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Mali : Tortures par Wagner Dévoilées

Des centaines de civils torturés par Wagner au Mali : une enquête révèle des exactions brutales. Quels secrets cachent ces camps militaires ? Découvrez la vérité...

Imaginez-vous arraché à votre foyer, emmené dans un camp isolé, sans contact avec le monde extérieur, où la torture devient une routine quotidienne. C’est la réalité décrite par des rescapés au Mali, où des paramilitaires russes auraient infligé des sévices inimaginables à des centaines de civils. Une enquête récente met en lumière des pratiques brutales dans un pays en proie à l’instabilité, où les alliances géopolitiques ont redessiné les contours du pouvoir et de la violence.

Une enquête qui secoue le Mali

Depuis plusieurs années, le Mali traverse une période de bouleversements. Après deux coups d’État en 2020 et 2021, la junte dirigée par le général Assimi Goïta a pris le contrôle du pays. Ce changement radical s’est accompagné d’un pivot stratégique : l’abandon des alliances traditionnelles avec la France au profit d’un partenariat avec la Russie. Ce rapprochement a conduit à l’arrivée de paramilitaires russes, opérant dans l’ombre, pour soutenir l’armée malienne dans sa lutte contre les groupes jihadistes. Mais à quel prix ?

Une enquête collaborative, menée par un collectif de journalistes, a révélé des atrocités commises par ces forces étrangères. Entre 2022 et 2024, des centaines de civils auraient été enlevés, détenus arbitrairement et soumis à des actes de torture systématique. Ces exactions se seraient déroulées dans des lieux aussi variés que d’anciennes bases de l’ONU ou des camps militaires partagés avec l’armée malienne.

Des témoignages glaçants

Les récits des victimes, recueillis notamment dans des camps de réfugiés en Mauritanie, dressent un tableau terrifiant. Certains parlent de simulacres de noyade, d’autres de coups infligés avec des câbles électriques ou de brûlures causées par des mégots de cigarettes. Ces témoignages, bruts et déchirants, convergent vers une réalité : la violence infligée était méthodique, conçue pour briser les esprits et les corps.

“Ils nous traitaient comme des animaux. On ne savait pas si on sortirait vivants,”

Un rescapé anonyme

Les sévices ne se limitaient pas à la torture physique. Les détenus, souvent isolés du monde extérieur, vivaient dans la peur constante. Certains n’ont pas survécu. Les récits évoquent des cas où des individus ont été torturés jusqu’à la mort, un sort qui semble avoir été accepté comme une pratique courante dans ces lieux de détention.

Six lieux, une violence généralisée

L’enquête a identifié six sites où ces atrocités ont eu lieu entre 2022 et 2024. Ces lieux, situés à Bapho, Kidal, Nampala, Niafunké, Sévaré et Sofara, servaient de bases militaires où les civils étaient retenus et maltraités. Cependant, les journalistes estiment que le nombre réel de ces centres de détention pourrait être bien plus élevé, révélant l’ampleur potentielle de cette campagne de répression.

Les lieux identifiés ne sont que la partie visible d’un système plus vaste, où la violence semble avoir été institutionnalisée.

Ces bases, parfois d’anciennes installations de l’ONU, ont été transformées en centres de détention improvisés. Les témoignages décrivent des conditions inhumaines : absence de nourriture, d’eau potable, ou de soins médicaux. Les civils, souvent arrêtés sans motif clair, étaient maintenus dans l’ignorance de leur sort, renforçant leur sentiment d’impuissance.

Un pivot géopolitique aux lourdes conséquences

Pour comprendre l’ampleur de ces exactions, il faut remonter à la décision du Mali de s’allier à la Russie. Après les coups d’État, la junte a cherché à consolider son pouvoir face à une menace jihadiste persistante. Les groupes armés, responsables de milliers de morts, ont poussé le gouvernement à chercher des partenaires capables d’apporter un soutien militaire rapide et efficace. C’est dans ce contexte que des forces russes, présentées officiellement comme des “instructeurs”, ont été déployées.

Ces “instructeurs” se sont rapidement révélés être bien plus que de simples conseillers. Leur implication dans des opérations sur le terrain a suscité des critiques, notamment de la part d’organisations de défense des droits humains. Ces dernières ont dénoncé des méthodes brutales, marquées par une absence totale de respect pour les conventions internationales.

Un massacre à Moura : l’ombre des paramilitaires

Un événement particulièrement marquant illustre la violence de ces forces. En mars 2022, une opération antijihadiste dans le village de Moura, au centre du Mali, aurait conduit à l’exécution d’au moins 500 personnes. Selon des rapports internationaux, des combattants étrangers, aux côtés de l’armée malienne, auraient participé à ce massacre. La junte a nié ces allégations, mais les preuves s’accumulent, pointant du doigt une responsabilité partagée.

“Ce n’était pas une opération, c’était un carnage organisé,”

Un observateur anonyme

Ce massacre, loin d’être un incident isolé, semble s’inscrire dans une stratégie plus large. Les civils, souvent issus de communautés marginalisées comme les Peuls, sont régulièrement ciblés sous prétexte de liens présumés avec des groupes jihadistes. Ces accusations, rarement étayées, servent de justification à des arrestations arbitraires et à des actes de violence.

Wagner et son successeur : l’Africa Corps

Récemment, des informations ont émergé sur le retrait progressif des paramilitaires russes du Mali. Une annonce sur une plateforme affiliée à ces forces a indiqué que leurs contingents seraient intégrés à une nouvelle structure, appelée Africa Corps, sous le contrôle direct du ministère de la Défense russe. Ce changement, loin d’être anodin, pourrait refléter une volonté de restructurer les opérations russes en Afrique, tout en maintenant une influence militaire dans la région.

Cette transition soulève des questions cruciales. L’Africa Corps perpétuera-t-il les mêmes pratiques brutales ? Les exactions cesseront-elles, ou s’agit-il simplement d’un changement de nom pour une continuation des mêmes méthodes ? Les réponses restent incertaines, mais l’histoire récente du Mali incite à la prudence.

Les communautés peules dans le viseur

Parmi les victimes, la communauté peule semble particulièrement ciblée. En avril dernier, des corps ont été découverts près d’un camp militaire, peu après l’arrestation de dizaines de civils, majoritairement peuls, par l’armée malienne et des paramilitaires. Ces événements, loin d’être isolés, reflètent une dynamique de stigmatisation où des communautés entières sont associées à la menace jihadiste, souvent sans preuve.

Communauté Type d’exactions Lieu
Peuls Arrestations arbitraires, tortures Camps militaires
Civils divers Enlèvements, exécutions Moura, bases ONU

Cette stigmatisation aggrave les tensions communautaires dans un pays déjà fracturé. Les Peuls, souvent éleveurs nomades, sont perçus comme des cibles faciles, prises entre les feux des groupes jihadistes et des forces de sécurité. Leur situation illustre les conséquences humaines d’un conflit où la violence s’exerce sans distinction.

Une impunité persistante

Malgré les dénonciations répétées des organisations de défense des droits humains, les responsables de ces exactions restent largement impunis. La junte malienne, tout en niant officiellement la présence de mercenaires, n’a pas pris de mesures significatives pour enquêter sur ces abus. Cette absence de responsabilité renforce le climat de peur et d’injustice qui règne dans le pays.

Les rapports internationaux, y compris ceux des Nations unies, continuent de documenter ces violations. Pourtant, les pressions diplomatiques semblent avoir peu d’effet face à un gouvernement déterminé à maintenir son alliance avec la Russie. Cette situation soulève une question cruciale : comment garantir la justice pour les victimes dans un contexte où les puissants semblent intouchables ?

Que peut-on attendre pour l’avenir ?

Le retrait annoncé des paramilitaires russes et leur remplacement par l’Africa Corps marquent une nouvelle étape dans l’histoire tumultueuse du Mali. Mais sans un changement fondamental dans les pratiques sur le terrain, les perspectives restent sombres. Les civils, pris en étau entre les violences jihadistes et les abus des forces de sécurité, continuent de payer le prix fort.

Pourtant, l’enquête du collectif de journalistes offre un espoir. En exposant ces exactions au grand jour, elle met la pression sur les acteurs internationaux pour agir. La communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et les gouvernements étrangers doivent redoubler d’efforts pour exiger des comptes et protéger les populations vulnérables.

  • Enlèvements et détentions arbitraires de civils.
  • Tortures systématiques dans des camps militaires.
  • Stigmatisation des communautés peules.
  • Absence d’enquêtes officielles sur les exactions.
  • Transition vers l’Africa Corps, avec des incertitudes sur l’avenir.

Le Mali, à la croisée des chemins, doit choisir entre un avenir marqué par la justice et la réconciliation, ou une spirale de violence et d’impunité. Les voix des victimes, amplifiées par des enquêtes courageuses, rappellent l’urgence d’agir. Pour elles, et pour un pays qui aspire à la paix, le silence n’est plus une option.

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