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L’Union Européenne Finance une Université Islamique Controversée en Turquie

L'Université islamique des sciences et technologies de Gaziantep, en Turquie, bénéficie des programmes et financements de l'UE malgré ses liens avec le Hamas et les propos polémiques de ses dirigeants. Une situation qui soulève des questions...

L’Union européenne se retrouve une nouvelle fois sous le feu des critiques. En cause cette fois-ci : le financement et l’intégration à plusieurs de ses programmes d’une université islamique turque aux liens troubles avec le Hamas et dont les dirigeants multiplient les déclarations polémiques. Une situation pour le moins paradoxale alors que dans le même temps, Bruxelles sanctionne des universités hongroises jugées trop proches du gouvernement Orban.

L’Université de Gaziantep, partenaire controversé d’Erasmus+

Depuis juin 2022 et jusqu’en 2026, l’Université islamique des sciences et technologies de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, fait partie intégrante du programme d’échanges européen Erasmus+. Ses étudiants et professeurs peuvent ainsi être accueillis dans les universités de l’Union, et vice-versa. En septembre dernier, la Commission européenne accordait même à l’université turque le droit de participer au Corps européen de solidarité, programme de volontariat pour les jeunes.

Une collaboration étonnante quand on sait que quelques semaines plus tôt, le recteur de l’université rendait hommage au « martyr » Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas tué par une frappe israélienne, en ces termes : « Que le seigneur accepte ton martyr… ». Ce même recteur, nommé par le président Erdogan en personne, est connu pour ses multiples déclarations polémiques, affirmant notamment que « l’homosexualité est une maladie » et faisant la promotion des mariages consanguins.

Des liens étroits avec le Hamas et des prises de position anti-israéliennes

Au-delà des propos de son recteur, l’université de Gaziantep affiche ouvertement son soutien au Hamas palestinien, classé comme organisation terroriste par l’Union européenne. En décembre dernier, suite au décès du recteur de l’Université islamique de Gaza lors d’une frappe israélienne, le nouveau recteur de Gaziantep condamnait « le tyrannique, barbare et inhumain génocide commis par Israël ».

Lors d’une récente manifestation anti-israélienne organisée sur le campus, ce dernier lançait même des menaces à peine voilées : « À moins que les habitants de Gaza ne soient en sécurité, ni Israël ni aucune partie du monde ne le seront ». Plusieurs vice-recteurs multiplient également les publications virulentes sur les réseaux sociaux, comparant Israël aux nazis ou à l’État islamique.

Deux poids, deux mesures de la Commission européenne ?

Malgré ces liens plus que troubles et ces prises de position radicales, la Commission européenne ne semble pas y voir d’inconvénient, intégrant allègrement l’université de Gaziantep à ses programmes de mobilité et de financement. Une position pour le moins ambiguë, alors que dans le même temps, 21 universités hongroises se sont vues suspendues du programme Erasmus+ au motif qu’elles seraient administrées par des proches du gouvernement Orban.

En Hongrie, les 21 universités administrées par des fondations liées au gouvernement de Viktor Orban sont exclues jusqu’à nouvel ordre des projets financés dans le cadre des programmes d’échange européens Erasmus et Horizon.

Courrier international, 19 janvier 2023

Malgré les réformes proposées par Budapest pour se mettre en conformité avec les exigences de Bruxelles, la Commission fait la sourde oreille. Le gouvernement hongrois a pourtant demandé un délai supplémentaire pour permettre à ses universités de conclure des contrats Erasmus, en vain.

Une sévérité qui contraste singulièrement avec la mansuétude dont bénéficie l’université islamique de Gaziantep et qui soulève des questions sur la cohérence et l’impartialité de la politique européenne en matière d’enseignement supérieur. Entre lutte affichée contre la radicalisation et complaisance vis-à-vis d’établissements douteux, Bruxelles semble naviguer à vue et appliquer des standards à géométrie variable selon les pays et les enjeux géopolitiques.

Une situation d’autant plus troublante que le « processus d’adhésion » de la Turquie à l’UE est considéré par le Parlement européen comme « l’outil le plus puissant pour promouvoir la convergence avec l’Union ». Quitte à fermer les yeux sur certaines dérives idéologiques ou connexions sulfureuses ? La question mérite en tout cas d’être posée, au moment où l’Europe prétend défendre sur la scène internationale un modèle fondé sur les valeurs démocratiques et la lutte contre l’extrémisme.

Malgré ces liens plus que troubles et ces prises de position radicales, la Commission européenne ne semble pas y voir d’inconvénient, intégrant allègrement l’université de Gaziantep à ses programmes de mobilité et de financement. Une position pour le moins ambiguë, alors que dans le même temps, 21 universités hongroises se sont vues suspendues du programme Erasmus+ au motif qu’elles seraient administrées par des proches du gouvernement Orban.

En Hongrie, les 21 universités administrées par des fondations liées au gouvernement de Viktor Orban sont exclues jusqu’à nouvel ordre des projets financés dans le cadre des programmes d’échange européens Erasmus et Horizon.

Courrier international, 19 janvier 2023

Malgré les réformes proposées par Budapest pour se mettre en conformité avec les exigences de Bruxelles, la Commission fait la sourde oreille. Le gouvernement hongrois a pourtant demandé un délai supplémentaire pour permettre à ses universités de conclure des contrats Erasmus, en vain.

Une sévérité qui contraste singulièrement avec la mansuétude dont bénéficie l’université islamique de Gaziantep et qui soulève des questions sur la cohérence et l’impartialité de la politique européenne en matière d’enseignement supérieur. Entre lutte affichée contre la radicalisation et complaisance vis-à-vis d’établissements douteux, Bruxelles semble naviguer à vue et appliquer des standards à géométrie variable selon les pays et les enjeux géopolitiques.

Une situation d’autant plus troublante que le « processus d’adhésion » de la Turquie à l’UE est considéré par le Parlement européen comme « l’outil le plus puissant pour promouvoir la convergence avec l’Union ». Quitte à fermer les yeux sur certaines dérives idéologiques ou connexions sulfureuses ? La question mérite en tout cas d’être posée, au moment où l’Europe prétend défendre sur la scène internationale un modèle fondé sur les valeurs démocratiques et la lutte contre l’extrémisme.

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