Imaginez un lycée de 1 800 élèves, où l’infirmerie, passage obligé pour les petits bobos comme pour les soins plus sérieux, reste désespérément fermée. À Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, cette situation n’est pas une fiction mais une réalité alarmante. Depuis le 3 mars, le lycée Joliot-Curie, un établissement accueillant une population scolaire diverse, dont plus de 40 % d’élèves boursiers, fonctionne sans infirmière ni assistante sociale. Ce mardi 13 mai 2025, enseignants et surveillants se sont rassemblés pour crier leur colère face à une crise qui met en péril la santé et le bien-être des adolescents.
Une Crise Récurrente aux Conséquences Lourdes
L’absence de personnel médico-social dans ce lycée n’est pas un incident isolé. Dès la rentrée de septembre, les postes d’infirmières et d’assistante sociale étaient vacants, une situation qui s’était déjà produite en 2021-2022. Ce vide structurel, aggravé par l’absence de remplaçants pour les arrêts maladie, transforme le quotidien du personnel en un véritable parcours du combattant. Les surveillants, enseignants et agents administratifs se retrouvent à gérer des situations médicales pour lesquelles ils ne sont ni formés ni préparés.
« On doit administrer des piqûres d’insuline ou gérer des malaises, mais ce n’est pas notre métier. On fait de notre mieux, mais c’est intenable. »
Le Poids sur le Personnel : Une Nouvelle Routine
Dans un établissement où l’infirmerie accueillait jusqu’à 50 élèves par jour, l’absence d’infirmière oblige le personnel à improviser. Les surveillants, en première ligne, doivent répondre à des besoins médicaux variés : maux de tête, blessures légères, mais aussi des soins plus complexes comme l’administration d’insuline pour les élèves diabétiques. Cette « nouvelle routine » engendre un stress constant et une surcharge de travail pour des équipes déjà sollicitées par leurs missions habituelles.
Pour les enseignants, la situation est tout aussi préoccupante. Ils doivent jongler entre leurs cours et la gestion des incidents de santé en classe, une responsabilité qui pèse lourd à l’approche des examens du baccalauréat. Les surveillants, eux, ont choisi la grève pour faire entendre leur voix, une action qui traduit leur désarroi face à une situation qu’ils jugent inacceptable.
Les Élèves, Premières Victimes de la Crise
Les adolescents, en pleine période de développement physique et émotionnel, sont les plus touchés par cette absence de soins. Sans infirmière, les petits maux du quotidien – migraines, entorses ou malaises – ne sont plus pris en charge correctement. Pour les élèves atteints de maladies chroniques, comme le diabète, la situation est encore plus critique. L’administration d’insuline, un acte médical précis, repose désormais sur des surveillants non qualifiés, ce qui augmente les risques d’erreurs.
Le stress lié aux examens, particulièrement intense en cette période de l’année, aggrave les besoins médicaux. Sans un pôle médico-social opérationnel, les élèves se retrouvent démunis, ce qui peut affecter leur concentration, leur bien-être et, in fine, leurs résultats scolaires.
« Les élèves viennent nous voir pour des maux de ventre ou des crises d’angoisse, mais on ne peut pas faire grand-chose. On se sent impuissants. »
Un surveillant du lycée
Un Manque Structurel dans le Système Scolaire
Cette crise ne se limite pas à un seul établissement. Elle reflète un problème plus large : le manque chronique de personnel médico-social dans les lycées français. Les postes d’infirmières scolaires, souvent peu attractifs en raison de salaires modestes et de conditions de travail exigeantes, peinent à être pourvus. À cela s’ajoute l’absence de remplaçants, un problème récurrent qui laisse les établissements démunis face aux arrêts maladie ou aux départs.
Dans le cas du lycée Joliot-Curie, la situation est exacerbée par la taille de l’établissement et la diversité de sa population scolaire. Avec 1 800 élèves, dont une forte proportion d’élèves boursiers, les besoins en accompagnement médical et social sont particulièrement élevés. L’absence d’assistante sociale, par exemple, prive les élèves d’un soutien essentiel pour faire face à des problématiques familiales ou financières.
Les Conséquences à Long Terme
La fermeture prolongée de l’infirmerie et l’absence de personnel médico-social ont des répercussions qui vont au-delà du quotidien. Sur le plan sanitaire, le manque de suivi médical peut aggraver des pathologies ou retarder la prise en charge de problèmes de santé. Sur le plan psychologique, l’absence de soutien pour gérer le stress ou les crises d’angoisse peut fragiliser les élèves, en particulier ceux qui traversent des périodes difficiles.
Pour le personnel, cette situation engendre une fatigue chronique et un sentiment d’abandon. À force de pallier les manques, les surveillants et enseignants risquent l’épuisement professionnel, ce qui pourrait à terme affecter la qualité de l’enseignement et de l’encadrement.
- Surcharge du personnel : Les surveillants et enseignants doivent assumer des tâches médicales.
- Risques sanitaires : Les soins non qualifiés augmentent les dangers pour les élèves.
- Impact psychologique : Les élèves manquent de soutien face au stress des examens.
Des Solutions Urgentes à Mettre en Place
Face à cette crise, les revendications du personnel sont claires : des recrutements rapides pour pourvoir les postes vacants et un système de remplacement efficace pour pallier les absences. Mais au-delà de ces mesures d’urgence, des réformes structurelles s’imposent. Revaloriser les métiers d’infirmière et d’assistante sociale scolaire, en augmentant les salaires et en améliorant les conditions de travail, pourrait attirer davantage de candidats.
En parallèle, la mise en place de formations pour le personnel non médical, afin de gérer les situations d’urgence, pourrait constituer une solution temporaire. Cependant, ces mesures ne sauraient remplacer la présence d’un pôle médico-social complet et opérationnel.
Un Appel à la Mobilisation
Le rassemblement du 13 mai 2025 devant le lycée Joliot-Curie n’est pas qu’un cri de colère : c’est un appel à une prise de conscience collective. La santé des élèves et le bien-être du personnel ne peuvent être relégués au second plan. Cette crise, bien que localisée, met en lumière des failles systémiques qui concernent l’ensemble du système éducatif français.
En attendant des solutions concrètes, le personnel continue de se mobiliser, malgré la fatigue et les frustrations. Leur combat est celui d’une école où chaque élève peut bénéficier d’un suivi médical et social digne de ce nom, une ambition qui devrait être une priorité pour tous.
Problème | Conséquence | Solution proposée |
---|---|---|
Absence d’infirmière | Risques pour la santé des élèves | Recrutement urgent |
Surcharge du personnel | Épuisement professionnel | Formation temporaire |
Manque d’assistante sociale | Absence de soutien social | Revalorisation du métier |
La crise au lycée Joliot-Curie est un miroir des défis auxquels fait face l’éducation nationale. Elle rappelle l’urgence d’agir pour garantir un environnement scolaire sûr et bienveillant. Car, au fond, c’est bien la santé et l’avenir des élèves qui sont en jeu.