En ce lundi matin, les rues de Nantes ont vibré au rythme d’une colère sourde et déterminée. Venus des quatre coins des Pays de la Loire, ils étaient plus de 3000 selon la préfecture à avoir répondu présent à l’appel de la mobilisation. Artistes, intermittents du spectacle, responsables d’associations culturelles, tous unis dans un même combat : dire non aux coupes drastiques dans le budget culturel de la région.
La culture, victime expiatoire des restrictions budgétaires ?
Si le budget régional n’a pas encore été voté, les premières annonces ont de quoi inquiéter le monde de la culture. Selon plusieurs sources, la baisse des subventions pourrait atteindre 75% par rapport à l’année précédente, mettant en péril de nombreuses structures.
Pour certains, c’est moins 50% l’an prochain et plus rien l’année suivante. De nombreux travailleurs précaires ne trouveront plus de travail du tout.
Noémie Daunas, représentante Synptac-CGT
Une douche froide pour tout un secteur qui peine déjà à se remettre de la crise sanitaire. Compagnies de théâtre, festivals, lieux de création, écoles de musique… Autant de structures qui risquent de mettre la clé sous la porte si ces coupes se confirment.
Une région qui mise sur le tourisme culturel en danger
Pourtant, les Pays de la Loire ont fait du tourisme culturel un axe fort de leur attractivité ces dernières années. Avec des événements d’envergure comme la Folle Journée ou le Hellfest, la région a su se positionner comme une destination prisée des amateurs d’art et de musique.
C’est catastrophique, c’est toute la filière artistique de la région qui est menacée, dans un territoire qui a pourtant misé sur la culture.
Virginie Frappart, comédienne
La fronde des acteurs culturels ne fait que commencer
Face à la menace, le monde de la culture compte bien faire entendre sa voix. Dès l’aube, ils étaient des centaines à avoir investi le parvis de l’Hôtel de Région, armés de slogans et banderoles. « La culture n’est pas un luxe », « Artistes en lutte », « Sépulture de la culture »… Autant de messages forts pour interpeller les élus sur les conséquences désastreuses de leur politique.
Et les actions coups de poing pourraient bien se multiplier dans les semaines à venir. Certains évoquent déjà des occupations de théâtres, des représentations sauvages dans l’espace public, voire des grèves de la faim si le dialogue n’est pas renoué.
Un budget qui cristallise les tensions
Car au-delà de la culture, c’est tout un modèle de société qui est questionné à travers ces arbitrages budgétaires. En sabrant les subventions aux associations, aux artistes et aux lieux de création, c’est le message d’une culture réservée à une élite qui semble se dessiner en creux.
La culture est un bien commun essentiel qui doit être accessible à tous. En coupant les vivres à ceux qui la font vivre au quotidien, on nie ce droit fondamental.
Un manifestant
Contactée, la région n’a pour l’heure pas souhaité commenter ces annonces, renvoyant au vote du budget prévu en décembre. Mais d’ici là, les acteurs culturels comptent bien continuer à se faire entendre. Prochaine étape : une grande manifestation nationale prévue à Paris en novembre. La bataille ne fait sans doute que commencer.