ActualitésInternational

Mandats d’arrêt de la CPI : Israël dénonce l’antisémitisme

La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant, suscitant l'indignation en Israël. Entre accusations d'antisémitisme et défense du droit à se protéger, les réactions fusent. Mais la justice internationale aura-t-elle le dernier mot ?

Les récents mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre de hauts responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui-même, ont déclenché une vague d’indignation sans précédent en Israël. Accusant la CPI d’être motivée par “la haine antisémite”, Netanyahu a juré de défendre son pays “de quelque manière que ce soit”.

Israël dénonce une justice à deux vitesses

Pour le gouvernement israélien, cette décision de la CPI s’apparente à une véritable déclaration de guerre judiciaire. Le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, n’y est pas allé de main morte, affirmant que la Cour “a perdu toute légitimité à exister et à agir” en se comportant comme “un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes”. Selon lui, mettre sur un pied d’égalité l’État hébreu et le Hamas reviendrait à “créer un dangereux précédent contre le droit à se défendre soi-même”.

Une position partagée par l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, également visé par un mandat d’arrêt. Il dénonce une justice qui “encourage le terrorisme meurtrier” au détriment d’Israël, qui n’aurait fait qu’exercer son “devoir” et son “droit” de protéger sa population suite à l’attaque “barbare” du Hamas en octobre dernier.

Le spectre de l’antisémitisme

Mais au-delà des considérations légales, c’est bien la carte de l’antisémitisme qui est ouvertement brandie par l’État hébreu. Netanyahu n’hésite pas à comparer les mandats d’arrêt de la CPI à “un procès Dreyfus”, en référence à cette affaire de la fin du XIXe siècle qui avait profondément divisé la société française et mis en lumière l’antisémitisme ambiant.

Dreyfus, lui était innocent

Majed Bamya, représentant adjoint de la Palestine à l’ONU

Une comparaison jugée scandaleuse par les Palestiniens, à l’image de Majed Bamya qui y voit un détournement “honteux de l’Histoire pour justifier des crimes”. Même son de cloche du côté des organisations de défense des droits humains en Israël, tel que B’Tselem qui estime au contraire que la décision de la CPI prouve qu’Israël a atteint “l’un des points les plus bas de son histoire”.

Entre angoisses et fatalisme

Au sein de la population israélienne, les réactions oscillent entre colère, incompréhension et résignation. Pour Shhmuel, un retraité de Jérusalem, cette décision “fait mal au cœur” et relève avant tout de “l’antisémitisme”. Un sentiment partagé par Moshe Cohen, ouvrier, persuadé que “tout le monde autour de nous essaie de nous faire tomber, nous tuer, nous mettre à terre par tous les moyens”.

Pourtant, certaines voix dissonantes se font entendre, à l’image du parti communiste israélien Hadash. Pour ce dernier, “Netanyahu et Gallant sont responsables de la destruction totale de Gaza et du meurtre de ses habitants” et “doivent en payer le prix”. Un prix que la communauté internationale semble désormais prête à leur faire payer, au risque de raviver les tensions dans une région déjà à fleur de peau.

La CPI aura-t-elle le dernier mot ?

Mais la véritable question est de savoir si ces mandats d’arrêt auront une quelconque portée concrète. Car si la CPI affirme agir au nom de la justice internationale, force est de constater que son pouvoir coercitif reste limité face à des États souverains réfractaires, a fortiori une puissance régionale comme Israël.

Néanmoins, cette décision marque indéniablement un tournant dans la perception de ce conflit centenaire. En pointant du doigt la responsabilité des plus hauts dirigeants israéliens, la CPI ouvre la voie à une possible remise en cause du narratif sécuritaire martelé par l’État hébreu. Une brèche dans laquelle les défenseurs des droits des Palestiniens ne manqueront pas de s’engouffrer, quitte à s’attirer les foudres d’un Israël qui n’a jamais semblé aussi isolé sur la scène internationale.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.