Au cœur d’une Amérique latine secouée par les crises politiques, l’Uruguay apparaît comme un havre de stabilité démocratique. Ce petit pays coincé entre les géants argentins et brésiliens connaît, à chaque élection présidentielle, une transition en douceur du pouvoir. Loin des contestations houleuses et des tentatives de déstabilisation qui ont marqué plusieurs de ses voisins ces dernières années.
Une alternance sans heurt
Les élections de dimanche dernier ont vu le retour au pouvoir de la gauche, incarnée par la coalition du Frente Amplio et son candidat Yamandu Orsi. Une alternance qui s’est déroulée dans un climat apaisé, presque soporifique selon certains observateurs, bien loin de la fièvre et des passions qui accompagnent souvent les scrutins dans la région.
Le dauphin de l’ex-président José « Pepe » Mujica l’a emporté avec seulement 95 000 voix d’avance sur son rival de centre-droit, Alvaro Delgado. Mais ce dernier s’est empressé de reconnaître sa défaite, avant même la publication des résultats officiels. Et d’assurer son soutien au vainqueur pour « donner au pays la tranquilidad nécessaire » et « penser sur le long terme au bien du peuple ».
Un esprit de concorde
De son côté, Yamandu Orsi a appelé au dialogue avec tous les Uruguayens qui « embrassent d’autres idées », afin de « trouver les meilleures solutions » pour le pays. Un esprit de concorde d’autant plus précieux que le nouveau président ne disposera pas d’une majorité à la Chambre des députés. Des débats et des alliances seront donc nécessaires pour gouverner.
Il est très difficile aujourd’hui, avec une telle polarisation et de si fortes divisions, de créer des espaces de dialogue et de construire un consensus national, une vision commune de l’Etat. L’Uruguay y est parvenu.
Benjamin Gedan, directeur du programme Amérique latine du Wilson Center
L’ombre de la dictature
Pour beaucoup d’analystes, cette culture du compromis et de la modération plonge ses racines dans le traumatisme de la dictature militaire qui a régné sur le pays de 1973 à 1985. Un régime qui avait été précédé de violences et d’une forte polarisation politique. Des épisodes encore très présents dans les esprits uruguayens.
Depuis, le pays a renoué avec la démocratie et s’est doté d’un système politique bipartisan classique. Deux grands blocs se font face : la coalition de gauche du Frente Amplio, et une alliance des partis de centre et de droite. Un équilibre des forces qui oblige chaque camp à modérer ses propositions et évite les dérives populistes.
Des défis persistent
Mais derrière la vitrine de cette démocratie apaisée, l’Uruguay n’est pas exempt de difficultés. Certains observateurs s’inquiètent même d’une forme d’immobilisme, qui empêcherait de s’attaquer aux problèmes de fond du pays :
- Le retour des inégalités et de la pauvreté, après des années de progrès
- Un déficit public persistant et un secteur public hypertrophié
- Un système éducatif en difficulté
- Une dégradation de la sécurité, avec un taux d’homicides en hausse
Autant de défis auxquels le nouveau gouvernement devra s’atteler, tout en préservant le précieux héritage démocratique uruguayen. Car comme le rappelle l’hebdomadaire The Economist, « la tendance des hommes politiques uruguayens à se comparer » à leurs turbulents voisins « est une concession à la médiocrité. » La vraie mesure du succès serait de se hisser au niveau des démocraties les plus avancées.
Le dauphin de l’ex-président José « Pepe » Mujica l’a emporté avec seulement 95 000 voix d’avance sur son rival de centre-droit, Alvaro Delgado. Mais ce dernier s’est empressé de reconnaître sa défaite, avant même la publication des résultats officiels. Et d’assurer son soutien au vainqueur pour « donner au pays la tranquilidad nécessaire » et « penser sur le long terme au bien du peuple ».
Un esprit de concorde
De son côté, Yamandu Orsi a appelé au dialogue avec tous les Uruguayens qui « embrassent d’autres idées », afin de « trouver les meilleures solutions » pour le pays. Un esprit de concorde d’autant plus précieux que le nouveau président ne disposera pas d’une majorité à la Chambre des députés. Des débats et des alliances seront donc nécessaires pour gouverner.
Il est très difficile aujourd’hui, avec une telle polarisation et de si fortes divisions, de créer des espaces de dialogue et de construire un consensus national, une vision commune de l’Etat. L’Uruguay y est parvenu.
Benjamin Gedan, directeur du programme Amérique latine du Wilson Center
L’ombre de la dictature
Pour beaucoup d’analystes, cette culture du compromis et de la modération plonge ses racines dans le traumatisme de la dictature militaire qui a régné sur le pays de 1973 à 1985. Un régime qui avait été précédé de violences et d’une forte polarisation politique. Des épisodes encore très présents dans les esprits uruguayens.
Depuis, le pays a renoué avec la démocratie et s’est doté d’un système politique bipartisan classique. Deux grands blocs se font face : la coalition de gauche du Frente Amplio, et une alliance des partis de centre et de droite. Un équilibre des forces qui oblige chaque camp à modérer ses propositions et évite les dérives populistes.
Des défis persistent
Mais derrière la vitrine de cette démocratie apaisée, l’Uruguay n’est pas exempt de difficultés. Certains observateurs s’inquiètent même d’une forme d’immobilisme, qui empêcherait de s’attaquer aux problèmes de fond du pays :
- Le retour des inégalités et de la pauvreté, après des années de progrès
- Un déficit public persistant et un secteur public hypertrophié
- Un système éducatif en difficulté
- Une dégradation de la sécurité, avec un taux d’homicides en hausse
Autant de défis auxquels le nouveau gouvernement devra s’atteler, tout en préservant le précieux héritage démocratique uruguayen. Car comme le rappelle l’hebdomadaire The Economist, « la tendance des hommes politiques uruguayens à se comparer » à leurs turbulents voisins « est une concession à la médiocrité. » La vraie mesure du succès serait de se hisser au niveau des démocraties les plus avancées.