L’Unesco a vivement condamné ce lundi les récentes frappes russes de grande ampleur ayant ciblé le centre historique d’Odessa en Ukraine. Cette ville portuaire emblématique de la mer Noire avait été inscrite en janvier dernier sur la liste du patrimoine mondial en péril par l’organisation onusienne. Les attaques survenues dans la nuit du 15 au 16 novembre auraient endommagé pas moins d’une vingtaine de bâtiments, dont plusieurs monuments historiques et religieux.
Un patrimoine d’une valeur inestimable menacé par la guerre
Fondée au XVème siècle, Odessa est réputée pour son architecture unique mêlant les influences russes, ukrainiennes et méditerranéennes. Son centre-ville regorge de trésors architecturaux, avec ses palais néoclassiques, ses églises orthodoxes et ses immeubles Art nouveau. Autant de témoins d’un passé prestigieux aujourd’hui pris pour cible dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine depuis février 2022.
Selon un premier bilan encore provisoire, les frappes russes auraient touché de plein fouet une vingtaine d’édifices, causant des dégâts importants. Parmi eux figureraient notamment des bâtiments historiques à vocation culturelle ou éducative, mais aussi des lieux de culte. Une situation que déplore l’Unesco, qui appelle toutes les parties à respecter les conventions internationales protégeant le patrimoine en cas de conflit armé.
L’Unesco sur le terrain pour évaluer l’ampleur des dégâts
Dès le lendemain des frappes, une mission d’experts de l’Unesco s’est rendue à Odessa afin de constater l’étendue des dommages. Leur objectif : établir un état des lieux précis et proposer des mesures d’urgence pour sécuriser les bâtiments touchés et éviter de nouvelles destructions. Un travail de fourmi qui s’annonce d’ores et déjà considérable étant donné le nombre de sites affectés.
Ces attaques contre le patrimoine culturel sont une violation du droit international. L’Unesco condamne fermement ces actes et exprime son soutien au peuple ukrainien.
Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Unesco
Au-delà de l’évaluation des dégâts, l’Unesco entend aussi apporter son expertise pour aider à la reconstruction et à la réhabilitation des sites endommagés. Un défi immense qui nécessitera des moyens colossaux et une coopération internationale, alors que la guerre fait toujours rage dans le pays. Mais pour l’organisation, il en va de la préservation d’un patrimoine historique et culturel unique, héritage de toute l’humanité.
La communauté internationale appelée à se mobiliser
Face à cette situation dramatique, l’Unesco en appelle à la responsabilité et à la solidarité de la communauté internationale. Elle exhorte tous les États à se mobiliser pour faire cesser les destructions et œuvrer à la protection des biens culturels, conformément aux principes établis par la Convention de La Haye de 1954. Un appel relayé par de nombreux pays et organisations, choqués par ces attaques délibérées contre le patrimoine.
Odessa est une ville martyre dont l’histoire et le patrimoine sont mis en danger par les bombardements. Nous devons tout faire pour stopper cette folie destructrice.
Un diplomate occidental cité par une source proche des discussions à l’Unesco
Malgré les condamnations et les appels à la raison, le conflit continue malheureusement de faire rage en Ukraine, avec son lot quotidien de victimes civiles et de dévastations. À Odessa comme ailleurs dans le pays, le patrimoine culturel et architectural continue de payer un lourd tribut à cette guerre. Un constat amer pour l’Unesco, déterminée malgré tout à poursuivre son combat pour protéger ces trésors inestimables.
Un avenir incertain pour les joyaux d’Odessa
Inscrite au patrimoine mondial il y a moins d’un an,Odessa voit son avenir s’obscurcir sous les bombes de l’armée russe. Ses bâtiments historiques, qui ont traversé les siècles et les tourments de l’Histoire, sont aujourd’hui menacés de disparition. Une perte irréparable pour l’Ukraine et pour l’humanité tout entière, comme le souligne l’Unesco qui craint de voir s’effacer un pan entier de la mémoire et de l’identité du pays.
Pour les habitants d’Odessa aussi, c’est un désastre qui touche au cœur même de leur ville et de leur vie. Au-delà des dégâts matériels, ce sont des lieux chargés de souvenirs et d’émotions qui sont réduits en poussière. Des places, des monuments, des édifices qui font partie intégrante du paysage urbain et de l’âme de la cité. Autant de blessures qui seront longues à panser, même une fois la paix revenue.
Chaque bâtiment détruit, c’est une part de notre histoire et de notre cœur qui s’envole. Odessa ne sera plus jamais la même après ça.
Irina, habitante du centre historique d’Odessa interviewée par une chaine étrangère
Malgré l’horreur et la désolation, les Odessites gardent pourtant espoir. Espoir qu’un jour prochain, les armes se tairont et que la vie reprendra ses droits dans leur ville meurtrie mais toujours debout. Espoir aussi que grâce à l’aide internationale, les bâtiments endommagés pourront être restaurés et retrouver leur splendeur d’antan. Un défi immense mais crucial pour préserver ce patrimoine exceptionnel.
En attendant des jours meilleurs, Odessa continue de panser ses plaies, sous le regard impuissant et consterné du monde entier. Une ville martyre, victime innocente d’un conflit qui la dépasse et menace de la défigurer à jamais. Mais aussi un symbole de résilience et de courage, porteur d’un message universel de paix et de beauté. C’est tout le sens de l’engagement de l’Unesco à ses côtés.
