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Mali : Le Premier Ministre Limogé Par La Junte Militaire

Nouveau rebondissement dans la crise malienne : le Premier ministre Choguel Maïga a été limogé par la junte militaire après avoir critiqué leur maintien au pouvoir. Quelles conséquences pour la transition politique du pays ?

Dans un nouveau rebondissement de la crise politique qui secoue le Mali, la junte militaire au pouvoir a pris la décision de limoger le Premier ministre civil Choguel Kokalla Maïga et l’ensemble de son gouvernement. Cette annonce fracassante, qui fait suite à des critiques exprimées par M. Maïga envers les autorités militaires, plonge le pays dans une incertitude encore plus profonde quant à son avenir.

Un Premier ministre isolé et affaibli

Nommé à son poste par la junte en 2021 après le second coup d’État en un an, Choguel Kokalla Maïga semblait de plus en plus isolé ces derniers mois. Malgré son statut de Premier ministre, il ne disposait que d’une marge de manœuvre limitée face aux militaires qui détiennent les rênes du pouvoir. Certains des principaux membres de la junte, comme les généraux Sadio Camara et Ismaël Wagué, occupent d’ailleurs des postes clés au sein du gouvernement, respectivement à la Défense et à la Réconciliation.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase semble avoir été les déclarations publiques de M. Maïga samedi dernier. Il s’est en effet plaint d’être tenu à l’écart des décisions concernant le maintien des généraux au pouvoir, évoquant “le spectre de la confusion et de l’amalgame” qui planerait sur la période de transition actuelle selon lui.

Des promesses non tenues

Il faut rappeler que la junte avait initialement promis, sous la pression de la communauté internationale, de rendre le pouvoir à des civils élus d’ici mars 2024. Un engagement qui n’a pas été tenu, aucune nouvelle échéance n’ayant été fixée à ce jour. Cette situation crée un flou politique dommageable pour le Mali, déjà confronté à de multiples défis sécuritaires et économiques.

Le Mali traverse une période très trouble. Entre menace jihadiste, crise économique et instabilité politique chronique, le pays a plus que jamais besoin d’une feuille de route claire pour son avenir.

Un diplomate occidental en poste à Bamako

Un pivot géopolitique controversé

Choguel Kokalla Maïga aura en tout cas été le visage de la politique de rupture opérée par les militaires maliens vis-à-vis de la France. Un virage géopolitique majeur qui s’est traduit par l’expulsion des forces françaises engagées contre les groupes jihadistes et un rapprochement assumé avec la Russie.

L’ex-Premier ministre avait lui-même dénoncé avec virulence à la tribune des Nations unies en septembre 2021 ce qu’il considérait comme un “abandon en plein vol” de la part de Paris. Des propos annonciateurs du déploiement controversé d’éléments du groupe paramilitaire russe Wagner au Mali.

Un limogeage attendu mais déstabilisant

Si les relations entre Choguel Maïga et la junte semblaient se dégrader depuis plusieurs mois, son limogeage n’en reste pas moins déstabilisant pour le Mali. Ce pilier du Mouvement du 5-Juin, fer de lance de la contestation contre l’ancien président IBK, apportait une forme de caution civile au pouvoir militaire.

Son renvoi risque de réduire encore la représentativité des civils dans les instances de transition, renforçant l’emprise des militaires sur les affaires du pays. Une évolution inquiétante alors que l’horizon d’un retour des civils au pouvoir semble s’éloigner de plus en plus.

Une nouvelle phase d’incertitude

Dans ce contexte, de nombreuses interrogations demeurent. Qui succèdera à Choguel Kokalla Maïga à la primature ? La junte nommera-t-elle un nouveau Premier ministre civil ou choisira-t-elle cette fois un militaire, abandonnant toute apparence de transition vers un pouvoir civil ? Quelles seront les conséquences de ce remaniement forcé sur la conduite des affaires, alors que le Mali est confronté à des défis sécuritaires, humanitaires et de développement majeurs ?

Une chose est sûre : en limogeant brutalement Choguel Kokalla Maïga, la junte malienne ouvre une nouvelle phase d’incertitude et de turbulences politiques. Un énième soubresaut qui risque de compliquer encore davantage la tâche titanesque qui attend le Mali sur le chemin de la stabilisation et de la paix. Le peuple malien, durement éprouvé par une décennie de crise, aspire pourtant à un retour à l’ordre constitutionnel et au développement. Un espoir que les militaires au pouvoir se doivent de ne pas décevoir.

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