Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur le conflit israélo-palestinien ont semé la consternation au sein de la communauté juive française. En effet, le président a accusé Israël de “semer la barbarie” à Gaza, provoquant une vague d’indignation et de réactions hostiles.
Un gouffre se creuse entre Macron et les Juifs de France
Les propos du chef de l’État ont été vécus comme une véritable “blessure” par les institutions juives, à l’image du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui évoque des mots “outranciers”. Pour Yossef Murciano, président de l’Union des étudiants juifs de France, “Macron nous replonge une nouvelle fois dans le désarroi”.
Ces réactions traduisent le fossé grandissant entre Emmanuel Macron et la communauté juive, alors même que le président avait jusqu’ici “montré à maintes reprises sa proximité avec Israël et le peuple juif”, comme le souligne Frédéric Haziza de Radio J.
Appel à “montrer l’exemple” et à “respecter le droit international”
Face aux critiques, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot réplique : “Lorsqu’on se revendique de la civilisation comme le fait Netanyahu, il faut montrer l’exemple et il faut respecter le droit international”. Des arguments qui peinent cependant à convaincre la communauté juive.
La communauté juive vit un malaise qui renvoie à celui vécu à l’époque du général de Gaulle lorsqu’il avait qualifié les Juifs de +peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur+.
Yonathan Arfi, président du Crif
Une “ligne de crête compliquée” pour Macron
Depuis le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, Emmanuel Macron tente de garder un équilibre délicat entre soutien à Israël et ouverture vers le monde arabe. Mais cette “ligne de crête compliquée” semble troubler de nombreux acteurs et attiser les tensions.
Certains y voient également une réaction à l’attitude de Benjamin Netanyahu, le président français ayant “donné plein de gages au Premier ministre israélien” sans être “remercié en rien”, d’où “sa colère et l’escalade verbale” selon Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient.
Des réactions politiques contrastées
Sur le plan politique français, les propos d’Emmanuel Macron divisent. La France insoumise y voit une légitimation de sa position, elle qui avait refusé de qualifier le Hamas d’organisation “terroriste”. À l’inverse, à droite, le député Éric Ciotti dénonce des “déclarations provocatrices” et “indignes”, estimant que “la barbarie, c’est l’islamisme qui menace notre civilisation judéo-chrétienne”.
Cette crise diplomatique risque de marquer durablement les relations entre la France et Israël. Si Emmanuel Macron a cherché un rééquilibrage, ses propos sèment la consternation parmi les Juifs français, créant un véritable malaise. L’avenir dira si le président parviendra à renouer le dialogue avec la communauté juive et à apaiser les tensions avec l’État hébreu.