En ce mois de juin 2024, alors que les familles musulmanes célèbrent l’Aïd el-Kébir, la fête du sacrifice, l’ombre de la maltraitance animale plane une fois de plus sur cet événement religieux. Chaque année, ce sont des dizaines d’incidents qui sont rapportés aux quatre coins de la France, témoignant d’une cruauté inquiétante envers les bêtes destinées à être sacrifiées.
Un triste rituel qui se répète
D’Aubervilliers à Drancy en passant par Pierrefitte-sur-Seine, les exemples ne manquent pas. Ici, ce sont quinze carcasses de moutons entassées dans une fourgonnette, au mépris des règles d’hygiène les plus élémentaires. Là, c’est un riverain qui dénonce un véritable abattoir à ciel ouvert, où les bêtes sont égorgées sur une simple table avant d’être fourrées dans des sacs poubelles. Ailleurs encore, ce sont des moutons agonisant attachés dans une cour, les pattes cisaillées par des liens trop serrés.
Les autres années je n’ai rien dit. Mais cette année j’en ai eu assez, je n’avais pas envie d’entendre les moutons crier pendant qu’ils se font égorger.
Un riverain excédé
Un trafic organisé
Derrière ces actes isolés se cache souvent un véritable trafic, avec des animaux achetés sans traçabilité, transportés et abattus dans des conditions déplorables. La plupart du temps, les fautifs ne peuvent présenter aucun document attestant de la provenance des bêtes. Certains évoquent un “commerce parallèle” qui perdure depuis des années, notamment en région parisienne.
L’Aïd, une tradition détournée ?
Pour de nombreux musulmans, l’Aïd el-Kébir est avant tout une fête de partage, qui commémore le sacrifice d’Abraham. Mais force est de constater que certains semblent avoir perdu de vue le sens profond de cette tradition. Comment expliquer autrement ces scènes dignes d’un film d’horreur, où des animaux terrorisés sont brutalisés sans ménagement ?
Les traditions religieuses ne dispensent pas du civisme et du respect des règles qui devraient théoriquement s’imposer à tous.
Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère
Un manque de sensibilisation
Au-delà de la question du respect de la loi, c’est bien un problème de mentalité qui semble se poser. Trop souvent encore, la souffrance animale est minimisée, voire totalement occultée. Il y a un cruel manque d’empathie et de prise de conscience quant au calvaire enduré par ces êtres sensibles que sont les moutons, pourtant censés incarner l’innocence sacrificielle.
Face à ce constat affligeant, une mobilisation citoyenne semble plus que jamais nécessaire. Chacun, à son niveau, peut agir pour faire évoluer les mentalités et promouvoir le respect du bien-être animal, y compris dans le cadre de pratiques religieuses. Car la tradition ne saurait justifier la barbarie. Il est temps que l’Aïd redevienne une célébration de la vie, dans toute sa diversité et sa beauté.