Deux mois jour pour jour après les inondations tragiques qui ont ravagé le sud-est de l’Espagne et fait 231 morts, la colère des sinistrés ne retombe pas. Ce dimanche, plusieurs milliers de personnes ont encore répondu présent à Valence pour manifester et dénoncer la gestion très critiquée de cette catastrophe par les autorités régionales et nationales.
Valence Sous le Choc des Inondations Meurtrières d’Octobre
Le 29 octobre dernier, de violentes inondations ont frappé le sud-est de l’Espagne, provoquant des dégâts considérables dans près de 80 villes. Selon le dernier bilan officiel, 231 personnes ont perdu la vie, dont 223 dans la seule région de Valence, épicentre du drame. Quatre personnes restent toujours portées disparues à ce jour.
Un choc et un traumatisme immenses pour cette région habituellement ensoleillée. De nombreux habitants peinent encore à se relever et à retrouver une vie normale, plus de deux mois après. À Paiporta, commune particulièrement touchée, seuls 20% des commerces ont pu rouvrir selon la chambre de commerce.
Les Sinistrés Dénoncent l’Inaction et les Ratés des Autorités
Rapidement, la gestion de cette catastrophe historique par les autorités a été pointée du doigt. Les sinistrés leur reprochent de ne pas avoir suffisamment alerté la population malgré les prévisions météorologiques alarmantes, d’avoir tardé à déployer les secours, et globalement leur inaction dans la gestion de crise et l’aide aux habitants.
En première ligne des critiques : Carlos Mazón, président conservateur de la région de Valence. Les manifestants réclament sa démission aux cris de « Mazón assassin, Mazón criminel ». Ils dénoncent une gestion calamiteuse et un manque d’empathie flagrant de sa part.
Pendant que les gens se noyaient et perdaient tout, Mazón et son administration sont restés les bras croisés. Ils doivent payer pour leur incompétence et leur mépris.
Un sinistré en colère
Un Bras de Fer Politique Entre la Région et Madrid
Mais au-delà de Valence, c’est un véritable bras de fer politique qui se joue entre le gouvernement régional et le gouvernement central de Pedro Sánchez. Dans ce pays très décentralisé, la gestion des catastrophes relève en effet des prérogatives régionales. Madrid peut fournir des moyens et même assumer l’urgence, mais dans les cas extrêmes uniquement.
Depuis des semaines, Mazón et Sánchez se renvoient donc la balle, s’accusant mutuellement d’être responsables des ratés. Le chef du gouvernement reproche à la région d’avoir failli et tardé à demander l’aide de l’État. Mazón l’accuse en retour de l’abandonner et de ne pas débloquer suffisamment de moyens. Les sinistrés dénoncent eux un ping-pong indécent sur leur dos.
La Justice Saisie, les Manifestations se Poursuivent
Des plaintes ont été déposées contre Carlos Mazón pour mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger. Mais lundi, la justice valencienne s’est déclarée incompétente pour le moment, renvoyant la balle aux requérants qui peuvent saisir un juge d’instruction.
En attendant, la mobilisation des sinistrés ne faiblit pas comme en témoigne la nouvelle manifestation massive de ce dimanche, la troisième en deux mois après celles des 9 et 30 novembre qui avaient rassemblé plus de 100 000 personnes à chaque fois. Une façon pour eux de maintenir la pression sur les autorités et de réclamer justice et réparation.
Nous n’arrêterons pas tant que les responsables n’auront pas rendu des comptes et que nous n’aurons pas obtenu les aides et indemnisations qui nous sont dues. L’heure est à la colère, pas au deuil.
Un représentant des sinistrés
Alors que de nombreux habitants vivent toujours dans des conditions précaires et que la reconstruction est loin d’être terminée, le feuilleton politique et judiciaire des inondations meurtrières de Valence est lui aussi loin d’avoir livré son dénouement. Les sinistrés comptent bien continuer à faire entendre leur voix pour que toute la lumière soit faite.
