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L’unité des gauches, une machine à perdre pour la droite ?

Depuis 12 ans, la droite ne cesse de perdre les élections nationales face à une gauche qui parvient à s'unir malgré ses divisions. Comment expliquer ce phénomène politique ? Quelles en sont les conséquences pour l'avenir ? Analyse d'un schéma qui se répète...

Cela fait maintenant douze ans que les élections nationales françaises se suivent et se ressemblent : à chaque fois, les gauches, pourtant si divisées idéologiquement, parviennent à s’unir pour l’emporter face à une droite qui part en ordre dispersé. Un schéma récurrent qui interroge sur les raisons de cette incapacité chronique de la droite à faire bloc, et sur ses conséquences pour l’avenir politique du pays.

Un résultat qui semblait pourtant évitable

Si l’on regarde les chiffres dans le détail, le résultat des dernières élections législatives n’était en réalité pas joué d’avance. Les différentes composantes de la droite totalisaient 47% des votes au premier tour, contre seulement 27% pour les gauches réunies. Mais ces dernières ont su jouer, une nouvelle fois, la carte de l’union sacrée pour convertir cette position minoritaire en majorité de sièges à l’Assemblée.

L’accord macrono-mélenchoniste, clé de la victoire

C’est l’accord de désistement négocié entre les deux tours par le camp macroniste et la gauche qui a fait pencher la balance. Un accord qui a bénéficié aux candidats de gauche, mais aussi aux députés LR sortants qui se sont vus réélire grâce au soutien inattendu de LREM. Un choix stratégique destiné à faire barrage à l’extrême-droite, mais qui s’avère payant pour affaiblir la droite traditionnelle.

Les Républicains disent qu’ils n’y sont pour rien. Et c’est effectivement l’accord, entre les deux tours, du camp macroniste et de la gauche qui a permis à cette dernière d’obtenir le plus grand nombre de députés.

Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine

La responsabilité des divisions à droite

Mais la droite ne peut s’exonérer de toute responsabilité dans cet échec. Comme à chaque élection, ses différentes composantes n’ont pas réussi à s’entendre pour partir unies et proposer une alternative crédible. Des divisions qui ont sans doute découragé une partie de l’électorat de droite et du centre, qui s’est réfugié dans l’abstention ou le vote disruptif.

Vers un nouveau clivage politique ?

Au-delà des enjeux électoraux immédiats, cette nouvelle victoire des gauches unies aura sans doute des conséquences profondes sur le paysage politique français. Elle acte un peu plus la recomposition entamée en 2017, avec le dépassement du clivage droite/gauche traditionnel au profit d’une nouvelle opposition entre “progressistes” macronistes et mélenchonistes d’un côté, et “nationaux” lepénistes et LR de l’autre.

Un clivage qui semble durablement installer Emmanuel Macron en arbitre incontournable, et Jean-Luc Mélenchon en premier opposant. Au risque de laisser les Républicains et l’extrême-droite se disputer les miettes, et d’installer une Assemblée ingouvernable pour les 5 ans à venir. À moins que la droite, enfin, ne retrouve le chemin de l’unité…

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