Ce jeudi, la Cour de cassation se réunira pour sceller le dernier acte judiciaire d’une histoire hors du commun : celle de Jacques Fesch, guillotiné en octobre 1957 à Paris pour le meurtre d’un agent de police. Son fils Gérard, âgé de moins de 3 ans au moment des faits, demande aujourd’hui la réhabilitation de son père dans une ultime étape judiciaire.
Le destin tragique de Jacques Fesch
Issu d’une très bonne famille mais écrasé par un père peu aimant, Jacques Fesch rêvait d’ailleurs à 27 ans. Manquant de fonds pour acquérir le voilier avec lequel il souhaitait faire le tour du monde, il vole un revolver à son géniteur le 25 février 1954 et tente de braquer un changeur. Pris en chasse par un gardien de la paix, il lui tire dessus et le tue, avant d’être arrêté.
Condamné à mort, Jacques Fesch connaît une profonde conversion spirituelle en prison. À tel point que son aumônier déclarera plus tard :
Il aurait été gracié si sa victime n’avait pas été un agent de police.
– Aumônier de Jacques Fesch
Malgré ses appels à la clémence et son changement, Jacques Fesch est guillotiné le 1er octobre 1957 à 5h29 du matin. Mais loin de mettre un terme à son histoire, son exécution marque le début d’une destinée posthume étonnante.
Le long combat de son fils Gérard
En 1994, Gérard Fesch, le fils du condamné, entame une procédure pour obtenir la réhabilitation de son père. Un parcours judiciaire semé d’embûches qui dure depuis près de 30 ans. Ce jeudi, l’affaire connaîtra son épilogue devant la Cour de cassation, qui étudiera cette demande de réhabilitation hors-norme.
Pour Gérard Fesch, il s’agit de réparer ce qu’il considère comme une injustice et de faire reconnaître la conversion spirituelle de son père. Une quête personnelle devenue au fil des années un véritable combat pour la mémoire de Jacques Fesch.
Une audience historique à la Cour de cassation
L’audience qui se tiendra ce jeudi devant la Cour de cassation s’annonce historique à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle mettra un point final à une procédure judiciaire entamée il y a presque 30 ans. Ensuite parce qu’elle tranchera une demande de réhabilitation tout à fait unique en son genre.
Fait rarissime, l’audience plénière de la chambre criminelle sera filmée pour l’occasion. Signe de l’importance accordée à cette affaire hors-norme qui mêle histoire judiciaire, destin individuel et questions morales.
Jacques Fesch peut-il être réhabilité ?
Au-delà de l’émotion suscitée par ce dossier, la Cour de cassation devra trancher une question juridique complexe. La réhabilitation posthume de Jacques Fesch est-elle possible ? Si la loi permet en théorie une telle procédure, les cas sont extrêmement rares.
Les magistrats devront étudier le dossier sous toutes ses coutures, du parcours de Jacques Fesch à sa conversion spirituelle, en passant par les circonstances du meurtre du gardien de la paix. Une analyse juridique, mais aussi humaine, pour statuer sur cette demande peu commune.
Une décision très attendue
Quel que soit le sens de la décision de la Cour de cassation, celle-ci sera très attendue et commentée. Pour Gérard Fesch, elle sonnera comme l’aboutissement d’un long combat mené pour réhabiliter la mémoire de son père.
Plus largement, cette affaire interroge sur le sens de la peine capitale et sur la possibilité d’une rédemption, même après une condamnation à mort. Le destin singulier de Jacques Fesch, guillotiné puis objet d’une quête de réhabilitation, illustre la complexité de ces questionnements.
Réponse ce jeudi, lorsque la Cour de cassation rendra sa décision très attendue sur ce dossier hors du commun. Une page judiciaire sera tournée, plus de 65 ans après la mort de Jacques Fesch sur l’échafaud.
