Face à l’urgence de la situation, la ville de Lyon a annoncé une mesure forte pour venir en aide aux mineurs isolés qui vivent dans des conditions précaires. Pas moins de 160 jeunes migrants, actuellement sans abri et installés sous des tentes dans le square Béguin depuis janvier dernier, seront prochainement hébergés dans un bâtiment mis à disposition par un bailleur social.
Cette solution, bien que temporaire, permettra d’offrir un toit et des conditions de vie plus dignes à ces adolescents livrés à eux-mêmes. Le lieu qui les accueillera n’est autre qu’un bâtiment inoccupé appartenant à l’entreprise Axentia, spécialisée dans le logement de personnes âgées ou en situation de handicap.
Un répit de deux ans pour ces jeunes en errance
Si l’hébergement de ces mineurs est acté, il ne sera cependant que provisoire. En effet, le bâtiment qui abritera les jeunes devra être libéré en octobre 2025, date à laquelle débuteront des travaux dans le cadre d’un projet immobilier. Les autorités locales disposent donc d’un peu plus de deux années pour tenter d’apporter des réponses pérennes à la problématique des mineurs isolés.
La mairie écologiste de Lyon, face à cette échéance, se veut volontariste, comme en témoigne le communiqué de presse publié pour l’occasion. Mais au-delà de cette annonce, c’est un véritable défi qui attend la municipalité pour proposer des solutions viables sur le long terme.
Des nuitées d’hôtel pour les familles pendant les vacances
Autre mesure d’urgence annoncée par la ville : la prise en charge de nuitées d’hôtel pour 72 personnes, dont 47 enfants, pendant les vacances de Noël. Ces familles, actuellement hébergées dans des écoles, se retrouveront en effet sans solution durant les congés scolaires. Un budget de 35 000 euros sera alloué à cette opération.
Par ailleurs, 76 personnes seront autorisées à rester dans les locaux d’une ancienne école jusqu’à la fin de la trêve hivernale. Des décisions qui illustrent l’ampleur de la crise du logement pour les plus démunis.
Lyon multiplie son budget pour l’hébergement d’urgence
Pour faire face à ces situations, la municipalité lyonnaise a considérablement augmenté ses moyens ces dernières années. Le budget alloué à l’hébergement d’urgence est ainsi passé de 70 000 euros à 2,4 millions d’euros depuis l’élection de Grégory Doucet à la tête de la ville en 2021. Une multiplication par 34 des ressources, preuve de la volonté politique de s’attaquer au problème, mais aussi du chemin qu’il reste à parcourir.
Comme dans d’autres grandes villes, la question des migrants sans-abri et des squats créent régulièrement des tensions dans la métropole de Lyon.
Les initiatives en faveur des plus précaires ne sont pas sans susciter des controverses. Début décembre, après un incendie mortel dans un squat, l’opposition de droite avait reproché au maire de ne pas avoir fait évacuer les 80 occupants de l’immeuble, pourtant propriété de la ville. À l’inverse, l’hiver dernier, ses alliés de gauche l’avaient critiqué pour avoir demandé l’expulsion d’un gymnase occupé par des familles avec enfants.
Un casse-tête pour les pouvoirs publics
La prise en charge des mineurs non accompagnés est une problématique complexe pour les collectivités. Légalement, les départements ont la responsabilité de l’accueil et de l’accompagnement de ces jeunes, avec des moyens humains et financiers souvent insuffisants. Les villes se retrouvent alors en première ligne pour gérer les situations d’urgence et maintenir la cohésion sociale sur leur territoire.
Une coordination renforcée entre les différents échelons apparaît indispensable, de même qu’une réflexion au niveau national. Car derrière ces situations de détresse se jouent des questions profondes sur notre capacité collective à offrir un avenir à cette jeunesse en errance.
Lyon, par ces mesures d’urgence, démontre sa volonté d’agir. Mais la route est encore longue pour parvenir à des solutions pérennes pour les jeunes isolés et les sans-abri.
L’annonce de la mise à l’abri prochaine des mineurs du square Béguin et des familles durant les vacances scolaires est une bouffée d’oxygène pour les concernés. Elle ne doit cependant pas occulter l’immense défi qui attend notre société pour offrir un toit et un avenir à chacun. Un combat de longue haleine qui nécessitera la mobilisation de tous, au-delà des clivages.