La tension diplomatique entre le Brésil et le Venezuela atteint des sommets. Le procureur général vénézuélien, Tarek William Saab, a ouvertement accusé le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva d’avoir orchestré un accident domestique pour justifier son absence au sommet des Brics en Russie. Un événement marqué par le veto de Brasilia à l’entrée de Caracas dans l’organisation.
Un Accident Domestique qui Soulève des Interrogations
Officiellement, le président Lula a dû annuler sa participation au sommet des Brics sur avis médical, en raison d’une blessure à l’arrière de la tête causée par un accident à son domicile. Il s’est fait représenter par des membres du ministère des Affaires étrangères. Trois jours plus tard, l’équipe médicale a attesté qu’il était à nouveau apte à travailler.
Mais selon Tarek William Saab, cet incident cache en réalité une mise en scène. D’après des sources proches du Brésil, Lula aurait manipulé ce prétendu accident pour ne pas avoir à assister au sommet, et ainsi perpétrer un veto contre le Venezuela sans confrontation directe. Le procureur dénonce une “tromperie” et un “alibi”.
Des Doutes Étayés par une Vidéo
Pour étayer ses accusations, Tarek William Saab s’appuie sur une vidéo montrant le président Lula “en bonne santé, agissant avec un cynisme total”. On y verrait le dirigeant brésilien “souriant et indemne”, prouvant selon le procureur qu’il a menti au Brésil, aux Brics et au monde entier. Il estime qu’une enquête doit être ouverte sur cette affaire.
Le Venezuela Crie à l'”Agression”
Caracas a vivement réagi au veto brésilien qui a bloqué son entrée dans les Brics, un groupe que le Venezuela voyait comme une opportunité majeure. Dans un communiqué aux mots forts, le gouvernement vénézuélien a qualifié cette décision d'”agression”, de “geste hostile”, “inexplicable et immoral”. Seule nuance, le texte vise le ministère des Affaires étrangères sans s’attaquer frontalement à Lula.
Une “Rupture de Confiance” à l’Origine du Veto
Du côté brésilien, on explique ce veto par une “rupture de confiance”. Celso Amorim, ex-ministre des Affaires étrangères et conseiller de Lula, souligne que le président vénézuélien Nicolas Maduro avait promis à son homologue de publier les procès-verbaux des élections du 28 juillet. Promesse non tenue à ce jour, le Conseil électoral qui a proclamé la victoire de Maduro invoquant un piratage informatique, tandis que l’opposition revendique la victoire.
Entre Chavez et Maduro, une Relation Tendue
Pourtant, Lula a longtemps été un allié historique du Venezuela chaviste. D’abord sous Hugo Chavez, puis dans les premières années de Nicolas Maduro. Mais les relations se sont crispées depuis la dernière présidentielle vénézuélienne, sur fond de tensions autour de la transparence du scrutin.
Au nom de l’amitié entre nos peuples, il est temps que le Venezuela revienne sur le chemin de la démocratie et du dialogue. Le Brésil reste à ses côtés, mais ne peut cautionner des pratiques douteuses.
– Celso Amorim, conseiller du président brésilien Lula da Silva
Selon les analystes, derrière ce nouvel épisode se jouent des enjeux cruciaux pour l’avenir de la gauche latino-américaine. Entre un modèle vénézuélien autoritaire et la voie brésilienne plus modérée, l’unité affichée dans les années 2000 semble aujourd’hui se fissurer. Et le sommet manqué des Brics a fait office de révélateur de ces tensions croissantes.
Un Avenir Incertain pour les Relations Brésil-Venezuela
Alors que Lula tente de redonner au Brésil un rôle de premier plan sur la scène internationale, le dossier vénézuélien s’impose comme un défi majeur. Le président brésilien devra naviguer habilement entre le soutien aux forces démocratiques et la préservation de la stabilité régionale.
De son côté, le Venezuela semble déterminé à ne pas laisser passer ce qu’il considère comme un affront. Les prochaines semaines diront si cette crise est un simple accroc ou le signe d’une rupture durable entre deux géants d’Amérique du Sud aux visions de plus en plus divergentes.