Face à un sujet aussi sensible que l’euthanasie, les convictions peuvent vaciller et les cœurs se déchirer. C’est le cas d’Astrid Panosyan, députée Renaissance, qui a confié au Figaro son tourment face au projet de loi sur la fin de vie. Initialement prête à accepter le texte par compassion, elle a vu ses doutes grandir au fil des débats.
Un cheminement personnel bouleversant
Astrid Panosyan reconnaît que sur un sujet aussi intime que la fin de vie, personne ne peut prétendre détenir la vérité. Son cheminement reflète toute la complexité du débat :
Au départ, j’étais prête à envisager d’accepter ce texte dans une démarche compassionnelle pour apporter une réponse aux situations de malades atteints de maladies neurodégénératives incurables, avec un pronostic vital engagé à moyen terme.
– Astrid Panosyan, députée Renaissance
Mais au fil des discussions, ses réserves se sont accrues, notamment sur la possibilité de demander à un tiers d’administrer la dose létale. Un point de rupture éthique pour la députée.
Des amendements qui changent la donne
Ce qui a achevé de convaincre Astrid Panosyan de s’opposer au texte, ce sont les amendements adoptés qui transforment profondément le projet initial :
- L’accès à l’euthanasie élargi et facilité
- Les critères d’éligibilité assouplis
- Le rôle des médecins remis en question
Pour la députée, ces modifications font de l’aide active à mourir non plus une exception mais un choix ordinaire pour les patients en fin de vie. Un changement de paradigme qu’elle ne peut accepter en l’état.
Un risque d’inégalité dans l’accès aux soins
Plus grave encore aux yeux d’Astrid Panosyan, cette nouvelle version du texte risque de créer une inégalité de traitement entre :
- L’aide à mourir, immédiatement disponible
- Les soins palliatifs, dont l’accès reste très insuffisant en France
Un deux poids deux mesures inacceptable pour la députée, qui plaide pour un renforcement massif des moyens alloués à l’accompagnement de la fin de vie.
Un vote en conscience
Malgré la pression, Astrid Panosyan assume son choix de ne pas voter la loi en l’état, au nom de ses convictions profondes. Un vote en conscience rare et courageux, à contre-courant de son groupe politique. Preuve que sur des sujets aussi intimes, les clivages partisans s’effacent devant l’éthique personnelle.
Le combat solitaire mais déterminé de cette députée illustre toute la difficulté à légiférer sur des questions de vie et de mort. Un défi immense pour la représentation nationale, écartelée entre le respect des libertés individuelles et la sauvegarde de principes intangibles. L’issue du vote s’annonce incertaine, mais une chose est sûre : le débat est loin d’être clos.