Malala Yousafzai, la militante pakistanaise et plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix, est de retour dans son pays natal ce week-end pour participer à un sommet crucial sur l’éducation des filles, au cœur de son combat de toujours. Sa venue intervient à un moment charnière où l’accès à l’éducation est particulièrement fragilisé dans la région.
Un contexte régional préoccupant pour l’éducation
Au Pakistan, pays d’origine de Malala Yousafzai, la situation est alarmante avec pas moins de 26 millions d’enfants déscolarisés selon les chiffres officiels. Un triste record qui place le pays parmi les plus durement touchés par ce fléau à l’échelle mondiale. Quant à l’Afghanistan voisin, il détient le titre peu enviable de seul pays au monde où les filles et les femmes n’ont pas le droit d’accéder à l’enseignement secondaire et supérieur, une mesure liberticide parmi tant d’autres imposées par le régime taliban depuis son retour au pouvoir en 2021.
Les talibans ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains.
– Malala Yousafzai, lors du sommet sur l’éducation des filles à Islamabad
Le combat d’une vie pour Malala
Pour Malala Yousafzai, ce combat pour le droit à l’éducation des filles a failli lui coûter la vie. En 2012, alors qu’elle n’avait que 15 ans, la jeune pakistanaise a été victime d’une attaque des talibans, furieux de ses prises de position en faveur de l’éducation relayées sur son blog. Visée par une balle dans la tête alors qu’elle rentrait de l’école en bus, Malala a dû être évacuée d’urgence vers le Royaume-Uni où elle vit désormais. Depuis, ses retours au Pakistan se font rares et toujours sous haute protection.
Mais son engagement est resté intact. En 2014, à seulement 17 ans, elle est devenue la plus jeune récipiendaire du prestigieux prix Nobel de la paix. Avec son père, ancien enseignant qui s’était battu contre les normes sociales pour la scolariser, elle a aussi créé le « Malala Fund ». Cette organisation a investi des millions de dollars dans des projets visant à sortir quelques 120 millions de filles de la déscolarisation à travers le monde.
Un symbole paradoxal au Pakistan
Pourtant, malgré une renommée internationale et un combat universellement salué, Malala Yousafzai reste une figure controversée dans son propre pays. Beaucoup la critiquent pour son absence du Pakistan tandis que les projets soutenus par son organisation dans les zones rurales sont méconnus du grand public. Entre admiration et méfiance, la société pakistanaise semble divisée quant à la « fille de Swat », comme on la surnomme parfois.
Au Pakistan, Malala est un paradoxe. Ses réussites à l’échelle internationale sont indéniables mais les responsables et la société restent divisés, pris entre de l’admiration et de la méfiance.
– Nighat Dad, militante aux côtés de Malala Yousafzai
Il n’empêche, pour de nombreuses jeunes pakistanaises, Malala reste une icône et une voix puissante en faveur de l’éducation des filles. Celle qui a été confrontée à la violence, à la haine et aux critiques pour avoir osé défendre cette cause cruciale.
Aujourd’hui, sa présence à Islamabad pour ce sommet est un message fort, un rappel que le combat est loin d’être gagné. Comme le souligne une étudiante venue l’écouter, il est décourageant de constater que la situation n’a que peu évolué depuis son départ. Malgré tout, l’impact des réseaux sociaux permet de maintenir la pression et de faire reculer petit à petit la menace pesant sur les droits des femmes et des filles.
Un combat de longue haleine que Malala Yousafzai n’est pas prête d’abandonner, pour que chaque petite fille pakistanaise, afghane ou d’ailleurs puisse un jour étudier sans crainte et s’épanouir pleinement. Un rêve qu’elle compte bien, à force de courage et de détermination, transformer en réalité.