Imaginez une équipe lanterne rouge qui, semaine après semaine, semble condamnée à lutter seule dans le noir. Et puis, soudain, deux matchs qui changent la donne : une première victoire à domicile contre un cador en crise, suivie d’une résistance farouche chez un autre géant du championnat. C’est exactement ce qu’a vécu Perpignan ces derniers jours. L’USAP est-elle enfin en train de sortir la tête de l’eau ?
Un sursaut encourageant face aux gros
Dimanche soir, sous les lumières de Mayol, les Catalans ont longtemps cru pouvoir ramener au moins un point précieux de Toulon. Menant même à la pause, ils ont finalement craqué en fin de rencontre, encaissant deux essais tardifs qui offrent le bonus offensif aux Varois (31-16). Zéro point au compteur, certes, mais une impression bien différente de celle laissée lors des premières journées.
Une semaine plus tôt, Perpignan avait décroché sa toute première victoire de la saison en dominant Clermont à Aimé-Giral. Deux performances solides face à des équipes du haut de tableau, voilà qui redonne le sourire dans le camp sang et or.
Une défense héroïque malgré les absences
Ce qui frappe, c’est la solidité défensive affichée par les Perpignanais. Malgré douze changements dans le quinze de départ par rapport au match contre Clermont, l’équipe a tenu le choc pendant plus de soixante-dix minutes face à une formation toulonnaise réputée pour sa puissance.
Les joueurs ont multiplié les plaquages, souvent à la limite, et ont su résister lors des temps forts adverses. Même réduits à quatorze après un carton jaune, ils n’ont pas rompu immédiatement. Cette abnégation rappelle les grandes heures du club, quand l’envie compensait largement les différences de budget.
Laurent Labit, le manager, ne cachait pas sa satisfaction sur cet aspect : « On avance, ça se voit. Depuis plusieurs semaines, ça travaille bien. » Des mots qui résonnent comme un souffle d’espoir dans un vestiaire qui en avait bien besoin.
« Repartir avec zéro point, c’est très dur, voire illogique vu les efforts des joueurs. »
Laurent Labit, manager de l’USAP
Les zones d’ombre à corriger rapidement
Tout n’est pas parfait, loin de là. La discipline reste un problème majeur. Encore une fois, Perpignan a passé de longues minutes en infériorité numérique, un scénario qui s’était déjà produit contre Clermont. Ces cartons coûtent cher en Top 14, surtout quand on lutte pour le maintien.
Autre point noir : la mêlée. Plusieurs décisions arbitrales ont frustré les Catalans, notamment un coup franc en fin de match qui a scellé le sort de la rencontre. Laurent Labit n’a pas mâché ses mots, tout en restant mesuré : il a pointé des situations où l’arbitrage a, selon lui, déséquilibré le match.
Ces détails font la différence au plus haut niveau. Pour espérer s’en sortir, Perpignan devra gagner en maîtrise et en régularité dans ces secteurs de jeu.
L’infirmerie se vide, le groupe s’étoffe
La bonne nouvelle vient des coulisses. L’infirmerie commence enfin à se vider après des mois de galère. Des joueurs clés retrouvent le terrain, et le groupe s’épaissit avec des recrues intéressantes au poste stratégique d’ouvreur.
L’arrivée de profils expérimentés et de jeunes talents prometteurs offre plus d’options au staff. Cette profondeur d’effectif était cruellement manquante en début de saison et pourrait faire la différence lors de la seconde partie de championnat.
Les récentes performances en Challenge Européen, avec une victoire convaincante contre Newport et une défaite encourageante à Trévise, montrent aussi que l’équipe progresse collectivement.
Le calendrier à venir : entre pièges et opportunités
Les prochaines semaines s’annoncent intenses. Perpignan va d’abord recevoir le leader toulousain samedi après-midi. Un match qui s’apparente à un bonus : personne n’attend une victoire, mais une belle prestation devant un public en feu ferait le plus grand bien.
Puis viendront deux déplacements en Challenge Européen, contre Newcastle et les Lions de Johannesburg. Ces rencontres permettront de faire tourner l’effectif tout en gardant le rythme compétitif.
Mais le vrai tournant arrive le 24 janvier : la réception de Montauban, l’actuel treizième, à Aimé-Giral. Ce choc du bas de tableau pourrait déjà relancer définitivement les Catalans ou, au contraire, les enfoncer un peu plus.
Objectif numéro un : dépasser Montauban avant la fin de la phase aller. Deux petits points séparent actuellement les deux équipes. Une victoire à domicile serait un tournant psychologique énorme.
Un double objectif pour rester mobilisé
Laurent Labit voit plus loin. Il rêve d’une fin de saison avec deux objectifs clairs : le maintien en Top 14 et une qualification en phases finales de Challenge Européen. Ce scénario idéal permettrait de garder tout le monde concerné jusqu’au bout.
En cas de barrage de maintien, des matchs couperets en coupe d’Europe constitueraient une excellente préparation. L’idée fait son chemin dans les têtes et donne une perspective positive à une saison jusqu’ici compliquée.
Le public, lui, répond présent. L’ambiance contre Clermont a impressionné tout le monde, et celle attendue contre Toulouse promet d’être électrique. Cet appui populaire pourrait devenir le fameux douzième homme dont Perpignan a tant besoin.
Pourquoi ce sursaut arrive maintenant
Plusieurs facteurs expliquent cette embellie. D’abord, le travail de fond commence à payer. Les entraînements portent leurs fruits, les automatismes se mettent en place. Ensuite, la victoire contre Clermont a libéré les joueurs mentalement.
Gagner enfin à domicile, devant son public, a retiré une énorme pression. Depuis, l’équipe joue plus libérée, avec moins de peur de mal faire. C’est souvent le déclic qui change une saison.
Enfin, le retour progressif des blessés et l’intégration des nouveaux redonnent de la concurrence à tous les postes. Personne ne peut se reposer, et cela tire tout le groupe vers le haut.
Ce qu’il faut retenir de cette 13e journée
- Perpignan reste dernier avec 5 points, mais réduit l’écart sur Montauban (7 points).
- Deux matchs référence en quinze jours contre Clermont et Toulon.
- Une défense nettement plus solide et organisée.
- Des progrès visibles malgré la défaite finale.
- Un calendrier chargé mais avec des opportunités à domicile.
Le chemin reste long, semé d’embûches. Mais pour la première fois depuis le début de saison, on sent que quelque chose est en train de changer du côté de Perpignan.
Les joueurs y croient, le staff y croit, et les supporters commencent à y croire à nouveau. Dans la lutte pour le maintien, l’espoir fait vivre. Et cet espoir, l’USAP semble enfin l’avoir retrouvé.
Rendez-vous samedi contre Toulouse pour confirmer cette dynamique. Et surtout le 24 janvier pour un match qui pourrait déjà tout changer. La saison est encore longue, mais les Catalans ont enfin des raisons d’y croire.









