Dans son discours annuel sur l’état de la nation, le président vénézuélien Nicolas Maduro s’est vanté d’avoir fait baisser l’inflation à 48% dans son pays, après des années d’une hyperinflation dévastatrice. Une affirmation étonnante alors que le Venezuela ne publie plus régulièrement de données économiques officielles. Retour sur les déclarations du dirigeant socialiste et la situation économique réelle de ce pays d’Amérique du Sud.
Maduro clame une croissance de 9% et une inflation maîtrisée
Lors de son allocution, Nicolas Maduro a assuré que « la croissance de l’économie au Venezuela en 2024 a dépassé 9% du produit intérieur brut » et que le pays connaissait « l’inflation la plus basse des 12 dernières années, soit 48% ». Des chiffres surprenants alors que le PIB vénézuélien s’était contracté de 80% dans la décennie suivant l’arrivée au pouvoir de Maduro en 2013.
Le président a attribué ce rebond économique à l’abolition du contrôle des changes, qui a conduit à une dollarisation de facto de l’économie, ralentissant l’inflation. Il a cependant promis un « redressement définitif et structurel » du bolivar, la monnaie nationale.
Une inflation en baisse mais toujours élevée
Selon les rares statistiques officielles, l’inflation au Venezuela a atteint 189,8% en 2023, contre 234% en 2022 et 686,4% en 2021, après quatre années d’hyperinflation. En 2019, au plus fort de la crise, Nicolas Maduro avait même évoqué une inflation de 344 000%.
Si ces chiffres témoignent d’une décélération de la hausse des prix, l’inflation reste très élevée dans le pays, bien loin des standards internationaux. La dollarisation a permis d’enrayer l’hyperinflation mais n’a pas résolu les déséquilibres structurels de l’économie vénézuélienne.
Des promesses de relance de la production nationale
Lors de son discours, Maduro a promis de « mettre en œuvre de nouveaux mécanismes de défense active de l’industrie et de la production nationale », sans pour autant annoncer de taxes sur les importations. Il avait été contraint de libéraliser ces dernières à partir de 2018 face aux pénuries et à la paralysie de l’économie.
Au Venezuela nous pouvons tout produire. Donnons la priorité à ce qui est fabriqué dans notre pays.
a martelé le dirigeant socialiste
Il a également évoqué une réforme fiscale, estimant qu’il y avait « beaucoup d’évasion » de la part « de ceux qui gagnent beaucoup ». Des annonces qui restent pour l’heure très vagues et dont l’application concrète soulève des doutes.
Une situation économique et sociale toujours critique
Malgré les promesses de redressement de Nicolas Maduro, la situation au Venezuela reste très préoccupante. Plus de 7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays selon l’ONU, en raison de la crise économique et de l’effondrement des services publics de base. Le gouvernement ne reconnaît que 2,5 millions de migrants.
L’appareil productif est exsangue après des années de mauvaise gestion, de corruption et de sanctions internationales. Les coupures d’électricité et les pénuries sont monnaie courante. L’accès aux biens de première nécessité et aux soins reste très difficile pour la majorité de la population.
Une réélection contestée pour Maduro
Ce discours survient cinq jours après l’investiture de Nicolas Maduro pour un troisième mandat, alors que l’opposition revendique toujours la victoire à la présidentielle de juillet dernier.
Le président socialiste a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE). Mais ce dernier n’a pas publié les procès-verbaux des bureaux de vote comme le prévoit la loi, invoquant un piratage informatique. Une explication jugée peu crédible par de nombreux observateurs.
La communauté internationale n’a pas reconnu cette réélection, et le candidat d’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia revendique la victoire. La répression post-électorale aurait fait 28 morts, 200 blessés et plus de 2400 arrestations.
Un paysage politique et économique toujours instable
Les affirmations de Nicolas Maduro sur le redressement économique du Venezuela semblent donc très exagérées au regard de la situation concrète du pays. Si la dollarisation a permis de ralentir l’inflation, elle ne constitue pas une solution pérenne et crédible aux maux de l’économie vénézuélienne.
La réélection contestée du président socialiste ne présage pas non plus d’une stabilisation politique du pays. L’opposition reste mobilisée et dénonce un scrutin frauduleux. La communauté internationale maintient la pression et les sanctions économiques sur le régime.
Dans ce contexte, les promesses de relance de Maduro apparaissent bien optimistes et peu crédibles. Le Venezuela aura besoin de réformes d’envergure et d’un véritable changement de modèle économique pour espérer sortir durablement de la crise. Un scénario qui semble encore lointain en l’état actuel du rapport de forces politique.
Lors de son discours, Maduro a promis de « mettre en œuvre de nouveaux mécanismes de défense active de l’industrie et de la production nationale », sans pour autant annoncer de taxes sur les importations. Il avait été contraint de libéraliser ces dernières à partir de 2018 face aux pénuries et à la paralysie de l’économie.
Au Venezuela nous pouvons tout produire. Donnons la priorité à ce qui est fabriqué dans notre pays.
a martelé le dirigeant socialiste
Il a également évoqué une réforme fiscale, estimant qu’il y avait « beaucoup d’évasion » de la part « de ceux qui gagnent beaucoup ». Des annonces qui restent pour l’heure très vagues et dont l’application concrète soulève des doutes.
Une situation économique et sociale toujours critique
Malgré les promesses de redressement de Nicolas Maduro, la situation au Venezuela reste très préoccupante. Plus de 7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays selon l’ONU, en raison de la crise économique et de l’effondrement des services publics de base. Le gouvernement ne reconnaît que 2,5 millions de migrants.
L’appareil productif est exsangue après des années de mauvaise gestion, de corruption et de sanctions internationales. Les coupures d’électricité et les pénuries sont monnaie courante. L’accès aux biens de première nécessité et aux soins reste très difficile pour la majorité de la population.
Une réélection contestée pour Maduro
Ce discours survient cinq jours après l’investiture de Nicolas Maduro pour un troisième mandat, alors que l’opposition revendique toujours la victoire à la présidentielle de juillet dernier.
Le président socialiste a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE). Mais ce dernier n’a pas publié les procès-verbaux des bureaux de vote comme le prévoit la loi, invoquant un piratage informatique. Une explication jugée peu crédible par de nombreux observateurs.
La communauté internationale n’a pas reconnu cette réélection, et le candidat d’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia revendique la victoire. La répression post-électorale aurait fait 28 morts, 200 blessés et plus de 2400 arrestations.
Un paysage politique et économique toujours instable
Les affirmations de Nicolas Maduro sur le redressement économique du Venezuela semblent donc très exagérées au regard de la situation concrète du pays. Si la dollarisation a permis de ralentir l’inflation, elle ne constitue pas une solution pérenne et crédible aux maux de l’économie vénézuélienne.
La réélection contestée du président socialiste ne présage pas non plus d’une stabilisation politique du pays. L’opposition reste mobilisée et dénonce un scrutin frauduleux. La communauté internationale maintient la pression et les sanctions économiques sur le régime.
Dans ce contexte, les promesses de relance de Maduro apparaissent bien optimistes et peu crédibles. Le Venezuela aura besoin de réformes d’envergure et d’un véritable changement de modèle économique pour espérer sortir durablement de la crise. Un scénario qui semble encore lointain en l’état actuel du rapport de forces politique.