En ce vendredi 19 juillet, les rues de la Vienne résonnent au son des slogans scandés par près de 1500 manifestants déterminés. Unis contre la construction de méga-bassines destinées à l’irrigation agricole intensive, ils ont décidé de passer à l’action malgré l’interdiction de manifester. Leur cible : un site emblématique de l’agro-industrie, classé Seveso selon la préfecture. Une confrontation semble inévitable.
No Bassaran ! Le cri de ralliement des opposants
Masqués pour beaucoup, les manifestants avancent d’un pas décidé en scandant “No Bassaran”, détournant le célèbre slogan anti-franquiste. Leur message est clair : ils ne laisseront pas les projets de méga-bassines se faire sans résistance. Pour eux, ces retenues d’eau géantes symbolisent un modèle agricole à bout de souffle, sacrifiant les ressources naturelles sur l’autel de la productivité.
On va tenter un geste symbolique d’expropriation des accapareurs, on va voir jusqu’où on va arriver.
– Une militante au micro
Un site Seveso dans le viseur des activistes
Le cortège se dirige vers les installations de Cérience, filiale du géant coopératif Terrena. Ce site classé Seveso en raison des risques industriels abrite notamment un méthaniseur. Pour les opposants, il incarne à lui seul les dérives d’une agriculture intensive tournée vers les agrocarburants et déconnectée des enjeux de souveraineté alimentaire.
Un face à face tendu avec les forces de l’ordre
Si le secteur vers lequel convergent les manifestants n’est pas concerné par l’interdiction de manifester, le rassemblement n’en reste pas moins non-déclaré et illégal aux yeux des autorités. Un important dispositif policier quadrille la zone, prêt à intervenir en cas de débordements. L’hélicoptère de la gendarmerie tournoie dans le ciel, ajoutant à la tension ambiante.
Une mobilisation qui cristallise les enjeux écologiques
Au-delà de l’action coup de poing du jour, ce mouvement d’opposition aux bassines catalyse un débat de fond sur le partage des ressources en eau et l’avenir de nos modèles agricoles. Face au spectre du dérèglement climatique, la question de la résilience de notre système alimentaire se pose avec une acuité renouvelée.
- D’un côté, les tenants d’une agriculture productiviste arguent de la nécessité d’irriguer pour sécuriser les récoltes et maintenir la compétitivité des exploitations.
- De l’autre, les défenseurs de l’environnement pointent l’absurdité de stocker l’eau pour des cultures gourmandes, souvent destinées à l’exportation ou aux agrocarburants.
Cette journée de mobilisation en Vienne n’est que la partie émergée d’un iceberg de revendications pour une gestion plus sobre, équitable et écologique de l’eau. Jusqu’où les anti-bassines sont-ils prêts à aller pour faire entendre leur voix ? La balle est désormais dans le camp des autorités et de la profession agricole pour ouvrir le dialogue et repenser en profondeur notre rapport à cette ressource vitale mais limitée qu’est l’eau.
