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Macron Reconnaît le « Massacre » des Tirailleurs Africains de 1944

La France reconnaît enfin le "massacre" des tirailleurs africains de 1944 au Sénégal. Le président Macron franchit un pas décisif vers la vérité dans une lettre au président sénégalais. Que s'est-il réellement passé ce jour fatidique à Thiaroye ?

Un pas historique vient d’être franchi dans la reconnaissance d’une sombre page de l’histoire coloniale française. Dans une lettre adressée au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, le président Emmanuel Macron a en effet reconnu qu’un « massacre » avait été perpétré par les forces coloniales françaises contre des tirailleurs africains en 1944 près de Dakar.

La vérité sur les événements de Thiaroye

Les faits remontent au 1er décembre 1944 dans le camp militaire de Thiaroye, où plus de 1600 tirailleurs, pour la plupart d’anciens prisonniers de guerre des Allemands ayant combattu pour la France en 1940, étaient rassemblés. Originaires de diverses colonies françaises en Afrique, ces soldats réclamaient le paiement de leurs arriérés de soldes, primes et indemnités de combat. C’est alors que les forces coloniales ont ouvert le feu sur ces hommes désarmés.

Si les autorités françaises de l’époque avaient reconnu la mort d’au moins 35 personnes, plusieurs historiens estiment que le nombre de victimes était en réalité bien plus élevé, possiblement plusieurs centaines. De nombreuses zones d’ombre persistent encore aujourd’hui sur les circonstances exactes du drame, le bilan humain ou le lieu où reposent les corps des tirailleurs tués ce jour-là.

Un « pas important » selon le Sénégal

Pour le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, la lettre d’Emmanuel Macron marque « un pas important » en reconnaissant « de façon très claire, sans ambiguïté sur les termes » que les événements du 1er décembre 1944 étaient bien un « massacre ». Une qualification jamais employée jusqu’ici par un chef d’État français, bien que l’ancien président François Hollande ait parlé de « répression sanglante » lors de visites au Sénégal en 2012 et 2014.

La France a reconnu ce massacre comme elle ne l’a jamais fait.

Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal

Vers la manifestation de la vérité

À l’approche du 80ème anniversaire de la tragédie, les autorités sénégalaises souhaitent conférer un relief particulier aux commémorations, rompant avec les silences du passé. Pour l’historien Mamadou Diouf qui préside le comité chargé des cérémonies, le Sénégal sort ainsi « du silence coupable et complice, fermement imposé par la France aux régimes successifs ».

Le président Macron a pour sa part souligné dans sa lettre les relations « d’amitié et de fraternité » entre la France et le Sénégal, ainsi que le devoir réciproque de « vérité et justice ». Il regrette de ne pouvoir participer en personne aux commémorations le 1er décembre prochain à Dakar, où la France sera représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

Mais au-delà d’une reconnaissance officielle, c’est un véritable travail d’établissement des faits qui est en cours. Dakar salue à cet égard la coopération de Paris, qui ouvre ses archives aux chercheurs et historiens sénégalais.

Nous sommes en train de faire des pas de géants dans la manifestation de la vérité quant aux circonstances de ce massacre.

Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal

Une dette toujours due

Au-delà de la lumière sur les circonstances du drame, la question des compensations reste entière. Le président sénégalais a rappelé le sort de ces « braves hommes » massacrés alors qu’ils réclamaient leur dû :

Ils n’ont pas reçu des pécules. Ils ont reçu des balles. Ce n’est pas parce qu’ils ont reçu des balles que ces pécules ne sont plus dus. Ils restent dus, à ces hommes de Thiaroye comme ils ont été payés à leurs frères d’armes français.

Si le chemin vers la vérité historique semble enfin ouvert, celui de la justice et de la réparation pour les tirailleurs africains et leurs descendants reste à emprunter. La reconnaissance par Emmanuel Macron de ce massacre pourrait en être la première étape, ouvrant la voie à d’éventuelles excuses de la France et à l’indemnisation des familles de victimes.

Un devoir de mémoire et de justice qui, 80 ans après les faits, reste plus que jamais d’actualité pour honorer la mémoire de ces soldats africains morts pour avoir réclamé leurs droits.

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