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Mamadi Doumbouya Élu Président Avec 86,72 % Des Voix

En Guinée, Mamadi Doumbouya vient d'être élu président avec 86,72 % des voix au premier tour. Un score impressionnant dans un scrutin boycotté par l'opposition majeure et sans campagne visible. Mais derrière cette victoire écrasante, quelles sont les réalités d'un pays où les libertés se rétrécissent et les disparitions se multiplient ?

Imaginez un scrutin presidential où un seul candidat domine totalement la scène, remportant près de 87 % des suffrages exprimés dès le premier tour. C’est exactement ce qui vient de se produire en Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest marqué par une histoire politique tourmentée. Cette victoire massive soulève toutefois de nombreuses interrogations sur l’avenir démocratique de la nation.

Une Victoire Écrasante Pour Mamadi Doumbouya

Les résultats provisoires annoncés récemment par la Direction Générale des Elections confirment l’élection de Mamadi Doumbouya à la présidence avec 86,72 % des voix. Ce score impressionnant s’explique en grande partie par l’absence des principaux leaders de l’opposition, qui avaient appelé au boycott de ce qu’ils qualifient de simulacre électoral.

Quatre années après avoir pris le pouvoir par un coup d’État, l’ancien officier des forces spéciales consolide ainsi son autorité. Promettant initialement une transition rapide vers un pouvoir civil, il choisit finalement de se présenter et de l’emporter sans avoir mené de campagne active sur le terrain.

Le second arrivé, Abdoulaye Yéro Baldé du Front démocratique de Guinée, recueille seulement 6,59 % des suffrages. Quatre autres candidats ont rapidement reconnu leur défaite et adressé leurs félicitations au vainqueur, signe d’une compétition déséquilibrée dès le départ.

Un Taux De Participation En Légère Baisse

La présidente de la DGE a annoncé un taux de participation de 80,95 %. Ce chiffre, bien qu’élevé, marque un recul par rapport aux estimations initiales communiquées à la fermeture des bureaux de vote. Il reflète peut-être une certaine lassitude ou défiance d’une partie de l’électorat face à ce scrutin prévisible.

Dans les rues de Conakry, l’annonce tardive des résultats n’a provoqué aucune effusion particulière. Les habitants vaquaient à leurs occupations habituelles, comme si cette élection n’avait pas bouleversé le quotidien. Cette calme apparent cache pourtant des tensions profondes accumulées ces dernières années.

La Cour suprême doit maintenant valider ces résultats provisoires pour les rendre définitifs. Cette étape formelle ne devrait pas modifier l’issue globale, tant la marge du vainqueur est confortable.

Contexte D’un Scrutin Sans Suspense

Le chemin vers cette élection remonte à septembre 2021. À l’époque, Mamadi Doumbouya, alors colonel, dirigeait le putsch qui renversait le président Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010 et récemment réélu dans des conditions contestées. La junte promettait alors un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Quatre ans plus tard, cette promesse semble oubliée. Le chef de la junte organise une élection où il se présente lui-même, sans adversaires de poids. Les grandes formations d’opposition, estimant que les conditions d’un vote libre et équitable n’étaient pas réunies, ont préféré le boycott massif.

Ce choix stratégique de l’opposition a laissé le champ libre au pouvoir en place. Sans débat contradictoire ni campagne animée, le scrutin s’est déroulé dans une atmosphère étrangement paisible, presque routinière pour beaucoup d’observateurs.

Ce scrutin a été qualifié de « simulacre d’élection » par les principaux partis d’opposition.

Cette citation résume le sentiment dominant dans les rangs des forces politiques exclues ou marginalisées. Elles dénoncent un processus taillé sur mesure pour légitimer le maintien au pouvoir de la junte.

Réactions Contrastées De La Communauté Internationale

Une mission d’observation déployée par l’Union africaine a salué la tenue calme du vote. Dans un communiqué, elle a jugé le scrutin « crédible » et a même évoqué la possibilité de lever les sanctions imposées après le coup d’État de 2021.

Cette position positive contraste avec les réserves émises dans le même rapport. Les observateurs soulignent en effet la nécessité de lutter plus énergiquement contre les enlèvements et disparitions forcées, un phénomène qui s’est aggravé ces dernières années.

De nombreuses voix indépendantes pointent du doigt une dégradation continue des libertés fondamentales depuis l’arrivée de la junte. Manifestations interdites, partis politiques suspendus, arrestations arbitraires : le tableau dressé par les défenseurs des droits humains est préoccupant.

Un Rétrécissement Progressif Des Libertés

Depuis 2022, les rassemblements publics sont systématiquement prohibés. Toute tentative de manifestation est réprimée avec fermeté, parfois violence. Cette mesure vise officiellement à maintenir l’ordre pendant la période de transition, mais elle perdure bien au-delà des délais initialement annoncés.

Plusieurs dirigeants d’opposition et figures de la société civile ont été arrêtés, jugés ou contraints à l’exil. Ces actions ont contribué à vider le paysage politique de ses voix les plus critiques, facilitant indirectement la victoire du pouvoir en place.

Les cas de disparitions forcées se sont multipliés. Des militants, journalistes ou simples citoyens critiques disparaissent sans laisser de trace. Ce climat d’intimidation pèse lourdement sur la liberté d’expression et le débat public.

Points clés sur la situation des libertés en Guinée :

  • Interdiction des manifestations depuis 2022
  • Suspension de plusieurs partis politiques majeurs
  • Arrestations et condamnations de leaders d’opposition
  • Exil forcé pour de nombreuses figures critiques
  • Augmentation des signalements de disparitions

Cette liste, bien que non exhaustive, illustre le durcissement progressif du régime. Beaucoup s’interrogent sur la compatibilité de ces pratiques avec les engagements initiaux de transition démocratique.

Quel Avenir Pour La Guinée Post-Électorale ?

Avec cette légitimation par les urnes, Mamadi Doumbouya entre dans une nouvelle phase de son exercice du pouvoir. La question centrale reste de savoir s’il saisira cette occasion pour ouvrir le dialogue et assouplir les restrictions actuelles.

Les attentes sont nombreuses, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. La levée éventuelle des sanctions africaines pourrait soulager l’économie guinéenne, riche en ressources minières mais fragilisée par l’isolement post-coup d’État.

Cependant, sans gestes concrets en direction de l’opposition et de la société civile, le risque de tensions latentes persistera. La Guinée a connu par le passé des cycles de crises politiques violentes ; beaucoup espèrent que cette élection marque le début d’une stabilisation durable.

Le calme observé dans les rues après l’annonce des résultats peut être interprété de différentes manières. Résignation, acceptation ou simple attente : les Guinéens semblent suspendus à la suite des événements.

Le Parcours De Mamadi Doumbouya

Avant de devenir l’homme fort du pays, Mamadi Doumbouya était un officier respecté au sein des forces spéciales guinéennes. Formé en France et dans d’autres pays, il avait participé à diverses missions internationales.

Son coup d’État de 2021 avait été accueilli avec un mélange de soulagement et d’espoir par une partie de la population, épuisée par les dernières années du mandat d’Alpha Condé. La promesse d’une transition courte et efficace avait alors séduit.

Aujourd’hui, cette trajectoire le place à la tête de l’État de manière élective. Reste à voir comment il exercera ce mandat obtenu dans des conditions si particulières.

Cette élection marque un tournant majeur dans l’histoire récente de la Guinée. Elle illustre les défis persistants de la consolidation démocratique en Afrique de l’Ouest, région où les coups d’État ont connu une résurgence ces dernières années.

Le score écrasant obtenu par Mamadi Doumbouya reflète à la fois la maîtrise du processus électoral par le pouvoir et l’absence d’alternative crédible présentée aux électeurs. Ce déséquilibre interroge sur la vitalité du pluralisme politique dans le pays.

Beaucoup d’observateurs estiment que la véritable épreuve commencera maintenant : gouverner avec une légitimité électorale tout en répondant aux aspirations profondes de réconciliation et d’ouverture.

La Guinée dispose d’atouts considérables : ressources naturelles abondantes, population jeune et dynamique. Mais ces potentialités ne pourront s’exprimer pleinement que dans un climat de stabilité politique et de respect des libertés.

Les prochains mois seront décisifs. Les décisions prises par le nouveau président élu détermineront si cette victoire marque le début d’une ère de consolidation autoritaire ou, au contraire, l’amorce d’un apaisement nécessaire.

En attendant la proclamation définitive des résultats, le pays retient son souffle. L’histoire politique guinéenne, riche en rebondissements, nous enseigne que rien n’est jamais totalement acquis ni irréversible.

Cette élection, bien que formellement réussie selon certains critères, laisse un goût amer à ceux qui rêvaient d’une transition exemplaire. Elle rappelle combien la route vers une démocratie mature reste semée d’embûches dans de nombreux pays africains.

Pour l’instant, Mamadi Doumbouya s’installe confortablement au palais présidentiel. Son score de 86,72 % lui offre une marge de manœuvre considérable. Reste à savoir s’il l’utilisera pour unir ou pour diviser davantage.

Le peuple guinéen, résilient face aux épreuves successives, continue d’espérer des jours meilleurs. L’avenir dira si cet espoir sera comblé ou une nouvelle fois déçu.

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