En ce 6 juin 2024, Emmanuel Macron foule le sable d’Omaha Beach, haut-lieu du Débarquement allié de 1944. Le chef de l’État préside les cérémonies du 80e anniversaire du D-Day, journée décisive qui sonna le début de la libération de l’Europe du joug nazi. Mais en cette année électorale, l’ombre des européennes plane sur ce moment de recueillement.
Un parallèle entre 1944 et 2024
Dans son discours, le président n’a pas manqué de tisser un parallèle entre la lutte contre le nazisme en 1944 et le combat actuel du peuple ukrainien face à l’invasion russe. Une manière de replacer ce moment d’histoire dans le contexte géopolitique brûlant du moment.
Les soldats alliés qui ont débarqué ici étaient les frères d’armes de ceux qui se battent aujourd’hui pour la liberté en Ukraine.
Emmanuel Macron, lors de la cérémonie à Omaha Beach
L’Europe, enjeu des commémorations
Au-delà de l’histoire, c’est bien l’avenir de la construction européenne qui est en toile de fond. À trois jours d’un scrutin européen à haut risque pour la majorité présidentielle, Emmanuel Macron tente de remobiliser son camp en réaffirmant son engagement pro-européen, dans la lignée des pères fondateurs qui ont bâti l’UE sur les ruines de la guerre.
- Une ultime tentative pour convaincre un électorat tenté par l’abstention ou les votes protestataires
- Le risque d’une claque électorale pour Renaissance, le parti présidentiel
Un moment de communion franco-britannique
Malgré le Brexit et les récentes tensions, Emmanuel Macron et le Roi Charles III affichent l’unité lors de cette journée de commémoration. Preuve que le souvenir des combattants de 1944 peut encore rapprocher les deux rives de la Manche, au-delà des contingences politiques.
Nous nous souvenons de nos frères d’armes, ceux qui ne sont jamais rentrés chez eux.
Le Roi Charles III, lors de la cérémonie britannique à Gold Beach
Entre émotion et calculs électoraux
Si l’émotion et le recueillement étaient au rendez-vous sur les plages normandes en ce jour symbolique, difficile d’oublier totalement les calculs politiques en coulisses. Emmanuel Macron sait qu’il joue une partie serrée à quelques jours du scrutin. Ces commémorations sont l’occasion d’occuper le terrain, d’incarner la stature présidentielle, alors que plane le spectre d’une défaite cuisante dimanche.
Une défaite qui compliquerait grandement la suite du quinquennat et menacerait les grands chantiers de réforme voulus par le chef de l’État. Dans ce contexte, chaque prise de parole, chaque instant de communion avec les Français compte. Quitte à brouiller quelque peu les frontières entre devoir de mémoire et nécessités de campagne.