Alors que les inscriptions pour l’édition 2025 de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) viennent d’ouvrir, les organisateurs ont annoncé une série de mesures visant à renforcer la politique éco-responsable de cet événement emblématique du monde du trail running. Face aux critiques croissantes concernant l’impact environnemental de ce rassemblement massif au cœur de la vallée de Chamonix, l’UTMB Group entend démontrer son engagement en faveur d’une course plus durable et respectueuse de la nature.
Un plan d’action ambitieux pour réduire l’empreinte carbone
Premier axe de ce plan : la réduction des émissions de CO2 liées à l’événement. Si des initiatives comme le développement des transports collectifs et la suppression des plastiques à usage unique sur les ravitaillements ont déjà été mises en place, c’est désormais sur la question épineuse du transport des coureurs et de leurs accompagnants que l’UTMB entend agir en priorité. En effet, ce poste représente à lui seul plus de 80% des émissions carbone de la course.
Dès 2025, les organisateurs promettent donc de renforcer le plan « UTMB Mobility », qui aurait déjà permis d’éviter la présence de 6 000 véhicules dans la vallée en 2024, soit 200 tonnes de CO2 économisées. Parmi les pistes évoquées : une meilleure communication autour des partenariats existants avec la SNCF et la compagnie de bus Altibus, mais aussi des mesures plus coercitives pour inciter les participants à modifier leurs habitudes.
« Il nous faut apporter des solutions afin d’aider à lever certains freins actuels, qu’ils soient économiques ou de connaissances de certains partenariats. On va aussi continuer de travailler sur l’éducation et l’accompagnement vers de meilleures pratiques. »
Isabelle Viseux-Poletti, directrice du Hoka UTMB Mont-Blanc
Compenser les émissions incompressibles
Conscients qu’une part incompressible d’émissions carbonées subsistera malgré ces efforts, les organisateurs s’engagent également dans une démarche de compensation. Dès 2025, l’UTMB prendra ainsi en charge les émissions liées aux déplacements logistiques, des équipes, des bénévoles et des invités (appelés « Scope 1 et 2 »), avant d’étendre progressivement cette compensation au « Scope 3 », qui regroupe les émissions indirectes (transports, ravitaillements, etc.).
« À terme, il faut qu’on arrive à une compensation intégrale de tout ce qui n’a pas pu être réduit. »
Isabelle Viseux-Poletti
Pour 2024, cette contribution de l’organisation est estimée entre 15 000 et 20 000 euros. Mais l’UTMB entend également responsabiliser les coureurs en leur proposant, dès les inscriptions 2025, une contribution carbone volontaire pour compenser les émissions liées à leur propre trajet jusqu’à Chamonix.
Les coureurs mis à contribution
Si le montant sera calculé en fonction de la distance parcourue depuis leur domicile, cette contribution pourrait en effet permettre de financer des projets environnementaux certifiés, sélectionnés en partenariat avec l’entreprise EcoAct. Une initiative qui ne manquera pas de faire réagir, alors que le coût d’inscription à l’UTMB suscite déjà souvent des critiques.
« Ça a une vertu éducative car, en demandant aux gens de mettre la main au portefeuille, ils vont davantage se rendre compte de ce que représente leur voyage vers l’événement. C’est un message pour qu’un maximum s’engage dans une démarche vertueuse d’amélioration de leur comportement. »
Isabelle Viseux-Poletti
Un virage nécessaire mais délicat
Avec ces différentes mesures, l’UTMB espère apaiser les tensions autour de son impact environnemental et s’engager dans une démarche de progrès continu. Mais ce virage éco-responsable s’annonce délicat à négocier pour un événement dont l’ADN reste profondément lié à la montagne et à la nature. Certains observateurs craignent en effet que ces contraintes nouvelles ne dénaturent l’esprit originel de la course et ne découragent une partie des participants.
D’autres pointent aussi les limites d’une politique environnementale qui ne remettrait pas fondamentalement en question le principe même d’un tel rassemblement de masse en plein cœur des Alpes. Pour eux, les efforts consentis par l’UTMB ne seraient qu’un pis-aller face à l’urgence climatique et à la nécessité de repenser plus globalement notre rapport aux sports de nature.
Malgré ces critiques, l’UTMB semble déterminé à poursuivre sa mue éco-responsable, en pariant sur la sensibilisation progressive de sa communauté de coureurs. Un pari audacieux, qui témoigne de l’évolution profonde du monde du trail face aux défis environnementaux, mais dont la réussite reste encore à démontrer.
Réduire l’impact carbone tout en préservant l’esprit et l’attractivité d’un événement mondialement reconnu : tel est le défi que devra relever l’UTMB ces prochaines années, sous le regard attentif de toute la planète trail. Une chose est sûre, le chemin vers un ultra-trail 100% durable s’annonce encore long et semé d’embûches.