La lutte contre le trafic de drogue s’intensifie à Nice. La mairie vient d’ordonner la démolition de plusieurs immeubles d’un quartier connu pour abriter l’un des plus gros points de deal de la ville. Une décision radicale mais assumée par le maire Christian Estrosi.
Les bâtiments concernés formaient un véritable labyrinthe urbain, difficile d’accès pour les forces de l’ordre. Les dealers y opéraient en plein jour, comme en témoignent les tags annonçant les prix de la marchandise encore visibles sur les murs.
“On frappe, on agit, on détruit”
Pour le maire de Nice, pas question de laisser ces “territoires perdus de la République” aux mains des trafiquants. “Dès qu’il y a des points de deal dont certains essaient de s’emparer, eh bien on frappe, on agit, on détruit”, martèle Christian Estrosi. “Je souhaite que l’on terrorise les terroristes et narcotrafiquants.”
Une stratégie assumée donc, mais qui ne fait pas l’unanimité. Car pour procéder à ces démolitions, il a fallu reloger en urgence la quarantaine de familles qui vivaient dans ces immeubles.
Les habitants, “victimes collatérales” ?
“Il y en a qui ont vécu toute leur vie ici. Ils n’avaient jamais quitté leur bâtiment, donc c’est leur vie qui a basculé”, déplore Nourredine Debbari, président d’une association de quartier. “Du jour au lendemain, tous les gens du quartier s’estiment victimes collatérales.”
Les gens du quartier, des victimes collatérales.
Nourredine Debbari, président d’association
Reconquérir les quartiers par l’urbanisme
Mais pour la mairie, c’est un mal nécessaire pour reconquérir ces quartiers et en chasser durablement les trafiquants. À la place des immeubles détruits, de nouveaux logements plus modernes seront construits, ainsi que des espaces verts et des rues passantes.
L’objectif : redessiner entièrement le quartier pour le rendre moins propice aux trafics. “On part des Moulins, on se dirige vers les Liserons pour arriver jusqu’à l’Ariane”, explique Laurent Martin de Frémont du syndicat de police Unité SGP, détaillant les principaux secteurs de deal de la ville.
Le risque d’un simple déplacement ?
Si la destruction des immeubles facilitera le travail de la police sur place, certains craignent cependant que cela ne fasse que déplacer le problème ailleurs. “Qui dit perte de point de deal dit forcément récupération d’un autre point”, prévient Laurent Martin de Frémont.
Car les sommes en jeu sont colossales : jusqu’à 20 000 euros par jour sur certains points de vente selon les estimations. De quoi motiver les trafiquants à se réimplanter rapidement ailleurs.
La démolition des immeubles, censée s’achever d’ici la fin de l’année, n’est donc qu’une première étape. Pour vraiment éradiquer ces trafics, il faudra aussi s’attaquer à leurs racines économiques et sociales. Un défi de longue haleine pour les quartiers concernés.