Dans un marché du luxe en perte de vitesse depuis plusieurs mois, le mastodonte LVMH fait preuve d’une étonnante capacité d’adaptation. Le leader mondial vient en effet de publier des résultats semestriels plutôt solides, avec une croissance de 2% de son chiffre d’affaires à 41,7 milliards d’euros. Des performances d’autant plus remarquables au vu du contexte géopolitique et économique chahuté.
Des marques iconiques qui tirent le groupe vers le haut
Si LVMH parvient à tirer son épingle du jeu, c’est en grande partie grâce à la dynamique toujours très favorable de ses marques phares dans la mode et la maroquinerie. Des griffes comme Louis Vuitton, Christian Dior ou Fendi, dont les ventes atteignent le double de leur niveau pré-Covid. La branche parfums et cosmétiques, portée par l’enseigne Sephora, contribue aussi à amortir le ralentissement des secteurs spiritueux et montres.
La Chine, un marché clé sous pression
Toutefois, même le poids lourd du luxe n’est pas épargné par les vents contraires qui soufflent actuellement en Chine continentale. Si les ventes à la clientèle chinoise progressent encore globalement, elles subissent un effet de bascule vers le Japon du fait de la faiblesse du yen. Ce qui pèse sur les marges, les loyers étant souvent fixes dans l’Empire du Milieu, alors que les prix de vente sont plus bas au pays du Soleil Levant.
La visibilité actuelle dans le commerce de détail ne va pas plus loin que les ventes déjà réalisées.
– Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH
Des perspectives incertaines qui inquiètent les marchés
Malgré des fondamentaux robustes, le manque de visibilité pour la suite de l’année a de quoi rendre fébriles les investisseurs. D’autant que les signaux envoyés par plusieurs concurrents du groupe sur la demande en produits de luxe en Chine et aux États-Unis tendent à s’assombrir :
- Chute de 30% des ventes en Chine pour Swatch et Burberry
- Recul du chiffre d’affaires pour Kering et Rémy Cointreau dans l’Empire du Milieu
- Prévisions prudentes de la direction de LVMH pour les prochains mois
Pas étonnant donc que l’action LVMH ait reculé de près de 4% en bourse au lendemain de cette publication, malgré des résultats globalement au rendez-vous. Les analystes s’attendent à ce que le secteur du luxe reste sous pression à court terme, le temps que la demande chinoise et américaine se clarifie.
Le leader du luxe saura-t-il maintenir le cap ?
Face à ces incertitudes, Bernard Arnault se veut confiant dans la capacité de son groupe à poursuivre ses gains de parts de marché. Fort de la puissance de ses marques stars et de ses relais de croissance comme Sephora, LVMH dispose en effet de sérieux atouts pour traverser la zone de turbulences. Reste à transformer l’essai au second semestre en rassurant des marchés pour le moins sceptiques actuellement.
CA 1er semestre 2024 | 41,7 mds € | +2% |
Résultat opérationnel | 10,65 mds € | -8% |
Marge opérationnelle | 25,6% | Vs 28% en 2022 |