Alors que le sujet de l’immigration continue de diviser la classe politique française, le président Emmanuel Macron a choisi de réaffirmer avec force ses convictions lors d’un entretien accordé à France Inter ce samedi 5 octobre. Une prise de parole qui intervient quelques jours après les déclarations polémiques de son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, issu des Républicains.
Macron réfute les propos de Retailleau
Interrogé sur l’affirmation de Bruno Retailleau selon laquelle “l’immigration n’est pas une chance”, Emmanuel Macron a tenu à marquer son profond désaccord. Pour le chef de l’État, cette vision est “résolument en contradiction (…) avec la réalité”. Il a choisi l’ironie pour appuyer son propos :
On aurait pu décider qu’on aurait mieux fait de la physique nucléaire sans la Polonaise Marie Curie” ou “qu’on aurait pu danser beaucoup mieux sans Charles Aznavour
Emmanuel Macron
Aznavour, né à Paris de parents arméniens, est cité en exemple de ces “millions de binationaux et de Français issus de l’immigration” qui constituent “notre richesse” et “une force” pour le pays selon Macron.
“La France, un pays ouvert depuis toujours”
Emmanuel Macron assume pleinement l’héritage migratoire de la France, “un pays ouvert, depuis toujours” qui “a vécu de l’immigration européenne, non-européenne”. Une réalité parfois “très dure à vivre” reconnaît-il, comme dans beaucoup d’autres pays européens “bousculés” par ce phénomène.
Le président concède que la France y répond “imparfaitement”, “sans doute moi le premier”, mais il refuse d’y voir un problème en soi. Au contraire, il martèle que les Français venus d’ailleurs sont une composante intégrante de “notre ADN” et de “la force de notre pays”.
Lutter contre l’immigration clandestine
S’il assume une ligne pro-immigration, Emmanuel Macron n’en appelle pas moins à “lutter contre les trafiquants d’êtres humains” et les “filières d’immigration clandestines”. C’est selon lui “la difficulté du moment”, bien plus que la question de l’immigration en elle-même.
Une manière de répondre aux inquiétudes exprimées sur le contrôle des flux migratoires, sans pour autant renier ses convictions sur l’apport de la diversité. Un numéro d’équilibriste auquel devra se livrer le président, alors que l’opinion publique apparaît de plus en plus polarisée sur ces enjeux.
Un débat qui s’annonce vif
L’opposition frontale entre Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau laisse présager de vifs débats au sein même du gouvernement et de la majorité. Les Républicains, dont est issu Retailleau, devraient continuer de pousser une ligne dure sur l’immigration.
De son côté, la gauche risque d’accuser Macron de ne pas aller assez loin dans la défense d’une France “terre d’accueil”. Les prochains mois verront sans nul doute une confrontation intense entre ces visions opposées, dans un contexte politique déjà tendu.
Emmanuel Macron parviendra-t-il à imposer son narratif d’une “immigration chance” sans se couper d’une partie croissante de l’opinion ? Son interview à France Inter marque en tout cas sa volonté d’occuper le terrain sur cette question clivante. Reste à savoir si son pari sera gagnant dans la durée.
