ActualitésSociété

Lyon : Assassinat d’un Chrétien Irakien en Direct sur TikTok

À Lyon, un chrétien irakien en fauteuil roulant est poignardé en direct sur TikTok. Le suspect algérien passe aux aveux, parle d’accident et de vengeance personnelle. Mais son téléphone regorge de propagande djihadiste… L’enquête révèle-t-elle un mobile terroriste ?

Imaginez un soir ordinaire à Lyon. Un homme en fauteuil roulant, connu pour ses messages de paix et de foi sur les réseaux sociaux, diffuse tranquillement un live TikTok depuis le trottoir devant son immeuble. Des milliers de personnes suivent ses paroles apaisantes. Soudain, un individu surgit, frappe un coup fatal à la nuque, et disparaît dans la nuit. Ce qui devait être un moment de partage spirituel s’est transformé en scène d’horreur en direct. L’histoire d’Ashur Sarnaya, chrétien irakien réfugié en France, a bouleversé des milliers de personnes et relancé le débat sur la christianophobie et le terrorisme islamiste en Europe.

Un crime choquant en direct sur les réseaux

Le 10 septembre 2025, vers 22h30, dans le quartier de la Gorge-de-Loup à Lyon, Ashur Sarnaya, 45 ans, est victime d’une agression d’une violence inouïe. Alors qu’il prêche en direct sur TikTok depuis son fauteuil roulant, un homme vêtu de noir s’approche et le frappe d’un coup de couteau à la nuque. Les spectateurs du live, horrifiés, alertent immédiatement les secours. Malgré l’intervention rapide des pompiers, la victime décède sur place, dans une mare de sang.

Ce meurtre n’est pas seulement tragique : il est d’une rare brutalité médiatique. Des milliers de personnes ont assisté, impuissantes, à l’assassinat en temps réel. Les images, bien que rapidement supprimées par la plateforme, ont circulé et marqué les esprits. Pour la communauté assyro-chaldéenne de France, ce drame rappelle cruellement la persécution dont sont victimes les chrétiens d’Orient, même en exil.

Qui était Ashur Sarnaya ?

Ashur Sarnaya était un homme de foi, un prédicateur assyrien qui utilisait les réseaux sociaux pour diffuser un message de paix et d’amour. Réfugié en France depuis plusieurs années après avoir fui les persécutions en Irak, il s’était installé à Lyon avec sa sœur Madelin. Malgré son handicap, il tenait des lives longs et réguliers, parfois jusqu’à cinq heures d’affilée, pour encourager ses abonnés à la prière et à la fraternité.

Ceux qui le connaissaient le décrivent comme un homme discret, sans conflit connu, toujours prêt à aider. Sa sœur raconte qu’il recevait régulièrement des menaces anonymes, parfois sous forme de photos prises devant leur immeuble. Ashur refusait pourtant d’arrêter ses prêches : « Dieu ne les a pas protégés », confie sa sœur, encore sous le choc.

« Pour moi, c’est religieux à 100 %. Mon frère n’avait pas d’ennemi, pas de problème avec personne. »

Sa sœur Madelin

La communauté assyro-chaldéenne a immédiatement réagi en organisant une marche contre la christianophobie à Paris, quelques jours après le drame. Pour beaucoup, ce meurtre n’est pas un simple fait divers : il s’inscrit dans une longue chaîne de persécutions contre les chrétiens d’Orient.

Un suspect arrêté en Italie après une cavale

Les enquêteurs n’ont pas tardé à identifier un suspect. Sabri B., un Algérien de 27 ans en situation irrégulière, a été interpellé le 2 octobre 2025 dans les Pouilles, en Italie, sur la base d’un mandat d’arrêt européen. Il avait fui le lendemain du meurtre, probablement vers l’Italie.

Mis en examen pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle », le suspect a d’abord nié toute implication. Mais lors de son interrogatoire devant le juge d’instruction, il a finalement reconnu les faits. Il affirme désormais que la mort d’Ashur Sarnaya serait un « accident ».

Les aveux troublants du suspect

Sabri B. raconte avoir croisé Ashur Sarnaya un mois et demi à deux mois plus tôt, place Bellecour. Son vélo de livreur Uber Eats aurait heurté le fauteuil roulant de la victime. Une altercation verbale aurait suivi, avec une insulte à sa mère. Profondément choqué, il aurait décidé de suivre l’homme pour connaître son adresse.

« Je ne pardonne pas », aurait-il déclaré. Le soir du 10 septembre, après avoir consommé alcool, cannabis et cocaïne, il aurait acheté un couteau à lame automatique et se serait rendu au domicile de la victime, qu’il suivait en direct sur TikTok. Il assure avoir voulu seulement le « menacer » et lui faire « une petite coupure », mais que la lame serait entrée « par erreur » dans la nuque.

« J’avais l’intention d’aller le menacer. Je ne voulais pas le tuer. C’est un accident. »

Sabri B. devant le juge

Il présente ses excuses à la famille, parle d’une « erreur », et évoque une vie difficile : traversée clandestine de la Méditerranée où cinq migrants seraient morts, consommation quotidienne de drogues, tendances suicidaires et isolement. Pourtant, ces explications peinent à convaincre.

Un téléphone saturé de propagande djihadiste

La principale ombre au tableau des aveux de Sabri B. réside dans le contenu de ses téléphones. Les enquêteurs y ont découvert une quantité importante de vidéos et de documents extrémistes liés à al-Qaïda et à l’État islamique. Le suspect affirme avoir simplement « découvert sa religion », lu le Coran pour « trouver la paix », et avoir décliné des tentatives de recrutement par Daech.

Pourtant, il reconnaît avoir beaucoup recherché ces contenus. Les analyses montrent qu’il suivait assidûment les lives d’Ashur Sarnaya et s’était connecté au dernier live une demi-heure avant le meurtre, depuis les abords du domicile. Il aurait multiplié les allers-retours en scooter dès 21 heures, suggérant des repérages.

Des riverains ont confirmé avoir vu un individu rôder dans les jours précédents. L’acte, ciblant un chrétien irakien figure de paix, rappelle étrangement les exécutions filmées et diffusées par l’État islamique.

Une enquête qui s’oriente vers le terrorisme

Le parquet national antiterroriste a été saisi rapidement. L’information judiciaire a été étendue aux infractions d’« assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Les enquêteurs explorent plusieurs pistes : un acte isolé motivé par la haine religieuse, ou un acte inspiré, voire téléguidé, par des réseaux djihadistes.

Le profil du suspect – inconnu des services spécialisés, mais radicalisé en ligne – rappelle celui d’autres auteurs d’attentats récents en France. La confrontation entre la défense (qui parle d’une vengeance personnelle) et les parties civiles (qui insistent sur la dimension religieuse) s’annonce intense.

La peur dans la communauté chrétienne d’Orient en France

Ce drame a profondément choqué la communauté assyro-chaldéenne. Beaucoup de chrétiens d’Irak ont fui leur pays pour échapper aux persécutions, espérant trouver la sécurité en Europe. Aujourd’hui, la sœur d’Ashur se sent abandonnée et terrifiée : elle a demandé à déménager.

Les habitants du quartier de la Gorge-de-Loup confient vivre désormais dans la peur. Certains murmurent qu’ils se sentent « livrés à eux-mêmes, sans protection ». Ce meurtre pose une question brûlante : les chrétiens d’Orient peuvent-ils réellement trouver la paix en France ?

Un symbole de la christianophobie contemporaine

L’assassinat d’Ashur Sarnaya n’est pas un cas isolé. En France, les actes de christianophobie augmentent depuis plusieurs années. Les églises sont vandalisées, les prêtres menacés, les fidèles agressés. Ce crime, commis en direct sur les réseaux sociaux, marque un tournant : la haine religieuse s’exprime désormais publiquement, en temps réel.

Il rappelle aussi la facilité avec laquelle les contenus extrémistes circulent en ligne. Le suspect a pu se radicaliser seul, depuis son téléphone, sans jamais avoir été repéré par les services de renseignement. Cela pose la question de la surveillance des réseaux et de la prévention de la radicalisation.

Que retenir de cette affaire ?

Ce drame soulève de nombreuses interrogations :

  • Comment un homme en situation irrégulière, consommateur de drogues, a-t-il pu préparer un tel acte sans être repéré ?
  • La dimension religieuse est-elle déterminante ou s’agit-il d’une simple vengeance personnelle ?
  • Comment protéger les minorités religieuses sur le sol français ?
  • Les plateformes comme TikTok doivent-elles renforcer leur modération ?

L’enquête est loin d’être terminée. Les expertises psychiatriques, les analyses approfondies des téléphones et les confrontations à venir permettront peut-être de lever le voile sur les véritables motivations du suspect.

Un appel à la vigilance et à la solidarité

L’histoire d’Ashur Sarnaya est celle d’un homme qui voulait apporter la paix et qui a trouvé la mort. Elle nous rappelle que la haine religieuse n’a pas de frontières et qu’elle peut frapper n’importe où, même dans un pays qui se veut laïc et protecteur des libertés.

Face à ce drame, la solidarité avec les chrétiens d’Orient et avec toutes les victimes de la haine est plus nécessaire que jamais. Que la mémoire d’Ashur Sarnaya nous pousse à rester vigilants, à combattre les discours de haine et à protéger ceux qui cherchent simplement à vivre leur foi en paix.

Le procès à venir sera déterminant. Il devra répondre à une question essentielle : ce meurtre était-il un acte isolé ou le symptôme d’une menace plus large ? La réponse influencera sans doute la manière dont la France protège ses citoyens les plus vulnérables.

En attendant, Ashur Sarnaya reste dans les mémoires comme un symbole de foi et de résilience, jusqu’au dernier souffle.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.