Engoncé dans une crise politique d’ampleur en France, le président Emmanuel Macron cherche à retrouver de l’oxygène sur la scène internationale. C’est dans ce contexte qu’il entame ce lundi une visite de trois jours en Arabie Saoudite, partenaire géostratégique majeur au Moyen-Orient. Un déplacement crucial qui vise à démontrer que la France conserve une voix qui porte à l’étranger, malgré les tourments intérieurs.
Un agenda diplomatique chargé pour faire oublier les déboires nationaux
Depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale il y a quelques semaines, Emmanuel Macron se fait discret sur le plan intérieur. Face aux critiques et aux appels à la démission, il mise sur son bilan et son action à l’international pour maintenir son crédit politique.
C’est donc un agenda diplomatique particulièrement dense qui attend le président français ces prochains jours. Après l’Arabie Saoudite, il enchaînera avec des déplacements en Égypte pour un sommet sur le climat, puis en Indonésie pour le G20. Autant d’opportunités de se présenter en homme d’État expérimenté, au-dessus de la mêlée nationale.
Resserrer les liens avec Riyad, un impératif stratégique
Mais c’est bien la visite en Arabie Saoudite qui concentre toutes les attentes côté français. Paris espère pouvoir renforcer son partenariat stratégique avec Riyad sur de nombreux dossiers : lutte anti-terroriste, gestion des conflits régionaux, coopération économique et énergétique, etc.
Mohammed Ben Salmane, dit « MBS », l’homme fort du royaume saoudien, s’est imposé comme un interlocuteur incontournable dans la région. Sa stature politique ne cesse de grandir, tandis que l’influence saoudienne s’étend bien au-delà du Golfe, en Afrique et en Asie. Autant de raisons pour Emmanuel Macron de soigner cette relation bilatérale.
L’Arabie Saoudite est un partenaire essentiel pour la stabilité au Moyen-Orient comme pour nos intérêts économiques. Nous devons absolument préserver et approfondir ces liens.
Un diplomate français
Entre réalisme et droits de l’Homme, un équilibre délicat
Toutefois, ce rapprochement avec le royaume saoudien n’est pas sans soulever quelques critiques. MBS reste une figure très controversée en raison de son bilan en matière de droits humains. Le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, attribué au prince héritier, avait provoqué l’indignation internationale.
Emmanuel Macron, qui avait déjà été taxé de complaisance lors de précédentes visites à Riyad, marche donc sur une ligne de crête. Pragmatisme géopolitique contre respect des valeurs démocratiques : l’équation est complexe à résoudre pour le chef de l’État.
La France ne peut pas se permettre de bouder l’Arabie Saoudite, mais elle ne doit pas pour autant faire l’impasse sur la question des droits de l’Homme.
Un expert des relations internationales
Une crédibilité régionale et internationale à préserver
Au-delà de la relation bilatérale avec l’Arabie Saoudite, c’est bien la place de la France dans le jeu diplomatique mondial qui est en question. Alors que sa position en Europe est fragilisée par le Brexit et la montée des populismes, Paris compte plus que jamais sur ses partenariats stratégiques pour peser sur la scène internationale.
Dans ce contexte, la crise politique intérieure qui secoue l’exécutif français depuis plusieurs semaines tombe au plus mal. Elle renvoie l’image d’un pays affaibli et divisé, et risque de nuire à la crédibilité d’Emmanuel Macron auprès de ses homologues étrangers.
Il est vital pour la France de montrer qu’elle reste un acteur de premier plan malgré ses difficultés internes. C’est le sens des efforts déployés par le président Macron sur le terrain diplomatique.
Un conseiller de l’Élysée
Un pari risqué pour l’avenir du quinquennat
En misant ainsi sur l’international pour redorer son blason, Emmanuel Macron joue quitte ou double. Si sa stratégie diplomatique porte ses fruits et lui permet de renouer avec une image de leader respecté, il pourrait retrouver une marge de manœuvre politique en France.
Mais si ses efforts restent vains ou sont perçus comme une fuite en avant, le chef de l’État risque au contraire de voir sa légitimité encore plus remise en cause. Ses opposants ne manqueront pas de dénoncer un président « déconnecté » des réalités nationales et obnubilé par son « ego surdimensionné ».
À moins de quatre ans de la fin de son quinquennat, Emmanuel Macron sait que le temps presse pour inverser la tendance. Sa visite en Arabie Saoudite apparaît donc comme un moment charnière, un pari sur l’avenir dont il espère qu’il lui permettra de reprendre la main. Reste à savoir si cette stratégie sera payante ou si elle ne fera qu’accélérer son déclin politique.