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Mali : Crise de Carburant Perturbe Écoles et Transports

La pénurie de carburant paralyse le Mali : écoles fermées, transports limités. Comment la junte fait-elle face à ce blocus jihadiste ? Découvrez la suite...

Imaginez un pays où les salles de classe se vident, où les bus restent à l’arrêt, et où le carburant devient une denrée si rare qu’elle paralyse la vie quotidienne. Au Mali, cette réalité s’est imposée avec une brutalité saisissante. Depuis septembre, un blocus orchestré par des groupes jihadistes perturbe l’approvisionnement en carburant, plongeant le pays dans une crise aux multiples facettes. La junte au pouvoir, confrontée à des défis sécuritaires et logistiques, a pris des mesures drastiques, suspendant les cours dans les écoles et universités et rationnant l’essence pour les services essentiels. Mais quelles sont les conséquences de cette situation pour les Maliens, et comment ce pays sahélien tente-t-il de surmonter cette épreuve ?

Une Crise de Carburant aux Racines Complexes

La pénurie de carburant qui secoue le Mali n’est pas un simple incident logistique. Elle trouve son origine dans un blocus jihadiste organisé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Ce groupe, actif dans la région du Sahel, cible les camions-citernes acheminant le carburant depuis les pays voisins comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Ces attaques ne sont pas anodines : elles visent à asphyxier économiquement et socialement un pays déjà fragilisé par une crise sécuritaire qui dure depuis 2012.

Le JNIM justifie ce blocus comme une réponse à une mesure des autorités maliennes interdisant la vente de carburant en jerricanes dans les zones rurales. Cette restriction, destinée à limiter l’accès des groupes armés au carburant, a eu des répercussions en chaîne. En perturbant l’approvisionnement, les jihadistes ont réussi à créer un effet domino, touchant aussi bien les transports que l’éducation et les services publics.

Suspension des Cours : Un Coup Dur pour l’Éducation

Face à cette crise, la junte militaire a décidé de suspendre les cours dans toutes les écoles et universités du pays du 27 octobre au 9 novembre. Cette mesure, annoncée par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, vise à limiter les déplacements dans un contexte où le carburant manque cruellement. Mais cette décision n’est pas sans conséquences.

Pour les élèves et étudiants maliens, ces deux semaines de suspension représentent un frein supplémentaire à leur apprentissage. Dans un pays où l’accès à l’éducation est déjà un défi, cette interruption risque d’aggraver les retards scolaires et universitaires. Les autorités ont promis un réaménagement des calendriers académiques, mais les détails restent flous, laissant les familles et les enseignants dans l’incertitude.

« Cette décision s’explique par des perturbations dans l’approvisionnement en carburant », ont déclaré les ministères dans un communiqué conjoint.

Si cette mesure peut sembler pragmatique, elle soulève des questions sur la capacité du système éducatif à s’adapter à des crises répétées. Les établissements scolaires, déjà confrontés à des problèmes d’infrastructures et de sécurité dans certaines régions, doivent désormais jongler avec des interruptions imprévues.

Rationnement du Carburant : Priorité aux Services Essentiels

Parallèlement à la suspension des cours, la junte a mis en place des restrictions strictes sur la distribution de carburant. À Bamako, la capitale, 12 stations-service ont été désignées pour approvisionner exclusivement les véhicules prioritaires : ambulances, corbillards, bus interurbains, camions de marchandises et véhicules d’État impliqués dans la gestion de la crise. Cette mesure, bien que nécessaire, limite l’accès au carburant pour les citoyens ordinaires, accentuant les tensions dans un pays où la mobilité est essentielle.

Dans les régions, les gouverneurs ont été chargés d’appliquer des mesures similaires si nécessaire. Cette décentralisation montre l’ampleur de la crise, qui touche l’ensemble du territoire malien. Cependant, elle met aussi en lumière les disparités régionales : dans les zones rurales, l’accès au carburant était déjà limité avant le blocus, et la situation actuelle risque d’isoler davantage ces communautés.

Exemple concret : À Bamako, un chauffeur de bus témoigne de l’impact du rationnement : « Je passe des heures à attendre à la station réservée, et parfois, il n’y a plus rien. Les passagers sont frustrés, et moi, je perds mon gagne-pain. »

Le Contexte Sécuritaire : Une Crise qui S’Enlise

La pénurie de carburant s’inscrit dans un contexte plus large de crise sécuritaire qui secoue le Mali depuis plus d’une décennie. Depuis 2012, le pays est confronté à des violences perpétrées par des groupes jihadistes, notamment le JNIM et l’État islamique au Sahel. Ces groupes exploitent les failles d’un État fragilisé, ciblant les infrastructures, les convois et les populations civiles.

La junte, arrivée au pouvoir par des coups d’État en 2020 et 2021, promet depuis des années de rétablir la sécurité. Pourtant, les attaques se multiplient, et le blocus du carburant illustre la difficulté des autorités à contrôler le territoire. En limitant l’accès au carburant dans les zones rurales pour affaiblir les jihadistes, la junte a involontairement fourni un prétexte au JNIM pour intensifier ses actions.

Les Répercussions Économiques et Sociales

Le blocus du carburant ne se limite pas à l’éducation et aux transports. Il affecte l’ensemble de l’économie malienne, un pays enclavé qui dépend fortement des importations. Les prix des biens de première nécessité, comme les denrées alimentaires, ont grimpé en flèche, car les camions de marchandises peinent à circuler. Les petits commerçants, qui dépendent de la mobilité pour s’approvisionner, sont particulièrement touchés.

Sur le plan social, la crise exacerbe les tensions. Les files d’attente aux stations-service s’allongent, et les frustrations des citoyens grandissent. Dans un pays où la population est jeune et où le chômage est endémique, cette situation pourrait alimenter un mécontentement généralisé, mettant davantage de pression sur la junte.

Secteur Impact de la crise
Éducation Suspension des cours pour deux semaines
Transports Rationnement du carburant, priorité aux services essentiels
Économie Hausse des prix des biens importés

Perspectives et Défis pour l’Avenir

La crise actuelle met en lumière la fragilité du Mali face aux pressions externes et internes. Pour surmonter cette situation, la junte devra non seulement rétablir l’approvisionnement en carburant, mais aussi repenser sa stratégie de lutte contre les groupes jihadistes. Une approche purement militaire semble insuffisante, et des solutions diplomatiques ou économiques pourraient être nécessaires pour apaiser les tensions.

En attendant, les Maliens doivent s’adapter à une réalité où l’accès aux ressources de base est limité. Les enseignants explorent des moyens d’assurer un apprentissage à distance, tandis que les chauffeurs de bus et les commerçants cherchent des alternatives pour poursuivre leurs activités. Mais ces efforts, bien que louables, ne suffiront pas sans une action concertée des autorités.

La question qui se pose désormais est la suivante : combien de temps le Mali pourra-t-il tenir face à cette double crise, sécuritaire et logistique ? Alors que le blocus jihadiste continue de faire des ravages, les regards se tournent vers la junte, dont les décisions dans les semaines à venir pourraient redéfinir l’avenir du pays.

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