À l’approche des élections législatives de 2024, l’enjeu est de taille pour les différents partis politiques : décrocher la précieuse majorité absolue à l’Assemblée nationale. Un sésame indispensable pour gouverner sereinement, mais qui s’annonce comme une véritable gageure au vu du paysage politique morcelé. Analyse des défis à relever pour atteindre cet objectif stratégique.
La majorité absolue, clé de voûte du pouvoir
Disposer d’une majorité absolue de députés est crucial pour un gouvernement qui souhaite mettre en œuvre son programme sans entraves. Cela lui évite de devoir composer avec d’autres groupes politiques ou de risquer un blocage en cas de désaccord.
La concordance parfaite entre l’exécutif et la majorité parlementaire est un gage de stabilité et d’efficacité pour l’action publique.
Gabriel Attal, ministre des comptes publics
Mais cette majorité absolue devient de plus en plus difficile à atteindre avec l’émergence de nouveaux partis et le renforcement des extrêmes. La dernière élection où un parti a obtenu seul la majorité absolue remonte à 2017, avec la victoire d’Emmanuel Macron et de La République En Marche.
Un paysage politique fragmenté
Aujourd’hui, le paysage politique apparaît plus morcelé que jamais, avec pas moins de 10 formations politiques représentées à l’Assemblée nationale :
- Renaissance (ex-LREM)
- Les Républicains
- Rassemblement National
- La France Insoumise
- Socialistes
- Ecologistes
- Modem
- Horizons
- Gauche démocrate et républicaine
- Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires
Avec un tel éparpillement des forces, aucun parti ne semble en mesure de décrocher seul la majorité absolue fixée à 289 sièges. Les alliances et les compromis seront indispensables pour gouverner.
Le spectre d’une motion de censure
Sans majorité absolue, le gouvernement se retrouve sous la menace permanente d’une motion de censure de l’opposition. Un risque encore plus élevé pour des gouvernements portés par les extrêmes, comme le RN ou le Nouveau Front Populaire (LFI – PCF – PS – EELV).
Les gouvernements RN ou NFP auront d’autant plus besoin d’une majorité absolue qu’ils seront exposés plus encore que les gouvernements Borne et Attal au risque d’une motion de censure.
Guillaume Tabard, éditorialiste au Figaro
Chaque texte de loi deviendra un chemin de crête périlleux, le gouvernement jonglant entre compromis et 49.3 pour éviter la chute. Un équilibre instable qui fragiliserait l’exécutif.
Bâtir des coalitions, un art délicat
Pour atteindre la majorité absolue, les partis devront se résoudre à bâtir des coalitions. Mais l’exercice est périlleux, tant les lignes idéologiques semblent irréconciliables entre formations aujourd’hui. Difficile d’imaginer un attelage Renaissance-LR-RN ou PS-LFI-EELV-PCF par exemple.
Pourtant, les partis devront se montrer pragmatiques et flexibles s’ils veulent accéder au pouvoir et disposer d’une majorité pour gouverner. Cela impliquera des concessions et des accords de gouvernement précis en amont.
Mobiliser à tout prix
Enfin, l’enjeu pour les partis sera de mobiliser massivement leur électorat. À ce petit jeu, le parti qui réussira à limiter l’abstention et à faire le plein de voix sera avantagé pour approcher la barre des 289 députés.
Une stratégie de mobilisation qui passera par une campagne intense sur le terrain et sur les réseaux, en activant tous les relais militants. Les partis devront aussi aller chercher les électeurs indécis et les abstentionnistes, en les convainquant que ce scrutin sera décisif pour l’avenir du pays.
La majorité absolue, un objectif nécessaire mais terriblement complexe à atteindre en 2024. Sa quête marquera le tempo de la campagne et les stratégies d’alliance. Avec en ligne de mire, les clés d’un pouvoir renforcé pour le vainqueur de cette bataille des urnes.