Imaginez une rue commerçante, au cœur de la Presqu’île lyonnaise. Devantures colorées, vitrines alléchantes, passants affairés. Mais derrière cette façade dynamique, l’inquiétude grandit parmi les commerçants. En cause : les projets de la municipalité écologiste, entre piétonnisation et zone à faible émission (ZFE). Face à la gronde, la mairie vient d’annoncer la tenue d’Assises du commerce en novembre prochain. Une main tendue qui peine pourtant à convaincre…
Des commerçants sur le qui-vive
Depuis plusieurs mois, les tensions montent entre la Ville de Lyon et les acteurs du commerce local. Au cœur des préoccupations : la future zone à faible émission qui limitera l’accès des véhicules polluants au centre, et l’extension des zones piétonnes sur la Presqu’île. Des projets perçus comme une menace par de nombreux commerçants, qui redoutent une baisse de fréquentation et de chiffre d’affaires.
Pour faire entendre leur voix, ils se sont regroupés au sein du collectif “Défenseurs de Lyon”. Mathieu Bruel, membre du collectif et patron d’une boutique, résume le sentiment général : “On n’a jamais eu l’impression d’être entendus ni par la mairie, ni par la métropole. Là, ils voient que ça bouge du côté des commerçants et veulent calmer les choses”. Une défiance qui s’est matérialisée ces derniers mois par des manifestations et des actions symboliques, comme la “fermeture” de l’Hôtel de Ville avec des cartons.
La mairie tend la main
Face à cette fronde, la municipalité a décidé de réagir en annonçant la tenue “d’Assises du commerce et de l’artisanat” le 4 novembre prochain. L’objectif affiché est de “construire avec le secteur des propositions concrètes pour améliorer le dynamisme de Lyon”, dixit le communiqué de la Ville. En amont, une consultation en ligne est lancée pour “identifier les habitudes et les perceptions des commerçants, artisans et habitants”.
Les commerçants et artisans ont une place particulière dans le cœur des Lyonnais et dans la vie de la cité. Les entendre et les impliquer, c’est tout simplement prendre le pouls de la ville.
Camille Augey, adjointe au maire de Lyon déléguée à l’Emploi et à l’Économie durable
Un “coup de com” pour les commerçants
Mais pour beaucoup de commerçants, cette main tendue a un goût amer. Ils y voient avant tout une opération de communication de la part d’une mairie qui n’aurait pas su les écouter jusqu’ici. “Ça fait deux ans que personne ne nous écoute sur la piétonnisation et les travaux. On n’a jamais rencontré un élu. C’est une forme de mépris”, tacle Mathieu Bruel, pour qui ces Assises sonnent comme une “moquerie”.
Malgré tout, les commerçants assurent qu’ils participeront bien à la réunion du 4 novembre. “L’espoir fait vivre”, ironise le représentant du collectif. Mais il prévient d’ores et déjà : la rencontre s’annonce tendue pour l’exécutif écologiste. Après des mois de bras de fer, la confiance semble rompue. Il faudra plus que des mots pour restaurer le dialogue entre la Ville et ses commerçants.
Car au-delà des enjeux de circulation et de stationnement, c’est bien la vision du cœur de ville qui se joue. D’un côté, une municipalité qui veut faire de la Presqu’île un poumon vert et apaisé. De l’autre, des commerçants qui défendent l’accessibilité et le dynamisme de ce quartier emblématique. Deux conceptions qui devront pourtant se rapprocher, pour dessiner ensemble le visage du centre-ville de demain.
Les Assises du commerce seront-elles le point de départ de ce dialogue retrouvé ? Réponse en novembre, sous haute tension. D’ici là, la mairie comme les commerçants auront à cœur de faire valoir leurs arguments. Avec en toile de fond, l’avenir du cœur battant de la capitale des Gaules.
