À trois jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, une polémique enflamme le landerneau politique français. En cause, les propos de deux députés de La France insoumise, Thomas Portes et Aymeric Caron, visant directement la délégation israélienne. Des déclarations qui font l’unanimité contre eux, de l’extrême droite à l’extrême gauche de l’échiquier politique en passant par la macronie. Mais au-delà de l’indignation, que révèle cette nouvelle sortie de route des Insoumis ?
Thomas Portes allume la mèche
Tout commence samedi lors d’un rassemblement de soutien à la cause palestinienne auquel participe le député LFI de Seine-Saint-Denis Thomas Portes. Devant les militants, l’élu n’y va pas par quatre chemins :
Non, la délégation israélienne n’est pas la bienvenue à Paris. Les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques.
Thomas Portes, député LFI
Des propos chocs, prononcés quelques jours seulement avant le début des Jeux. Thomas Portes appelle ainsi à se saisir de “l’échéance” pour se mobiliser contre l’état hébreu, en guerre dans la bande de Gaza contre le Hamas.
Aymeric Caron en renfort
Loin d’être isolé au sein de LFI, Thomas Portes reçoit rapidement le soutien de son collègue Aymeric Caron. L’ancien journaliste, devenu député de Paris, enfonce le clou :
Le drapeau israélien, entaché du sang des innocents de Gaza, ne devrait pas flotter à Paris cet été.
Aymeric Caron, député LFI
Pour lui, la polémique suscitée par les propos de Thomas Portes est tout simplement “indigne”. Aymeric Caron en profite pour appeler au boycott d’Israël.
Un tollé immédiat
Sans surprise, les déclarations des députés insoumis provoquent un tollé, bien au-delà de la seule communauté juive. Les instances représentatives dénoncent des propos indignes plaçant “une cible dans le dos des athlètes israéliens”.
Même son de cloche du côté du gouvernement. Le ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra condamne fermement, évoquant l’esprit des Jeux olympiques “bafoué”. La délégation israélienne est “évidemment la bienvenue” en France, martèle-t-elle.
À droite aussi, les réactions sont vives. “Propos abjects” pour la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse. “On touche le fond”, s’indigne le président des Républicains Éric Ciotti, dénonçant un “antisémitisme décomplexé” chez LFI. Même Marine Le Pen, pourtant rarement en phase avec la macronie, condamne des “propos scandaleux”.
Un malaise chez les Insoumis ?
Au sein même de La France insoumise, les propos de Thomas Portes et Aymeric Caron suscitent un certain malaise. Plusieurs cadres n’hésitent pas à prendre leurs distances, à l’image de la présidente du groupe à l’Assemblée Mathilde Panot. Sans condamner frontalement ses collègues, elle assure que “tous les athlètes sont évidemment les bienvenus aux JO de Paris”.
Une manière de prendre le contre-pied de l’appel au boycott d’Israël. Mais la nuance est subtile. Au fond, ces propos ne sont-ils pas révélateurs d’un tropisme anti-israélien ancré chez une partie des Insoumis ? La question mérite d’être posée tant LFI semble parfois jouer avec les limites sur ce sujet ultrasensible.
Le sport, une arme politique
Au-delà du cas LFI, cette polémique rappelle combien le sport reste un terrain politique. Les Jeux olympiques ne font pas exception. Boycotts, tensions diplomatiques…l’histoire des JO est jalonnée de crises.
Prôner l’exclusion d’Israël rappelle les heures sombres du massacre de Munich en 1972. Un drame qui a profondément marqué l’olympisme. Depuis, la sécurité des athlètes israéliens est un enjeu majeur à chaque édition des Jeux.
Alors que le monde traverse une période tourmentée, entre guerre en Ukraine et tensions au Moyen-Orient, beaucoup espèrent que l’esprit olympique primera. Mais à quelques jours de la cérémonie d’ouverture, le message de paix et de fraternité semble déjà bien malmené.