Trois jours après la claque des législatives qui l’a privé de majorité absolue, Emmanuel Macron a finalement pris la plume pour s’adresser aux Français. Dans une lettre publiée mercredi dans la presse régionale, le président appelle les « forces politiques républicaines » à sceller des « compromis » pour gouverner. Une main tendue qui sonne comme un aveu de faiblesse pour le chef de l’État, mis en difficulté par une Assemblée éclatée et frondeuse.
Macron veut des « compromis », les oppositions se rebiffent
Emmanuel Macron espérait acheter la paix sociale et politique avec cette lettre. Mais ses appels du pied aux oppositions pour bâtir des « compromis » ont surtout suscité critiques et sarcasmes. « Un cirque indigne » pour Marine Le Pen, « le retour du droit de veto royal » pour Jean-Luc Mélenchon… Même son allié Édouard Philippe l’a taclé, l’accusant de « perdre du temps ».
Pourtant, le président assure qu’il veut « laisser un peu de temps » à la négociation, posant comme préalable à la nomination d’un Premier ministre que les discussions aboutissent. Un chantage dénoncé par les oppositions, qui l’accusent d’être « dans le déni » et de vouloir « éviter le résultat des urnes ».
Mélenchon exige Matignon, Le Pen crie à la magouille
Jean-Luc Mélenchon, dont le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête, exige que Macron « s’incline » et lui confie Matignon. Marine Le Pen ironise sur un président qui « organise la paralysie » en comptant sur la gauche pour l’aider, après avoir passé son mandat à diaboliser l’extrême-droite. Des attaques qui placent Macron dans une position intenable.
La crainte d’un pays ingouvernable
En refusant de choisir son camp, Macron donne l’impression de jouer la montre. Mais plus il tarde à clarifier la situation, plus le spectre d’un pays ingouvernable se profile. Faute de majorité stable, chaque texte de loi pourrait virer au bras de fer permanent avec les oppositions. Un scénario de blocage qui alarme jusqu’au sein de son propre camp.
Ce n’est pas en 3 jours qu’on bâtit un nouveau logiciel de gouvernement. Il faut laisser un peu de temps au temps.
– Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français
Le sursaut ou le chaos
Les appels de Macron suffiront-ils à créer une dynamique de rassemblement ? Rien n’est moins sûr face à des oppositions qui sentent sa faiblesse. Mais le président n’a plus le choix. S’il échoue à susciter une « clarification » rapide dans les urnes, il devra se résoudre à un remaniement a minima pour rester aux commandes. Au risque d’installer durablement le chaos à l’Assemblée.
Une impasse politique qui menace de paralyser le pays et de crisper encore l’opinion contre lui. Emmanuel Macron joue très gros dans les prochains jours. De sa capacité à rebondir dépendra la suite de son second mandat. Mais aussi la stabilité politique du pays, déjà fragilisée par une poussée des extrêmes et une abstention record aux législatives. Le chef de l’État n’a plus droit à l’erreur.