À l’approche des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, c’est une véritable crise politique qui secoue la majorité présidentielle. Alors qu’Emmanuel Macron est accusé d’avoir saboté son propre camp en dissolvant l’Assemblée nationale, de nombreuses figures majeures de son entourage multiplient les signes d’émancipation et de prise de distance.
Une majorité présidentielle qui se fissure
Dès le lendemain de l’annonce surprise de la dissolution par le chef de l’État, son allié historique François Bayrou n’a pas mâché ses mots, assumant vouloir “démacroniser” la campagne des législatives. Une volonté de couper les ponts qui en dit long sur l’état d’esprit qui règne au sein de la majorité.
Dans la foulée, c’est au tour de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe de tirer à boulets rouges sur Emmanuel Macron, l’accusant d’avoir “tué la majorité présidentielle“. Lui qui aspire désormais à bâtir une “nouvelle majorité parlementaire” sur des “bases nouvelles”, prend clairement ses distances avec le locataire de l’Élysée.
Le gouvernement loin d’être épargné
La fronde n’épargne pas non plus les rangs du gouvernement. Numéro 2 de l’exécutif, Bruno Le Maire a vertement critiqué le rôle de certains conseillers élyséens, qualifiés sans ménagement de “cloportes“. Une sortie fracassante symptomatique du malaise ambiant.
Même son de cloche chez le nouveau porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, pourtant réputé proche du Président. Interrogé sur ses relations avec Emmanuel Macron, il a confié percevoir une “forme d’éloignement” et ne plus vraiment le “reconnaître”. Un aveu lourd de sens à quelques semaines d’un scrutin crucial.
L’impopularité d’Emmanuel Macron, facteur clé
Si les langues se délient aussi librement au sein de la macronie, c’est bien parce que beaucoup ont pris conscience de l’impopularité grandissante du chef de l’État dans l’opinion. Sa décision unilatérale de dissoudre l’Assemblée a été vécue comme une forme de “trahison” par nombre de ses soutiens.
On assiste à une véritable atmosphère de fin de règne. Le roi est nu et plus personne n’ose le lui dire.
Un ministre sous couvert d’anonymat
Pris de court, les cadres de la majorité sont désormais contraints de revoir leurs plans pour sauver les meubles lors des prochaines législatives. Quitte à sacrifier leur loyauté envers Emmanuel Macron sur l’autel des urnes.
Quel avenir pour le macronisme ?
Au delà des stratégies électorales de court terme, c’est bien la question de la survie du macronisme en tant que courant politique qui se pose aujourd’hui. Si l’exécutif échoue à reconquérir une majorité franche à l’Assemblée, le quinquennat d’Emmanuel Macron pourrait bien se transformer en chemin de croix.
Face à la bronca généralisée, le chef de l’État semble plus isolé que jamais. Réussira-t-il malgré tout à maintenir la cohésion de ses troupes ? Rien n’est moins sûr tant le divorce semble consommé avec une partie de son camp. Une seule certitude : au soir du 7 juillet, c’est un paysage politique profondément remodelé qui pourrait se dessiner. Avec à la clé, une recomposition express des forces en présence, loin des schémas établis depuis 2017.