Dans une escalade sans précédent du conflit russo-ukrainien, l’armée ukrainienne a tiré pour la première fois des missiles longue portée Storm Shadow de fabrication britannique contre des cibles militaires en territoire russe. Selon des sources proches du dossier citées par plusieurs médias britanniques, Kiev aurait obtenu le feu vert de Londres pour mener cette frappe d’une nouvelle ampleur.
Le lancement de ces missiles marque un tournant dans l’engagement des alliés occidentaux aux côtés de l’Ukraine. Jusqu’à présent, bien que fournissant une assistance militaire conséquente, les pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis et la France avaient évité d’autoriser l’usage de leurs armes les plus avancées pour des frappes directes en Russie, craignant une escalade incontrôlable du conflit.
Une réponse au déploiement de troupes nord-coréennes ?
D’après le Guardian, la décision britannique d’autoriser l’usage des Storm Shadow en territoire russe serait une réponse directe au déploiement récent de troupes nord-coréennes à la frontière russo-ukrainienne. Cette présence militaire, vue comme une provocat ion par Kiev et ses alliés, aurait poussé Londres à franchir une ligne rouge dans son soutien à l’Ukraine.
Interrogé au Parlement, le ministre britannique de la Défense John Healey a refusé de commenter les “détails opérationnels”, tout en soulignant la détermination de son gouvernement à intensifier son aide à Kiev. Il a indiqué s’être entretenu à ce sujet avec son homologue ukrainien Roustem Oumerov.
Une nouvelle phase dans la guerre ?
Les frappes ukrainiennes en territoire russe ne datent pas d’hier, Kiev ayant déjà visé à plusieurs reprises des dépôts de munitions ou des infrastructures militaires proches de la frontière. Mais l’usage de missiles occidentaux au cœur du territoire de la Fédération de Russie revêt une toute autre dimension politique et stratégique.
Quelques jours avant les tirs des Storm Shadow, l’Ukraine avait déjà franchi un cap en lançant des missiles américains ATACMS contre un site militaire dans la région russe de Briansk, là encore avec l’aval de Washington. Pour Moscou, il s’agit d’une évolution extrêmement préoccupante du conflit.
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la guerre occidentale contre la Russie et nous réagirons en conséquence.
Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères
Poutine brandit la menace nucléaire
En réaction à ces développements, Vladimir Poutine a signé un décret élargissant les possibilités de recours à l’arme nucléaire pour la Russie. Si cette décision relève avant tout de la posture, elle illustre la tension extrême dans laquelle est plongé le conflit ukrainien.
Avec une portée de plus de 250 km, les missiles Storm Shadow permettent à l’Ukraine de frapper en profondeur les lignes russes et de perturber plus efficacement la logistique de Moscou. Reste à savoir si leur usage demeurera limité ou préfigure un engagement occidental plus direct contre la Russie, au risque d’une conflagration aux conséquences incalculables.
Un équilibre géostratégique chamboulé
Au-delà de l’impact immédiat sur le champ de bataille, la fourniture de missiles longue portée à l’Ukraine par ses alliés redistribue les cartes de la géopolitique mondiale. Elle démontre la détermination des Occidentaux à contrer l’expansionnisme russe, quitte à s’approcher d’une confrontation directe.
Moscou, qui s’efforce de rallier à sa cause les pays émergents et le “Sud global”, dénonce une guerre par procuration de l’OTAN. Mais l’unité de façade des BRICS et autres puissances non-alignées pourrait se fissurer si le conflit continue de s’aggraver.
Dans ce grand jeu international, l’Ukraine apparaît à la fois comme un acteur déterminé à défendre sa souveraineté et comme un terrain d’affrontement entre des blocs antagonistes. L’usage des Storm Shadow marque une étape décisive dans cette dangereuse partie d’échecs. Jusqu’où les différents protagonistes sont-ils prêts à aller ? L’avenir nous le dira, mais chaque nouvelle escalade rapproche un peu plus le monde du précipice.