La Cour pénale internationale (CPI) vient de lancer un pavé dans la mare en émettant des mandats d’arrêt contre plusieurs hauts responsables israéliens et palestiniens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui-même, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés lors du récent conflit à Gaza. Une décision choc qui limite désormais les déplacements de Netanyahu et qui fait polémique des deux côtés.
Le procureur de la CPI exhorte les États à agir
Face à cette situation explosive, le procureur de la CPI Karim Khan est monté au créneau ce jeudi pour appeler solennellement tous les États parties au Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour, à respecter et appliquer ces mandats d’arrêt.
Je lance un appel à tous les États parties pour qu’ils respectent leur engagement à l’égard du Statut de Rome en respectant et en se conformant à ces ordonnances judiciaires.
Karim Khan, procureur de la CPI
Un appel qui vise directement les 124 pays membres de la CPI, désormais dans l’obligation d’arrêter Netanyahu ou les autres accusés s’ils mettent le pied sur leur territoire. Un camouflet pour le dirigeant israélien qui a dénoncé des mandats “antisémites” et “absurdes”, tandis que le Hamas les a salués comme “une étape importante vers la justice”.
Crimes de guerre présumés à Gaza
Outre Netanyahu, les mandats d’arrêt visent son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, ainsi que Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas, pour leur rôle dans le violent conflit ayant embrasé la bande de Gaza, selon des sources concordantes. Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment lors de la dévastatrice attaque du 7 novembre 2023 contre Israël qui a mis le feu aux poudres.
Si le sort de Mohammed Deif reste incertain, Israël affirmant l’avoir tué lors d’une frappe le 13 juillet à Gaza, ce que le Hamas dément, la CPI maintient le mandat d’arrêt à son encontre, faute de pouvoir confirmer son décès. Une épée de Damoclès qui pèse désormais sur les accusés.
La CPI déterminée malgré les obstacles
Malgré les vives réactions suscitées par cette affaire, le procureur Khan a affiché sa détermination à poursuivre son enquête sur les crimes présumés commis des deux côtés. Il a souligné que son équipe continuerait d’explorer toutes les pistes sur les territoires relevant de la compétence de la CPI, à savoir Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
Face à “l’escalade de la violence”, aux entraves à “l’accès humanitaire” et à la multiplication des “allégations de crimes internationaux”, M. Khan a appelé à recentrer l’attention sur “les victimes” de ce conflit sanglant. Un plaidoyer vibrant, mais qui risque de se heurter à de nombreux obstacles politiques et juridiques sur le terrain.
Une affaire à haut risque pour la CPI
Pour la CPI, l’enjeu est de taille. En s’attaquant à des dirigeants en exercice d’un pays qui ne reconnaît pas sa juridiction, sur un dossier ultrasensible, la Cour joue sa crédibilité et son autorité sur la scène internationale. Si certains saluent son courage, d’autres dénoncent une justice sélective et politique qui risque d’attiser les tensions au lieu de les apaiser.
Une chose est sûre : cette affaire à haut risque sera suivie de très près par la communauté internationale. Entre pressions diplomatiques, manœuvres judiciaires et défis opérationnels, le chemin vers la justice s’annonce long et semé d’embûches pour la CPI. Mais pour les victimes des crimes commis à Gaza, c’est peut-être le prix à payer pour espérer un jour obtenir vérité et réparation.