un territoire, un drapeau » ; « Dehors le gringo envahisseur » ; « Qui vend le canal vend sa mère »…
Slogans scandés par les manifestants
Selon Saul Méndez, dirigeant du syndicat du bâtiment à l’origine de la mobilisation avec d’autres organisations de gauche, les propos de Donald Trump relèvent du « délire impérial ». Pour lui, il est hors de question que les États-Unis reviennent sur les traités Torrijos-Carter de 1977 qui ont acté le transfert progressif du contrôle du canal au Panama, effectif depuis le 31 décembre 1999.
Le canal, symbole de la lutte du peuple panaméen pour sa souveraineté
Inauguré en 1914 après avoir été construit par les États-Unis, le canal de Panama revêt en effet une importance particulière aux yeux des Panaméens. Sa « récupération » a été le fruit d’un long combat mené par les dirigeants nationalistes comme Omar Torrijos. Aujourd’hui, cet ouvrage stratégique est géré de manière autonome par l’Autorité du Canal de Panama (ACP).
« Le peuple panaméen a montré qu’il était capable de récupérer son territoire et nous n’allons pas le céder à nouveau. »
Jorge Guzman, manifestant
Dans un communiqué co-signé avec trois de ses prédécesseurs, le président panaméen Juan Carlos Varela a lui aussi tenu à rappeler que la souveraineté de son pays sur le canal n’était « pas négociable ». Il a par ailleurs démenti les allégations de Donald Trump selon lesquelles la Chine serait à l’origine des opérations du canal.
Un système de péages basé sur les navires, pas leur nationalité
S’agissant des tarifs de passage, l’ACP a précisé qu’ils étaient déterminés en fonction du type et de la taille des navires, et non de leur pavillon. Donald Trump réclame un traitement de faveur pour la marine marchande américaine, menaçant de faire restituer le canal « sans discuter » si ses conditions ne sont pas remplies.
Cette manifestation illustre la sensibilité de la question du canal au Panama et la volonté des citoyens de défendre la souveraineté chèrement acquise sur cet ouvrage emblématique face à ce qu’ils perçoivent comme de l’ingérence. Reste à voir si l’administration Trump, une fois en place, reviendra à une position plus mesurée sur ce dossier explosif.