C’est un procès hors norme qui s’ouvre ce mercredi au tribunal d’Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord de la France. Six prévenus sont jugés pour des actes d’une cruauté inouïe envers des centaines d’animaux, principalement des chiens, mais aussi des animaux de ferme, des volatiles et même des espèces exotiques. Les faits, d’une ampleur rarement égalée, ont été mis au jour en mars dernier suite à l’intervention des forces de l’ordre.
Selon une source proche du dossier, ce sont au total 379 chiens d’élevage, 3 animaux de ferme, une cinquantaine de volatiles et 2 animaux exotiques qui ont été saisis dans des conditions effroyables. Entassés dans des cages exiguës, privés de nourriture et d’eau, beaucoup présentaient des blessures et des signes évidents de maltraitance. Les cadavres de plusieurs chiots et chiens adultes ont également été retrouvés sur place, certains dans un état de décomposition avancée.
Un témoin raconte l’horreur
Marc (prénom modifié), qui gère une structure d’accueil pour chiens en Vendée, a recueilli deux chiennes Berger Allemand issues de l’un des élevages concernés. Son témoignage fait froid dans le dos :
Je n’ai jamais vu un chien aussi traumatisé. Le moindre bruit la fait sursauter ou uriner de peur. Il lui faudra sans doute des mois, voire des années avant d’être vraiment elle-même.
Il explique que la mère souffrait d’une grave infection de l’oreille due à une absence totale de soins. Sa fille, comme elle, était totalement terrorisée par l’homme, au point de ne pas pouvoir être approchée.
Cadavres de chiens retrouvés
Mais le pire restait à venir. Dans le plus gros des élevages incriminés, baptisé ironiquement « La Patte d’Or », les enquêteurs ont découvert une scène d’horreur : des cadavres de chiots et de chiens adultes jonchaient le sol. Certains avaient été sommairement enterrés, d’autres simplement entassés dans des congélateurs.
Les prévenus risquent gros
Au total, ce sont 44 infractions qui sont reprochées aux six prévenus, dont des actes de cruauté, des mauvais traitements, ainsi que des délits de blanchiment et d’exercice illégal de la médecine vétérinaire. Ils encourent jusqu’à 5 ans de prison et 500.000 euros d’amende.
Plusieurs associations de protection animale, dont la Fondation Brigitte Bardot et la SPA, se sont portées parties civiles. Elles entendent bien faire entendre la voix des sans-voix et réclamer une peine à la hauteur de la souffrance endurée par ces animaux.
La maltraitance animale, un fléau en hausse
Ce procès, s’il est exceptionnel par son ampleur, n’est malheureusement pas isolé. Selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les actes de maltraitance animale ont augmenté de 30% entre 2016 et 2022 en France. Un fléau contre lequel les pouvoirs publics tentent de lutter, avec notamment la création en 2022 d’une division d’enquête spécialisée.
Mais au-delà de la réponse pénale, c’est un changement de mentalité qui s’impose. Comme le rappelle avec force la Fondation Brigitte Bardot, les animaux sont des êtres sensibles, qui ressentent la douleur et les émotions. Leur infliger des sévices est non seulement cruel, mais aussi contraire à la loi et à l’éthique la plus élémentaire.
Gageons que ce procès, par son retentissement, contribuera à cette prise de conscience. Et que la sanction qui sera prononcée fera office d’avertissement pour tous ceux qui seraient tentés de malmener ces compagnons à quatre pattes dont la seule faute est de nous aimer inconditionnellement.