Face à la recrudescence alarmante des traversées illégales de la Manche par des migrants, le gouvernement britannique passe à l’offensive. Ce jeudi, il a dévoilé une batterie de nouvelles mesures visant à restreindre drastiquement l’activité des passeurs présumés.
Selon des sources proches du dossier, les personnes suspectées de faire partie des réseaux de passeurs seront soumises à des « interdictions de voyager, des interdictions d’accès aux réseaux sociaux et des restrictions d’utilisation des téléphones ». Une stratégie musclée qui tranche avec l’approche précédente et témoigne de la volonté du nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer d’endiguer ce fléau.
Une situation migratoire explosive
Les chiffres officiels publiés mercredi par le ministère de l’Intérieur britannique révèlent l’ampleur de la crise. En 2024, 36 816 migrants en situation irrégulière ont réussi à rejoindre les côtes anglaises depuis la France, soit une hausse vertigineuse de 25% en un an seulement. Un triste record qui pousse les autorités à durcir le ton.
Comme le souligne un communiqué gouvernemental, ces nouvelles ordonnances provisoires ciblent les passeurs à un stade précoce, avant même qu’une condamnation soit prononcée. L’objectif : « lutter contre les passeurs et d’autres formes de criminalité grave et organisée« .
Un avant-goût d’une loi plus sévère
Ces mesures chocs ne sont qu’un prélude à un projet de loi qui sera présenté prochainement au Parlement. Le gouvernement Starmer entend bien marquer sa différence en matière de lutte contre l’immigration clandestine, un dossier brûlant qui empoisonne le débat public depuis des années.
Traversées de plus en plus dangereuses
Mais pour l’ONG Refugee Council, cette politique répressive ne fait qu’aggraver les dangers auxquels s’exposent les migrants. Dans un rapport accablant publié ce jeudi, elle pointe du doigt les effets pervers de ces efforts accrus pour démanteler les filières :
Les bateaux de plus en plus surchargés et en mauvais état ont accru les risques pour ceux qui font le voyage
– Refugee Council
L’organisation dénonce également le manque de moyens alloués aux opérations de secours en mer. Résultat, 2024 aura été « l’année la plus meurtrière jamais enregistrée » dans la Manche, avec au moins 69 décès comptabilisés côté britannique, et 76 selon les autorités françaises. Des tragédies à répétition qui soulèvent de nombreuses questions.
Pour plus de transparence sur les drames en mer
Afin de mieux comprendre ce lourd tribut, Refugee Council exhorte Londres et Paris à publier conjointement des données précises sur les personnes décédées dans ces circonstances, en indiquant si possible leur âge, leur sexe et leur nationalité. Une demande de transparence qui permettrait de mettre des visages sur ces statistiques glaçantes.
Alors que le gouvernement britannique se félicite de cette nouvelle offensive législative, les défenseurs des droits des réfugiés craignent qu’elle ne pousse les candidats à l’exil à prendre encore plus de risques. Un dilemme complexe qui illustre toute la difficulté à concilier fermeté et humanité sur ce sujet inflammable.