C’est un drame sordide qui s’est déroulé ce jeudi 27 juin à Meaux en Seine-et-Marne et qui soulève une fois de plus la problématique des migrants délinquants faisant l’objet d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) mais qui restent malgré tout dans le pays. Une lycéenne ukrainienne de seulement 15 ans a été enlevée en pleine rue alors qu’elle sortait de son établissement puis séquestrée et violée par un ressortissant tunisien avant de réussir à s’enfuir. Retour sur les faits et les questions que cette affaire ne manque pas de poser.
Une après-midi qui vire au cauchemar
Jeudi 27 juin, il est environ 14h lorsque la jeune lycéenne originaire d’Ukraine sort de son établissement situé à Meaux. Arrivée en France il y a quelques mois après avoir fui la guerre dans son pays, l’adolescente pensait avoir trouvé un refuge sûr. C’était sans compter sur la rencontre funeste qu’elle allait faire ce jour-là.
Alors qu’elle se dirigeait vers un parc, un individu l’aborde et parvient à la faire monter de force dans son appartement situé dans le centre ville, non loin de là. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme l’aurait bâillonnée avec sa main pour l’empêcher de crier. Une fois chez lui, le calvaire de la jeune fille ne fait que commencer.
Séquestrée et violée
Pendant de longues minutes qui ont dû lui paraître interminables, la lycéenne est maintenue de force et violée par son agresseur. Profitant ensuite d’un moment d’inattention de ce dernier parti prendre une douche, elle trouve le courage de s’enfuir, emportant avec elle le passeport de son bourreau.
Encore sous le choc, l’adolescente ukrainienne parvient à donner l’alerte et à décrire précisément son agresseur. Grâce à ces éléments et au document d’identité qu’elle a emporté, les policiers identifient rapidement le suspect. Il s’agit d’un ressortissant tunisien faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français.
Un migrant qui n’aurait pas dû être là
L’homme, dont l’identité n’a pas été dévoilée, était donc sous le coup d’une mesure d’éloignement du territoire national mais se trouvait malgré tout toujours en France au moment des faits. Cette affaire dramatique met une nouvelle fois en lumière les failles du suivi et de l’application des OQTF.
En 2020, seules 13% des OQTF prononcées ont été exécutées selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Une grande majorité des étrangers visés restent donc sur le territoire.
Rapport de l’Assemblée Nationale
Au-delà du drame humain, ce sont donc les dysfonctionnements dans la politique migratoire et d’éloignement qui sont pointés du doigt. Combien de drames de ce type faudra-t-il encore pour que des mesures soient prises ?
Les réactions politiques
Cet énième fait divers mettant en cause un migrant n’a pas manqué de faire réagir la classe politique, notamment à droite.
- Marine Le Pen a dénoncé “l’inaction coupable du gouvernement qui laisse des criminels étrangers libres de nuire aux Français”.
- Éric Zemmour a fustigé “l’angélisme migratoire d’un pouvoir qui refuse de protéger notre jeunesse de la barbarie”.
- Des élus Les Républicains ont réclamé “l’application immédiate et sans délai des OQTF prononcées”.
À gauche, c’est plutôt la prise en charge des victimes de violences sexuelles et les moyens de la police qui ont été mis en avant.
Le cri de colère des policiers
Du côté des forces de l’ordre, c’est l’exaspération et un sentiment d’impuissance qui dominent après ce nouveau drame impliquant un migrant qui n’avait pas été reconduit comme il aurait dû l’être.
On a plus de risques d’aller en prison que les voyous. Quand on interpelle un étranger délinquant, il est relâché dans la nature dès le lendemain et on le retrouve quelques semaines plus tard pour les mêmes faits !
Un policier sous couvert d’anonymat
Un ras-le-bol partagé par de nombreux agents sur le terrain confrontés au quotidien à cette délinquance qui semble intouchable. Les syndicats de police appellent à un durcissement des mesures d’éloignement et à des moyens supplémentaires pour les appliquer.
L’enquête se poursuit
L’agresseur présumé a quant à lui été interpellé et placé en garde à vue. Il devrait être prochainement déféré devant un juge d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen pour enlèvement, séquestration et viol sur mineure. Conformément à la loi française, il est présumé innocent jusqu’à ce qu’un jugement définitif soit rendu.
La jeune victime ukrainienne, elle, tente de se reconstruire avec ses proches et un suivi psychologique. Cet événement traumatisant laissera à n’en pas douter des traces indélébiles. Sa témérité face à son bourreau force l’admiration mais n’enlève rien à l’horreur des faits subis.
Une tragédie de plus qui aurait peut-être pu être évitée si cet homme n’était pas passé entre les mailles du filet de l’éloignement du territoire comme tant d’autres. À l’heure où l’exécutif affirme faire de la lutte contre l’immigration irrégulière et la délinquance des priorités, le fossé avec la réalité du terrain apparaît une fois de plus béant.