Ce mercredi, les abords du Parlement européen à Strasbourg ont été le théâtre d’une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes venues dénoncer ce qu’elles considèrent être la « complicité » de l’Union européenne avec Israël dans le conflit qui l’oppose aux Palestiniens à Gaza. Venus de France mais aussi de plusieurs pays limitrophes, les manifestants ont scandé des slogans accusateurs et brandi des pancartes aux messages sans équivoque, réclamant un « cessez-le-feu immédiat » et la fin des exportations d’armes européennes vers l’État hébreu.
L’UE pointée du doigt malgré ses appels à la retenue
Si les instances européennes ont multiplié ces derniers jours les appels au calme et à la désescalade, les manifestants strasbourgeois estiment que l’UE se rend complice par son inaction, voire par son soutien tacite à Israël. Gabriel Cardoen, l’un des organisateurs du rassemblement, dénonce sans détour :
On vient dénoncer les dirigeants de l’Union européenne. Ils mettent des holà à Israël mais, dans les faits, on leur donne les moyens de continuer.
Cette colère citoyenne trouve aussi un écho au sein même du Parlement européen, où des députés de différents bords politiques se sont rassemblés à l’initiative de l’écologiste français Mounir Satouri pour exiger des actes concrets.
Suspension de l’accord d’association UE-Israël réclamée
Au cœur des revendications : la suspension immédiate de l’accord d’association liant l’Union européenne à Israël, un traité de libre-échange conditionné au respect des droits humains. Un prérequis bafoué selon Mounir Satouri :
Il n’y a pas de sacralité autour de cet accord : d’abord il n’a pas toujours existé, et puis il est basé sur le respect des droits de l’homme, ce qui devrait pousser le Conseil européen à le suspendre jusqu’à ce que les bombes arrêtent de tomber et que l’aide humanitaire arrive aux Palestiniens.
L’Unrwa et la CPI, autres points d’achoppement
D’autres eurodéputés ont insisté sur la nécessité de renforcer l’Unrwa, l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, mise à mal par une récente loi israélienne. Quant à Barry Andrews, président irlandais de la commission du développement, il appelle l’UE à respecter les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre de hauts responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Il est essentiel que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’engage sans ambiguïté à respecter les statuts de la Cour pénale internationale. Son silence sur le sujet mine la crédibilité de la cour.
Alors que le conflit à Gaza continue de faire rage, avec son lot de victimes civiles, la pression citoyenne et politique s’accentue sur les institutions européennes. Reste à voir si ces dernières sauront y répondre par des actes à la hauteur des enjeux humanitaires et géopolitiques. Une chose est sûre : le statu quo ne semble plus tenable pour une frange croissante de l’opinion publique européenne, comme en témoigne la mobilisation strasbourgeoise de ce mercredi.