La position de la France dans le conflit ukrainien a connu un revirement spectaculaire ces derniers jours. Après avoir longtemps prôné le dialogue avec Vladimir Poutine, Emmanuel Macron se retrouve maintenant en première ligne pour réclamer sa défaite. Une posture agressive qui fait peser de lourds risques d’escalade militaire sur l’Europe.
Vers des frappes directes en Russie
C’est une petite phrase lâchée en conférence de presse en Allemagne qui a fait l’effet d’une bombe. Emmanuel Macron s’est dit favorable à ce que l’Ukraine puisse utiliser les armes fournies par l’Occident pour frapper directement le territoire russe. Un véritable tournant stratégique par rapport aux craintes de “cobelligérance” qui dominaient jusqu’ici.
Hier encore, les Européens hésitaient à livrer des chars et de l’artillerie lourde à Kiev. Les voilà désormais prêts à former des unités ukrainiennes pour qu’elles attaquent le sol russe, comme l’a aussi laissé entendre le président ukrainien, avec la bénédiction de Paris. Une escalade militaire qui aurait été impensable il y a quelques mois encore.
Un revirement français spectaculaire
La position française a donc radicalement changé en l’espace de quelques semaines. Emmanuel Macron, qui se targuait d’avoir l’oreille de Vladimir Poutine et voulait garder des canaux de discussion ouverts, se retrouve maintenant à l’avant-garde des va-t-en-guerre occidentaux.
La France, après avoir été la dernière à prôner le dialogue avec Vladimir Poutine, est maintenant la première à vouloir sa défaite.
Philippe Gélie, éditorialiste au Figaro
Ce virage à 180 degrés s’est fait sans véritable débat démocratique, ni explication de texte sur les risques encourus. Car en autorisant des frappes contre la Russie, aussi légitimes soient-elles pour aider l’Ukraine à se défendre, la France et ses alliés s’exposent à une riposte de Moscou aux conséquences potentiellement dramatiques.
L’Europe au bord du gouffre
Jusqu’où Vladimir Poutine est-il prêt à aller si son territoire est attaqué ? C’est la grande inconnue dans cette fuite en avant militaire. Le maître du Kremlin a montré à de multiples reprises sa capacité à franchir les lignes rouges. Et ses menaces d’user de l’arme nucléaire en cas de menace existentielle ne peuvent être ignorées.
En abandonnant toute retenue dans son soutien militaire à l’Ukraine, la France fait donc un pari très risqué. Celui de pousser la Russie dans ses derniers retranchements, au risque de précipiter une catastrophe à l’échelle européenne. Car une fois le seuil des frappes directes contre la Russie franchi, plus rien n’empêchera une escalade vers un affrontement majeur entre l’OTAN et Moscou.
Emmanuel Macron en est-il vraiment conscient ? A-t-il mesuré tous les dangers d’une telle surenchère guerrière ? Rien n’est moins sûr, tant cette décision semble avoir été prise dans la précipitation, sans en référer au Parlement ni en débattre publiquement. Un tournant stratégique majeur imposé au forceps, dans le dos des Français.
Une diplomatie française inaudible
Au-delà des risques d’embrasement, ce revirement français interroge aussi sur la cohérence de sa diplomatie. Après avoir plaidé pour garder le fil du dialogue avec Moscou, Paris donne maintenant des gages aux faucons américains et ukrainiens, sans explication. Un virage brutal qui rend la voix de la France difficilement audible sur la scène internationale.
Pris en étau entre sa volonté de soutenir l’Ukraine et sa crainte d’une déflagration mondiale, Emmanuel Macron donne le sentiment de naviguer à vue, au gré des pressions. Urgent, résistance, combativité… Les mots guerriers ont remplacé l’appel au dialogue et à la désescalade. Mais pour quel résultat ?
En virant sa cuti, la France prend le risque de se marginaliser et de perdre toute capacité d’influence auprès de Vladimir Poutine pour stopper l’engrenage. Mais aussi de fragiliser l’unité européenne, alors que tous les pays ne sont pas prêts à franchir la ligne rouge des frappes en Russie.
Guerre en Ukraine : l’impasse militaire
Car l’escalade guerrière à laquelle pousse Paris a peu de chances de faire plier Moscou. Au contraire, elle risque de renforcer la détermination russe et de consolider le soutien de la population à Vladimir Poutine face à ce qui sera perçu comme une agression occidentale.
Une guerre longue en Ukraine, sans vainqueur ni vaincu, c’est malheureusement le scénario qui se profile avec la surenchère militaire actuelle. Avec chaque jour qui passe, l’addition humaine, matérielle et économique sera plus lourde des deux côtés. Et le risque d’un embrasement général plus grand.
C’est un engrenage très dangereux dans lequel la France a décidé de s’engouffrer tête baissée. En se mettant en première ligne face à la Russie, Emmanuel Macron prend ses responsabilités. Celles d’exposer les Français et les Européens aux conséquences potentiellement dévastatrices d’un conflit hors de contrôle.