La décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et d’autres dirigeants pour crimes de guerre présumés en Palestine a suscité l’ire de l’administration Biden. Le président américain Joe Biden a qualifié ces mandats de “scandaleux”, affirmant qu’il n’y avait aucune équivalence entre Israël et le Hamas.
Dans un communiqué publié jeudi, Biden a réaffirmé le soutien indéfectible des États-Unis à Israël face aux menaces pesant sur sa sécurité. Washington s’est dit “profondément préoccupé” par la hâte du procureur de la CPI à réclamer ces mandats d’arrêt et a pointé du doigt des “erreurs troublantes” dans le processus décisionnel de la Cour.
Une juridiction contestée
La compétence juridique de la CPI dans cette affaire est fortement remise en question par les États-Unis. Ni Washington, ni Israël ne sont membres de cette juridiction permanente chargée de poursuivre les individus accusés des crimes les plus graves. Fondée en 2002, la CPI compte aujourd’hui 124 États membres mais peine à imposer son autorité.
Républicains vent debout
Au Congrès américain, les républicains montent au créneau pour dénoncer la décision de la CPI et réclamer des sanctions à son encontre. Lindsey Graham, proche de Donald Trump, fustige “la manière la plus absurde et la plus irresponsable” dont a agi la Cour. Mike Waltz, futur conseiller à la Sécurité nationale de Trump, promet une “réponse forte” au “biais antisémite” de l’institution.
Le spectre de nouveaux affrontements
Au-delà des joutes verbales, cette affaire ravive les tensions entre Israël et les Palestiniens. Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, est lui aussi visé par des mandats de la CPI. Son chef militaire Mohammed Deif est accusé de crimes de guerre au même titre que les dirigeants israéliens.
Nombre d’observateurs redoutent une escalade sur le terrain après des mois d’affrontements meurtriers en Cisjordanie occupée. Les frappes israéliennes dans la bande de Gaza se sont multipliées récemment en représailles à des tirs de roquettes du Hamas.
Quel avenir pour la justice internationale ?
Au-delà du cas israélo-palestinien, c’est la crédibilité même de la justice pénale internationale qui est en jeu. Souvent accusée de partialité et d’inefficacité, la CPI peine à s’imposer face aux réticences des grandes puissances.
À ce jour, la Cour n’a prononcé qu’une poignée de condamnations malgré les nombreuses enquêtes ouvertes
Une source proche du dossier
Pour ses défenseurs, la CPI reste un recours essentiel contre l’impunité des crimes de masse. Mais sans le soutien des États-Unis, première puissance mondiale, son avenir s’annonce incertain. L’hostilité affichée de Washington et la menace de sanctions risquent de fragiliser encore davantage son action.
Face à ces vents contraires, la CPI devra redoubler d’efforts pour asseoir sa légitimité et montrer qu’elle peut rendre une justice impartiale. Un défi de taille alors que les conflits se multiplient aux quatre coins du globe, laissant trop souvent les crimes les plus graves impunis.