InternationalPolitique

Madagascar : Crise Politique et Appel à la Démission

À Madagascar, la colère gronde contre Andry Rajoelina. Des jeunes, soutenus par une unité militaire, exigent sa démission. La crise peut-elle renverser le pouvoir ? Lisez pour découvrir...

Imaginez une capitale où la tension est palpable, où les rues vibrent de cris et de revendications, où l’histoire d’un pays semble à un tournant décisif. À Antananarivo, Madagascar, un mouvement porté par la jeunesse défie le président Andry Rajoelina, au pouvoir depuis un coup d’État en 2009 et réélu en 2018. Ce qui a commencé comme une grogne populaire prend une ampleur inattendue avec le soutien d’une unité militaire, le CAPSAT, révélant des fractures profondes dans la société malgache.

Une Crise Politique aux Racines Profondes

Depuis plus de deux semaines, des manifestations secouent Madagascar, l’un des pays les plus pauvres au monde. Les jeunes, moteur de ce soulèvement, exigent la démission d’Andry Rajoelina, accusé de dérive autoritaire et de mauvaise gestion. Ce mouvement, qui semblait initialement spontané, a pris une tournure dramatique lorsque le CAPSAT, une unité de l’armée basée en périphérie d’Antananarivo, a rejoint les manifestants. Ce soutien militaire inattendu a transformé une protestation civile en une crise politique majeure.

Dans un communiqué publié récemment, le président, âgé de 51 ans, a dénoncé une tentative illégale de prise de pouvoir, qualifiant les actions des manifestants et de leurs soutiens militaires de contraires à la Constitution et aux principes démocratiques. Mais cette déclaration n’a fait qu’attiser les tensions, les protestataires voyant dans ces mots une tentative de détourner l’attention des véritables problèmes du pays.

Retour sur l’Ascension d’Andry Rajoelina

L’histoire d’Andry Rajoelina est celle d’une ascension fulgurante. Nommé maire d’Antananarivo en 2007 à seulement 35 ans, il s’est rapidement imposé comme une figure incontournable de l’opposition. À l’époque, il dénonçait les restrictions des libertés sous le président Marc Ravalomanana. En 2009, il mobilise des milliers de personnes dans des manifestations parfois violentes, soutenues tacitement par l’armée, marquant un tournant dans sa carrière politique.

Les événements de 2009 restent gravés dans la mémoire collective. Les affrontements entre manifestants et la garde présidentielle font une centaine de morts. Marc Ravalomanana, abandonné par l’armée, finit par démissionner, laissant la voie libre à Rajoelina, qui prend le pouvoir avec le soutien du même CAPSAT aujourd’hui aux côtés des protestataires. Ce changement de régime, qualifié de coup d’État par la communauté internationale, entraîne un gel des aides étrangères pendant près de quatre ans, plongeant davantage le pays dans la pauvreté.

« Une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force, contraire à la constitution et aux principes démocratiques, est actuellement en cours sur le territoire national. »

Communiqué d’Andry Rajoelina

Un Soutien Militaire Inattendu

Le ralliement du CAPSAT aux manifestants marque un tournant dans la crise actuelle. Cette unité, qui avait déjà joué un rôle clé en 2009, refuse désormais d’intervenir contre la population. Ce week-end, des soldats ont rejoint les protestataires dans le centre d’Antananarivo, renforçant leur détermination. Ce geste symbolique illustre un mécontentement profond, non seulement parmi les civils, mais aussi au sein des forces armées.

Pourquoi une telle fracture ? Les raisons sont multiples :

  • Frustration économique : Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres, avec une majorité de la population vivant sous le seuil de pauvreté.
  • Défiance politique : Les accusations de corruption et d’irrégularités électorales alimentent la méfiance envers le pouvoir.
  • Jeunesse en colère : Les jeunes, confrontés à un chômage endémique, se sentent exclus des décisions politiques.

Une Victoire Électorale Controversée en 2018

Après avoir quitté le pouvoir sous la pression internationale en 2013, Andry Rajoelina revient sur le devant de la scène en 2018. Cette année-là, des manifestations éclatent contre des lois électorales jugées restrictives par l’opposition. Ces textes, selon les critiques, visaient à écarter certains candidats de la présidentielle de novembre. Rajoelina et Ravalomanana, tous deux candidats, mobilisent leurs partisans pour contester ces réformes.

L’élection de 2018 est marquée par une forte tension. Au premier tour, aucun candidat n’obtient la majorité, menant à un second tour remporté par Rajoelina avec près de 56 % des voix. Marc Ravalomanana conteste les résultats, dénonçant des irrégularités, mais la Cour constitutionnelle valide la victoire. Ce scrutin, bien que légal sur le papier, laisse un goût amer à une partie de la population.

En 2018, la victoire d’Andry Rajoelina a divisé le pays, révélant des tensions persistantes autour de la légitimité du pouvoir.

La Polémique de la Double Nationalité

En 2023, alors que Madagascar se prépare pour une nouvelle élection présidentielle, une révélation secoue le pays : Andry Rajoelina a acquis la nationalité française en 2014. Cette information, rendue publique par des médias, provoque un tollé. La législation malgache interdit la double nationalité, et des voix s’élèvent pour demander sa disqualification. Malgré cela, Rajoelina remporte l’élection avec 59 % des voix dès le premier tour, dans un scrutin marqué par un faible taux de participation (46 %) et un boycott de l’opposition.

Les accusations d’achats de voix et d’irrégularités dans le décompte des bulletins alimentent les critiques. Après la validation des résultats par la justice, plusieurs pays donateurs, dont ceux de l’Union européenne et les États-Unis, expriment leur inquiétude face aux tensions et aux incidents qui ont marqué la campagne. Cette controverse continue de peser sur la légitimité du président.

Quels Enjeux pour l’Avenir ?

La crise actuelle à Madagascar soulève des questions cruciales sur l’avenir politique du pays. La mobilisation des jeunes, combinée au soutien d’une partie de l’armée, pourrait-elle conduire à un changement de régime ? Les précédents de 2009 montrent que l’intervention militaire peut bouleverser l’équilibre du pouvoir. Cependant, une telle issue risquerait de provoquer une nouvelle période d’instabilité, comme ce fut le cas après le coup d’État.

Pour mieux comprendre les enjeux, voici un résumé des forces en présence :

Acteurs Rôle Position
Jeunes manifestants Porteurs des revendications Exigent la démission de Rajoelina
CAPSAT Unité militaire Soutient les manifestants
Andry Rajoelina Président en exercice Dénonce une tentative de coup d’État
Opposition Partis politiques Conteste la légitimité du pouvoir

La situation reste volatile. Les appels à la démission se multiplient, et la réponse du gouvernement dans les prochains jours sera déterminante. Si les manifestations continuent de gagner en ampleur, elles pourraient forcer des négociations ou, au contraire, durcir la position du président.

Un Pays à la Croisée des Chemins

Madagascar se trouve à un moment charnière de son histoire. La crise actuelle dépasse la simple contestation d’un homme ou d’un régime : elle reflète les frustrations d’une population confrontée à la pauvreté, à l’instabilité politique et à un sentiment d’injustice. Les jeunes, en première ligne, incarnent un espoir de changement, mais aussi un risque de dérapage si la situation échappe à tout contrôle.

Le rôle du CAPSAT, à la fois acteur historique et soutien inattendu des manifestants, ajoute une dimension complexe. Leur refus d’agir contre la population pourrait inspirer d’autres unités de l’armée, mais il soulève aussi des craintes d’une militarisation du conflit. L’avenir du pays dépendra de la capacité des différents acteurs à dialoguer et à éviter une escalade de la violence.

« Le peuple malgache mérite un avenir où ses aspirations sont entendues, pas réprimées. »

Un manifestant anonyme, Antananarivo, 2025

Alors que les rues d’Antananarivo continuent de vibrer au rythme des slogans, le monde observe. Cette crise pourrait redéfinir la trajectoire de Madagascar, pour le meilleur ou pour le pire. Une chose est sûre : le peuple malgache, porté par sa jeunesse, n’a pas l’intention de se taire.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.